Bourzig se met en quatre

Il s’en passe des choses en 6e4.

Figure-toi cher lecteur que Bourzig s’est pété les deux bras.

Oui, Bourzig est arrivé en classe les bras tout pétés.

Et du coup, tandis que Bourzig se posait, une question en fit autant : mais comment Bourzig s’y prend-il pour nous étonner chaque jour un peu plus ????

En fait, c’est assez simple.

Bourzig obtint son premier bris en présence de Fanny et Amina, auxquelles il expliquait le fonctionnement du deltaplane, sautant d’un cerisier du coin pour simuler l’envol majestueux de l’aéronef.

Mais hélas sans deltaplane, une erreur de jeunesse sans doute, ceci expliquant cela.

Le deuxième bris lui fut octroyé sans témoin, dans l’entrepôt familial, où Bourzig se mélangea les espingouins sur des poireaux épars et rampants, et belliqueux, car il faut le savoir, le poireau peut être velléitaire.
Et se péta le bras restant, alors qu’il tentait assez intuitivement dois-je dire, de s’en servir comme amortisseur à la place du nez.
Mais hélas, celui-ci péta sous la charge, le nez finissant quant à lui, dans un très bel ensemble de boutures diverses et quelques chrysanthèmes en attente de stèle, où son boutonneux appendice ne déparait pas.

Après avoir subi la branlée d’usage lorsqu’un gamin se casse la gueule, car tu le sais cher lecteur, les gamins tombent rien que pour nous faire chier, Bourzig investit dare-dare les urgences de la clinique locale flanqué de ses père et mère, et devint assez rapidement la mascotte du service chirurgie, le personnel soignant ayant du mal à se départir de hoquets intempestifs liés à des fous rires difficilement contenus, un humour de salle de soin plutôt bon enfant, mais assez trivial dirons-nous, bien que débonnaire et de bon aloi, ce qui ne fut pas sans conséquences sur la mortalité du jour.

Et j’eus une pensée émue pour sa maman.
Une maman Bourzig certainement catastrophée, car bien que sachant son rejeton peu à l’aise des mains, découvrait qu’il n’en était pas pour autant plus dégourdi des pieds.

Quant à nous, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que Bourzig avait des bras.
(Eh oui, c’est aussi comme ça avec les êtres chers, c’est souvent lorsqu’ils s’en vont, qu’on s’aperçoit qu’ils étaient là.)

Je remerciai en mon for intérieur Dame Nature de nous avoir dotés de membres en double exemplaire, mais constatai hélas, que pour Bourzig, ce n’était pas suffisant.

Oh bien sûr, Bourzig subit quelques moquades, mais à dire vrai, il devint surtout une star.

Oui cher lecteur, ce matin-là, a star is morne.

C’est donc cimenté de frais que mon fêlé des radius, Bourzig 1er, expérimentait sa nouvelle vie de concassé du cubitus, entouré de sa cour. Trapugne affecté aux opérations de portage (de cartable), Brizouille dégageant la voie, et Fanny aux écritures, car mon fracassé des avants-bras ne pouvant plus écrire, se trouva conséquemment analphabète des mains.

Je dois à l’honnêteté de dire que sa production en fut peu affectée, Bourzig n’étant pas du genre à barbouiller d’inepties ses cahiers de collégien, à tartiner plus qu’il n’en faut, c’est-à-dire pas du tout, ses feuilles immaculées du substrat de nos matières.
Ainsi, pendant dix jours, la gloire dessina ses lauriers au-dessus de Cesar Ruptus Cubitus, son épopée devint notoire au réfectoire, et lui, prioritaire aux sanitaires, ou l’inverse, sais plus. Et l’objet de toutes les attentions de la part des filles, qui comme tu le sais cher lecteur, ont de naissance le gène infirmier.

Fanny surtout, très émue, ne fut pas insensible à l’aura nouvelle du bétonné du jour, car ce dernier avait su ajouter à sa galanterie, le charme discret de sa cimenterie.

Ainsi donc Bourzig glandait des bras, bras qu’il s’était employé à préserver des aléas de l’action, à conserver en parfait état, tout neufs, intacts, laissant entrevoir l’épitaphe de sa tombe future : « Ci-gît Bourzig, ancien de 6e4, passé de vie à trépas, la gueule fatiguée, mais les bras tout neufs »

Car il faut bien noter que Bourzig respecta scrupuleusement sa prescription médicale de ne surtout rien faire, et à plusieurs reprises il rappela que c’est fort de l’aval de la médecine, qu’il pratiquait la glandouille comme thérapie.

Et c’est ainsi que tout alla pour le mieux, Bourzig vivant intensément ses deux semaines d’assistanat, jusqu’au jour où je posai la question qui le déposa :
— Hé bé, et tu fais comment pour faire pipi ???

Question essentielle s’il en est, la seule qui me vint à l’esprit, mais je suis un esprit si simple cher lecteur.

Ma question sonna le glas de la star, et il chuta lourdement, une troisième fois, mais de son trône ce coup-ci, baissa la tête confusément, ne pouvant révéler que c’était maman qui s’y collait.
Je mesurai l’humiliation de mon interrogation, mais ne pus m’empêcher, et ne fus pas le seul, à imaginer le cocasse de la scène. Les filles de la classe emboitèrent mon pas, et en gloussèrent, puis en pouffèrent, et pour finir, s’esclaffèrent, car tu le sais cher lecteur, les filles ont de naissance le gène moqueur.

Ainsi donc maman Bourzig se livrait au déboutonnage de braguette afin que le Casanova des 6e4 s’adonnât au pissou.

Et je dois confesser cher lecteur, que je regrette Ô combien ma question, qui se voulait seulement indiscrète mais non méchante, et je ne te cache pas que c’est empli d’émotion, de poser des questions aussi cons, que je vis rougir au loin mon bel emplâtré.

Depuis, Bourzig est rétabli, radius et cubitus ont retrouvé une certaine unité, la vie a repris son cours et les cours leur vie, mais je crains que ces chutes à répétition de mon « pas dégourdi des pieds », mettent un terme à ses rêves de zidaneries.

44 réflexions sur "Bourzig se met en quatre"

  1. Magnifique !
    Emouvant et finalement tragique : la fin du rêve !
    N’est pas Zidane qui veut :-(
    Bravo pour le texte

  2. J’avoue que je m’étais moi-même posée la question un peu plus haut dans la note (bah voui, esprit simple moi aussi quoi), puisqu’il était prioritaire aux sanitaires et que je doutais fort que Fanny aille l’aider là-bas… alors comment ?

    C’est arrivé l’an passé au conseiller péda d’EPS, mauvaise chute de vélo par dessus le guidon, et pendant tout son arrêt maladie j’ai pensé au quotidien et… à sa femme. Parce qu’il n’y a pas que le pipi, dans la vie.
    (Triviale ? ben ouais, esprit simple je t’ai dit !)

  3. y’a pas que pour aller aux toilettes, qu’il devait avoir des problèmes. Pour prendre sa douche ? Pour faire ces devoirs ?

    Pauvre gamin. Dame Nature aurait dû nous doter d’un troisième membre rétractable de secours. On aurait pu inventer pleins de nouveaux sports, de cette façon.

  4. Il s’en fout Bourzig… Il a eu ses deux semaines de gloire et le trophée qui va bien avec : le plâtre qui sera conservé précieusement, orné des « j’te kif tro grav' » de toutes les filles de la classe !

  5. Pauv’Bourzig!
    J’allais te proposer de lui décorer son, pardon, ses plâtres façon « collage de serviettes », Lol!
    Mais il est déjà guéri, Ouf!

  6. excellent, comme d’habitude !

    marine :

    « Dame Nature aurait dû nous doter d’un troisième membre rétractable »

    c’est fait, et bien fait. rétractable par temps froid, pour diminuer la surface à chauffer, et donc faire des économies d’énergie.

  7. super post !! Pauvre bourzig tout de meme! se casser les deux bras! Mais ses mésaventures sont tellement bien racontées qu’on ne peut s’empecher … de rire! Bon d’un autre coté il s’est pris pour César, pardon Bourzig 1er pdt 15jrs (mais ça ne devait pas trop changer de d’habitude si? l’assistanat en moins peut etre (si on ne compte pas les punitions écrites par les demoiselles?) lol

  8. J’y avais pensé aussi quand tu as parlé de priorité aux toilettes, mais il n’y a pas que ça… Tout simplement s’habiller se déshabiller en général, manger.

    Autre question : comment portait-il ses pulls ? Son manteau ?

  9. unbelibebeule

    je n’arrive pas à comprendre comment un papier posté sur un blog peut me faire autant rire!!!
    c’est incroyable, à chaque fois, ça marche, me voilà, retenant des larmes planquée derrière mon écran, car comme tout bon fonctionnaire, je lis les blogs au taf, pouffant délicatement à chaque aventure de Bourzigue et Trapugne!
    merci d’exister cher professeur, vous etes le prozac des hotes de ces pages!

  10. terrible

    Ah ben je ne commente pas souvent mais pour le coup, je suis morte de rire ( d’autant plus que c’est bel et bien la première question que je me suis posé et à laquelle je ne pensais pas ici trouver la réponse ! ) J’aime bien cette manière d’écrire, style fable.
    En tout cas c’est très imagé, on pourrait presque en faire une bd …
    merci donc pour le fou-rire !

  11. Redoublement…

    … de toute façon Bourzigue il n’a pas besoin de prendre des notes en cours vue qu’il en est à sa troisième 4ème (vous me suivez ???)…

  12. Toujours aussi bien écrit, et je note un emploi de l’imparfait du subjonctif plus que jubilatoire:
    « Ainsi donc maman Bourzig se livrait au déboutonnage de braguette afin que le Casanova des 6e4 s’adonnât au pissou. »

    C’est beau… on dirait du Pagnol !

  13. Comment fais-tu pour écrire, trouver des trucs pareils ! Je suis scotchée, tu es trop fort et en même temps je suis bidonnée devant mon écran !
    Charly … c’est dingue ! C’est excellent ! J’adore  » tandis que Bourzig se posait, une question en fit autant  » mais aussi  » Je remerciai en mon for intérieur Dame Nature de nous avoir dotés de membres en double exemplaire  » qui me laisse … plus rêveuse ! Hi hi !
    Je suis une fille au gène mal placé pour ma part !
    Bisette Charly ! ;-)

  14. Comme ça, il ne sera pas qu’un bras cassé au sens figuré, mais deux au sens propre! Pauvre Bourzig, adieu bras valides, rêves de zidanerie et passage en 5ème manifestement…
    De véritables bonheurs de styles, comme d’habitude, dans ce post!
    Merci!
    PS Qu’as-tu inscrit sur les plâtres de Bourzig?!!

  15. fameux

    « Une erreur de jeunesse sans doute », merci à toi Charly et ce pauvre Bourzig de me faire rire alors que j’ai encore la tête dans le pâté ce matin…

  16. les bras m’en tombent

    cette mésaventure bourziguesque est arrivée à une adulte, pas en faisant l’avion, juste bête chute(comme s’il y avait des chutes intelligentes)…c’est moins drôle sur un adulte et de plus l’adulte goûte peu les blagues tentantes du style « on va discuter le bout de bras », »qu’est ce que c’est que cette bande de bras cassés », « les bras m’en tombent! »
    suis carrément accro à ton blog qui me ferait presque regretter d’avoir raté (çà date…) le concours d’entrée à l’école normale.
    merci

  17. Pauvre Bourzig.

    « Ainsi donc maman Bourzig se livrait au déboutonnage de braguette afin que le Casanova des 6e4 s’adonnât au pissou. », en effet, c’est beau comme du Pagnol.

    D’ailleurs, la présence d’une Fanny confirme la pagnolesquerie des aventures de Bourzig, Trapugne et tous leurs amis. J’attends la suite avec moult trépigneries d’impatience !

  18. Qu’est-ce qu’il attend Bourzig pour reprendre l’entraînement ?… son puzzle est reconstitué maintenant?
    Puis si c’est pas des zidaneries qu’il nous fait, ce sera des Bourzigueries.
    Allez !… au pas de course ! mais attention aux taupinières !

  19. Dis, Charly, à présent, va falloir surveiller ton langage…ce genre de narration…je ne sais pas si ça va passer du côté de la rue de Grenelle…

  20. Le plus marrant c’est que des avocats se proposent pour défendre ta cause au cas ou que tu aurais des ennuis avec tes réflexion déplacées sur comment kilfédonc pour vider sa vessie ce cher Bourzig ..

  21. oui…

    Quel humour ! .. j’espère surtout que la famille Bourzig habite loin de chez moi… car tel père, tel fils… ou telle mère , telle fille, bien…

  22. Tout ça c’est du premier choix^^…
    Félicitations pour l’ensemble de votre œuvre bloguesque. Allez-vous un jour la publier sur du papier?

  23. Chers collègues et estimés lecteurs de ce blog, pédagogues pratiquants, croyants et non pratiquants, ou simple sympathisants, je vous propose d’arpenter le pavé numérique, de tendre vos bannières bien haut, et de réaliser une manif virtuelle et potache. Je vous propose donc de copier un petit visuel du nom de « Dark OS » sur mon humble blog ( un p’tit clic droit et enregistrer sous ) et de le poster demain, jour de revendications et de raviolis à la cantine, sur votre blog afin de défiler ensemble dans les réseaux webesques.

    Parlez en autour de vous, ça serait tout de même bien fendard de trouver demain sur les blogs de profs un signe de ralliement. A vous de voir …

    (je vous prie de m’excuser pour ce harcèlemnt à la limite du spam, ainsi que de l’emploi du vulgaire copié/collé, mais j’essaie de contacter le plus grand nombre d’entre vous…)

  24. rare

    charly serait il amoureux ? le voilà qui se fait bien rare sur son blog… rare mais toujours excellent! et nous on est là comme des gamins à dire « allez tonton charly, encore une autre histoire! »s’il te plait, REVIENS, on t’attend nous…

  25. mobilisation du 25 novembre

    Je pense que ça peut vous intéresser.

    http://www.la-mobilisation-enseignante.com/

    Merci de faire circuler au plus vite ce message aux personnes concernées

    ATTENTION! Ce message s’adresse à tous les enseignants de France:

    — instituteurs,
    — professeurs des écoles,
    — professeurs du secondaire,
    — directeurs d’écoles,
    — maîtres spécialisés,
    — psychologues scolaires,
    — conseillers pédagogiques,
    — inspecteurs,
    — titulaires remplaçants,

    etc…

    A TOUS LES ACTEURS DE L’EDUCATION NATIONALE !

    Depuis quelques temps, nous assistons à une restructuration de notre école publique qui n’est ni expliquée, ni accompagnée, encore moins négociée par notre employeur Education Nationale !

    Depuis trop longtemps, nous subissons une dégradation continue de nos conditions de travail !

    Et maintenant, nous devons faire face en plus au mépris grandissant du Ministère !

    Beaucoup de collègues se sentent abandonnés et constatent que la dernière grève a permis à l’Etat d’encaisser près de 50.000.000,00 d’euros : cela est cher payé pour quelques minutes de pub sur le SMA au journal télévisé !

    Lisez bien ce qui suit…

    UN MOUVEMENT DE PROTESTATION DE TRES GRANDE AMPLEUR VA PERMETTRE DE NOUS FAIRE ENTENDRE ENFIN SERIEUSEMENT PAR LES MEDIAS ET PAR LE MINISTRE !

    LE LUNDI 24 NOVEMBRE NOUS TOUS,

    enseignants des 60 000 écoles des 7000 collèges et des 2500 lycées (soit près de 1 000 000 de personnes) enverrons chacun simultanément au Ministère de l’Education Nationale une dizaine de courriers (SOIT plusieurs millions d’envois!!!! )
    pour revendiquer le droit de ne plus être méprisés !

    Vous trouverez la procédure à suivre ci-dessous

    IL S’AGIT D’UN MOUVEMENT SANS PRECEDENT ANONYME & EFFICACE !

    Coût d’une grève pour un enseignant 100 euros

    Coût de cette action 5 euros …………………….

    Faites circuler ce mail à tous les enseignants de vos listes de contacts à toutes vos connaissances, enseignants du primaire et du secondaire

  26. Youhou!! ya kelkun?

    est-ce ke charly est en grève? ou déjà en train de fêter nœl? Mais où est charly? (derrière l’éléphant peut-etre? :-)) enfin bref je m’inquiete donne nous vite des news!! bisous

  27. Keskifou

    C’est vrai ça keskifou, il est où ??…
    Charly croit qu’on va faire tourner son blog gratos sans rien faire ?… on est en période de crise mais tout de même !
    La bande à Bourzig n’est pas en grève de glandage que je sache !?
    Hop! hop! hop! au boulot!

  28. Charly manque à l’appel

    Alors, plus de potins chez les 6è4 ?

    Le blog de Charly, c’est comme une cigarette, tu y goûte et tu t’arrête plus… Et moins tu en as, plus ça t’énerve !

    A bon lecteur…

  29. Le Bourzig

    Le « Bourzig » s’est présenté « en quatre » le quatre novembre (pour mon anniversaire), et j’ai lu ce texte en rigolant (comme d’habitude)…mais oh lala, ça fait déjà bientôt un mois que de Bourzig des nouvelles on n’a pas…Charly aurait il lui aussi les mains dans le plâtre ?

  30. Je découvre ce blog et ce post qui m’a fait vraiment beaucoup beaucoup rire..’Bourzig s’est pété les deux bras’…c’est peut etre un peu horrible, mais je ris, je ris!

  31. Et le poil ?

    Article très bien écrit (comme d’habitude), avec cependant une terrible omission : qu’est-il advenu du poil qui, normalement, devrait se trouver au bout de chacun des bras brisés ?

  32. Bourzig boulet d’or?

    Dans mon collège il y aura dans trois semaines à la salle des profs la discrète cérémonie des « boulets 2008 » avec élection des boulets d’or, d’argent et de bronze :D Cette année il y a du très haut niveau, les nominés se sont démenés et le jury aura beaucoup de mal à faire un choix.

    Mais quand je lis cet article je me dis qu’il faudrait créer une catégorie « boulets étrangers » comme les films étrangers à Cannes, et je pense que ton chenapan pourrait être le premier lauréat :D

    Excellent article en tout, j’ai bien ri en le lisant, continue comme ça et @ bientôt sûrement cher collègue prof et blogueur…

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