S’il y a bien un truc qui me gonfle dans ce job c’est bien les conseils de classe.
C’est vrai ça, y’en a plein et on y entend toujours les mêmes conneries.
De là à penser que c’est parce qu’on dit toujours les mêmes.
Alors voilà, ça dure entre une heure et une heure et demie, des fois y’en a deux d’affilée, c’est dingue, et donc du coup je rate les Guignols.
Sans compter que pour trouver du pain à une heure pareille, macache.
Pour moi c’est l’époque de la régression, car je deviens le pire des cancres.
Je m’assois très loin du chef, je suis extrêmement discret car je sais que toute intervention rallonge d’autant la durée dudit conseil.
Et je m’occupe comme je peux.
Bon, comme il y a les délégués parents, les délégués élèves, le chef ou la sous-chef, et des collègues, je fais mine de m’intéresser.
Mais je galère.
Ça commence toujours par l’inévitable tour de table où chacun commente l’ambiance de la classe.
En général je balance une phrase toute faite du genre :
— Ben, c’est une classe hétérogène, mais d’un bon niveau grâce à quelques éléments moteurs. Quelques élèves en grandes difficultés mais nous en reparlerons (ouais ben pas moi). Donc un groupe intéressant et une bonne ambiance de travail.
Bon pour les classes chiantes c’est la même phrase mais que je modifie complètement.
Sinon, je laisse parler tous les collègues et lorsque c’est mon tour :
— Pas mieux !
Une fois, un parent d’élèves, vachement motivé, a demandé des détails sur tout : les programmes, les options, les cycles d’enseignement.
Il arrêtait pas, ça a pris des plombes pour lui expliquer.
J’me suis dit : ce soir mon Charly, pour Navarro c’est tintin, c’est direct au pieu !!
Putain, ces parents qui s’intéressent à leurs gamins, j’vous jure, quelle plaie !
Heureusement, lors de certains conseils, y’a Christophe.
Christophe, y présente le même syndrome que moi : le rien-à-péter-grave (phase terminale).
Donc pendant les conseils on fait des batailles navales.
On a élaboré un code, un peu comme du morse, avec les doigts et en se grattant quelque chose.
Le nez, les oreilles, la bouche, les joues, faut juste qu’on soit face à face quoi.
Et quand c’est coulé, on s’gratte aut’chose.
Mais on n’a pas le droit de rigoler.
Moi j’y arrive mais Cricri pas toujours, alors des fois y s’fait gauler.
Et comptez pas sur moi pour le tirer de là.
Parce que j’sais pas vous, mais moi, quand j’me suis fait flingué deux escorteurs et un porte-avions, je l’ai amer.
L’amitié a ses limites.
Le seul truc qui nous excite avec Cricri, c’est quand un prof se lâche sur un élève.
C’est vrai que lorsque un gamin a pourri tous vos cours, qu’il a été grossier, menteur et j’en passe, certains collègues en ont ras le bol des commentaires convenus et à la con et craquent un peu en conseil.
Au début on est surpris, on dresse l’oreille, on compatit, on admire le courageux qui ose enfin dire que le zozo est un fieffé connard.
Alors on acquiesce en secouant la tête, on attend qu’il se lâche bien et ragaillardis par l’héroïsme du collègue, et constatant qu’on prend pas trop de risques quand même, tu parles d’une bande de téméraires, on se lâche aussi.
Putain, j’peux vous dire, c’est pas beau à voir.
C’est bien simple, c’est une véritable boucherie.
J’vous passe les détails du passage à tabac mais j’peux vous dire qu’on l’met minable le gamin.
Et comme on s’est senti pousser des ailes, on le finit à grands coups de lattes dans le caniveau.
Les joies de la lapidation entre amis ou comment animer vos soirées.
Y’a même des collègues qui en perdent leurs bonnes manières et qui font comme qui dirait dans le graveleux.
Dans l’vulgaire quoi, dans l’mesquin.
Je sais c’est dégueulasse.
Mais qu’est-ce que c’est bon !
Et là je vous assure que les collègues retrouvent le sourire, y’a comme un p’tit air de vacances, ça sent le bermuda à fleurs et la tong fraîche.
D’un coup, y’a une vraie cohésion d’ensemble, et on la sent là, l’équipe pédagogique, j’peux vous l’dire.
C’est limite thérapie de groupe ce truc, et pour un peu, on s’rait prêt à louer un bus pour partir tous ensemble en vacances.
Non, déconnons pas quand même.
Alors évidemment, y’en a toujours un pour défendre le zozo.
Un audacieux quoi, un va-t’en-guerre.
Un rebelle.
Alors on se retourne tous vers lui.
Et là j’peux vous dire, y s’met à regretter de pas s’appeler Bernardo.
Parce que chauffé comme on est, on commence à te l’attaquer grave à la serpette, le divergent.
Non mais…
Putain, mais c’est pas vrai !
Le Christophe, y m’a niqué toute ma flottille !
excellent!
c’est tellement vrai! on s’y croirait…
moi je trouve qu’on devrait avoir des poupées à l’effigie des élèves casse-pieds et se défouler sur elles le soir à coups d’aiguilles (ou à coups de latte, pour les moins vicieux). le matin on les verrait arriver plein de tics et de soubresauts, trop de la balle! meuh on peut rigoler, oh la la!…en tout cas ça défoule.
;-)
Quand c’est vraiment très chiant, je croque le portrait des collègues. Mais c’est moins pratique qu’au CA.
Wohlolo ça balance hein :)
Des bizettes
Avantage du lâchage : ça évite de s’endormir ;)
T’as essayé aussi le jeu du mot tiré au sort à replacer ? ;)
bizzz
du vécu du vécu…. nous on a un truc en plus: on mange!!!! (devine grâce à qui…???) et au 3° trimestre, on boit!!!! vivement jeudi!!!
Il y a une baleine qui s’est échouée à l’Anse Marcel !!! Bin quoi, quel annecdote de prof je pourrais raconter moi !!!
Non seulement ça sert à rien un prof de techno et en plus ça n’ en fiche pas une. Si ça se trouve tu es même payé pour cela. Franchement Coluche nous en avait sorti des vertes et des pas mûres sur les fonctionnaires mais toi tu bats tous les raccords. Faut dire que si la fonction de l’ enseignant est que l’ élève dépasse son professeur, avec toi pas de souci!
Bon, je plaisante bien sûr, enfin si peu mais je plaisante quand-même. Hi hi hi.
Tu peux virer mon post s’ il te gêne pour un éventuel avancement.
Je peux le changer complètement aussi si t’ as besoin d’ une rallonge ou d’ une prime en fin de mois. Bien sûr on partage, cela va de soi.
Allé, à +
Moi, dans les conseils de classe, le moment que je préfère, c’est quand les élèves délégués balancent sur les profs. Lui, y va trop vite, pis, lui, il crie tout le temps… z’y vont pas de main morte,les p’tis gars, je vous le dis…Z’ont déjà l’âme syndicaliste !!!
De futurs syndicalistes ??????
Ils sont à « bonne école » non !!!!!!!!!!
En fait le conseil de classe c’est un peu le reflet de la classe : ceux qui lèvent le doigt en permanence, ceux qui la ramènent, ceux qui n’osent rien dire, ceux qui sont cancres sans le vouloir, ceux qui le sont par style … et les petits génies qui sommeillent au fond (ou qui jouent à touché coulé ..) :)
ah Charly, vous êtes un poète…
cela dit, ne confondez pas Navarro d’Hanin et navarin d’agneau
Un sex performer veteran, c’est exactement ce dont j’ai besoin, je suis veterane !!! Merci Charly pour la commande spéciale.
un air de club Med
Je pense que je « m’emmerderais » moins en conseil de classe si j’étais à côté de vous… moi en conseil, j’attends que mes trois pelés d’élèves se présentent… bien vu le « défouloir » sur l’élève chieur qui soude « l’équipe pédagogique ». Il faudrait donner l’adresse de votre blog à Darcos, il aimerait sûrement cette fraîcheur qui caractérise votre vision de l’école…
Tellement vrai!!!
C’est ça!! C’est exactement ça!! Sauf que je suis tellement bavarde que j’ai toujours un truc à dire mais j’ai des collègues qui me chuchotenet à al fin : Qu’est-ce que tu crois que ta remarque a apporté, là?
Nous on avait mis en route le jeu du « je place un mot complètement débile le plus naturellement du monde, et on compte le nombre de fois où on a réussi à le placer ». Ça a fait criser un prof principal une fois. Faut dire que c’était coton de loger les mots « gazinière » ou « rôti de veau » pendant les conseils. Mais ça fait bien passer le temps. (Guillaume et Bruno, si vous lisez ça, je reviens bientôt).
Vécu
Bonjour, Charly !
Super ce blog.
L’ancienne prof que je suis a eu envie de réagir après ces longues semaines de lecture silencieuse. Là, j’lève le doigt : « M’sieur, m’sieur, c’est comme quand j’étais prof, moi aussi……. ».
Et voilà mon expérience. En conseil de classe, alors que j’expérimentais ma nouvelle technique de sommeil les yeux ouverts, un silence et la sentation d’être observée me réveillent finalement complètement. Le directeur insiste : « Alors, votre commentaire ». Je réponds donc, du tac au tac : « Je n’ajouterai rien à ce qu’a dit mon collègue ». Temps mort, deux longues et interminables secondes… et j’ajoute « Heu… de qui on parle, là ??? »… Hilarité générale…
Et encore
C’est marrant comme ce blog me plonge dans une espèce de nostalgie qui occupe complètement mon cerveau… Merci à son lyrique auteur !
Je me suis donc rappelé cet autre conseil de classe, au moment de parler d’un élève beau, mais alors beau ! Un piège à minettes ! Mais dans son cerveau, il ne semblait pas se passer grand chose, voir même carrément rien…
Mon commentaire m’a valu des leçons sur le politiquement correct. Ben voui, j’ai dit : « Elève peu lumineux mais très décoratif » !
Pour le prochain conseil, innovez: penchez plutôt pour un pendu. Ca fera sensation.
1er trimestre : c’est une classe hétérogène mais d’un bon niveau quelques élèves moteurs et d’autres en grandes difficultés et quelques perturbateurs » traduisez « y a de tout des bons, des moins bons et des cons, le tout est de savoir en quelles proportions »
2ième trimestre classe agréable d’un bon niveau — 2 élèves posent problèmes » il faut traduire «nous cernons mieux la classe. Les cons prennent le dessus. Nous disons 2 élèves à la traîne mais pour tout dire ce sont les plus c-— s »
3ième trimestre « le niveau est correcte mais il y a un relâchement au niveau du travail — 5 élèves posent problèmes »
… Vous devinez pourquoi on a mis là les grandes vacances…. !!!! Pour le salut des profs ou celui des élèves ?….
On a pas tous les même activités pendant les conseils, nous le deal c’est caser un mot pendant le conseil et le plus de fois possible. Résultat garantit = tronche du proviseur lorsque qu’il se rend compte que le mot ornitorinque est cité plus de 27 fois en 1h30!