
Partie 1 : le début
Je savais que cette sortie au pont du Gard était prévue, qu’elle avait lieu un jeudi, que les 6e4 en étaient, ainsi qu’une autre classe, et que je ne n’y couperais pas.
J’ai bien essayé de ruser, de mentir, de prétexter, de tousser, de boiter, mais quand la principale adjointe m’a fait son plus beau sourire, j’en ai accepté l’augure, d’autant qu’en fait, elle ne m’a pas laissé le choix.
Les sorties en bus avec une cinquantaine de gosses, en général j’évite. Mais Isabelle, en tant que prof d’histoire étant de la fête, je vis là une opportunité de défricher le long chemin qui mène à ses charmes. Bien que je découvris assez vite, qu’elle me proposait un raccourci.
Le pont du Gard, enfant déjà, j’y eus droit, car c’est un rituel dans le coin. Pont du Gard et moulin d’Alphonse Daudet forment les fondamentaux des sorties scolaires locales, les incontournables du cursus indigène, le pèlerinage historico-littéraire de l’élève autochtone. Alors le pont du Gard est devenu un peu ma résidence secondaire, et je suis à chaque fois ébloui. Et j’avoue une vraie tendresse pour ces travaux d’Hercule faits par des romains et sous-traités à des gaulois, main d’œuvre locale nombreuse et peu coûteuse, ces gaulois, mes aïeux, papi mamie, snif.
Dans ce genre de sortie, j’ai le rôle d’accompagnant, et c’est tant mieux, alors je laisse les collègues armés de leurs outils pédagogiques ferrailler avec la ribambelle, tout en fichant une paix royale à ma quiétude républicaine.
Chargé à l’issue du briefing de faire régner un semblant d’ordre scolaire au fond du bus, je me vautrai au centre de l’ultime banquette, immergé en 6e4, mon petit sac à la main, empli de quelques cochonnailles pour le casse-croûte et de Corona, que j’avais pris soin de dissimuler dans un thermos, et que je fis passer pour du jus de pomme auprès de mes 6e4, intrigués qu’ils étaient par la clarté de mon café.
Nous devisâmes longuement avec les moufiots sur les assortiments de chewing-gum qu’ils avaient embarqués, et je tastai avec le plus grand sérieux leurs échantillons, commentant et notant, ce qui provoquait soit des enchantements, soit de terribles déceptions.
Le bus a sur moi un effet anesthésiant assez gênant. De plus, étant installé au fond, je me sens un peu comme ces bébés qui rechignent à s’endormir, et que l’on installe tard le soir sur leur siège, à l’arrière de la voiture, avant de tourner dans le quartier afin qu’ils s’assoupissent, bercés par la houle automobile, tandis que le bruit du moteur, agissant comme une berceuse, finit de les anéantir.
Il y a du bébé en moi, et je ressens aussi cette douce quiétude de fond de bus, alors je laisse le sommeil m’envahir, sommeil dont j’impose la qualité par quelques injonctions de silence relatif à destination des 6e4, qui s’exécutent sur le champ, qu’est-ce que je suis vache quand même.
C’est Isabelle qui mit fin à mes rêveries :
— Mais je vois qu’on assume pleinement ses fonctions d’accompagnant !!!
— Ben oui, on est bientôt arrivés ??
— Oui, on passe à Bagnols sur Cèze, tu connais ??
Tu parles que je connais, j’y ai vécu quelques années.
Ah !!! Les souvenirs de brochettes chez Émilio, de trop de rosé aussi, la Roque sur Cèze, ce petit resto italien, hé oui. Mais les souvenirs aussi de quelques départs en urgence du logis de ces dames. Car comme toujours, le premier soir, du fait de mon charme exquis, elles veulent toutes m’épouser, mais le deuxième, en général, ça se gâte. C’est ainsi qu’en raison de ma goujaterie légendaire, elles me coursent dans tout l’appart avec des ustensiles de cuisine dont elles détournent l’usage, pour m’étriper, malines qu’elles sont, une vraie manie.
Si vous saviez le nombre de balcons qui m’ont sauvé la vie, il faudra bien qu’un jour je leur rende hommage.
Enfin bref, j’ai estimé qu’il valait mieux ne pas se montrer à la fenêtre du bus.
À suivre…
Je suis allée voir le pont du Gard il y a peu. Mon voyage sudiste du collège n’avait pas prévu cette étape à l’époque. Il y a quelques semaines j’ai fais une séance de rattrapage! Souvenir photo:
http://img231.imageshack.us/img231/9784/fvrier2008346dc0.jpg
Hate de lire la suite! ;)
« Pont du Gard et moulin d’Alphonse Daudet forment les fondamentaux des sorties scolaires locales »
Nous, c’est plus gai, on va à Oradour-sur-Glane (t’vois le genre ? à part Verdun, je connais pas plus bidonnant…)
La Corona dans le thermos, pas mal, lorsque dans ma prime jeunesse, j’allais visiter l’incontournable château de Versailles avec des profs sans nul doute atteints de TOC (parce que répéter dix fois par minute « ne touchez à rien, ne vous asseyez pas sur les fauteuils et ne mettez pas vos doigts sur les tableaux », c’est pas un comportement très sain, non?), ils oubliaient leur sinistre condition à coup d’irish coffee (plus irish que coffee, du reste).
Poursuivis à coup d’ustensiles de cuisine? Il y a donc tant de personnes qui ont ça chez elles?!
(va peut être falloir que je m’équipe!)
quel aventurier!
bon bein je salue le sudiste (nimois, uzès?) !!
le prochaine fois emmenez les enfants au musée haribo… :)
Sorties région Parisienne !!
A mon époque c’était plutôt les chateaux de la Loire. Super jolis certe mais chiant quand on a que 11 ans. Et puis cela permettait de se retrouver avec les copains et copines pendant 3 jours pour bien déconner !!! Alors résultat des courses il en reste de bons souvenirs !!!
Vivement la suite du récit…
et moi, c’était Alésia et la statue de Vercingétorix. Beaucoup moins de charme que le pont du Gard.
« Le pont du Gard »: des reminiscences s’insinuent en moi à la lecture de ces quelques mots… Traces d’une enfance sudesque (!) ô combien mirfique.
Pauvre instit exilée, nichée en banlieue parisienne…
Vite qu’un heureux volatile nommée mutation vienne me serrer entre ses serres afin de me rendre à mon pays…
Afin de perpétuer la sempiternelle et traditionnelle excursion au Pont du Gard…
han
Encore ue histoire de fesses dissimulée sous une sortie scolaire… cache toi oui cache toi!!!!
que de souvenirs
Ha le pont du Gard. Pour une sudiste pure et dure et qui a été mutée dans le 93. Enfin une sortie qui sent le bon moment….Avec des surprises, du suspens et du sexe!!!!!!Au moins c’est le cadre est joli. Mes élèves,je leur ai dit qu’on allait à Versailles voilà leur réponse »ben on va faire quoi on va quand même pas trainer avec les vaches wesh… ». Vivement la suite…..
Je reviens de Provence (et oui les vacances en mars c’est aussi sympa).
J’ai « fait » le Moulin de Daudet.
Pas un visiteur à part nous, c’est sympa aussi.
Et quand on a voulu aller voir le Pont du Gard, qu’on a vu qu’il fallait payer 5 euros de parking, qu’il était 17 h 30, et que donc on n’allait pas pouvoir y passer des heures et que depuis le début de nos vacances on était raquettés à coup de 3 euros pour des parkings pour aller voir le moindre petit village, qu’on avait plombé notre budget sortie rien qu’en parkinge … on a fait demi-tour …
C’est pô bien, mais bon, s’il faut une accompagnatrice pour un prochain voyage au Pont, tu peux me demander :-)
Ah voui bien sûr, le Pont du Gard et la Roque sur Cèze sont les incontournables pittoresqueries à visiter en ces hauts lieux garriguesques. Bah, c’ est toute mon enfance que tu décris là. Mes parents m’ y amenaient régulièrement comme en pélerinage, comme d’ autres escaladent une roche moi j’ escaladais les rochers glissants de la Roque sur Cèze qui maintenant sont rendus inaccessibles depuis que les touristes s’ y noient pas paquets de 10 et encore plus depuis qu’ un pompier y a laissé sa vie pour aller y rechercher quelque malheureux grand-père qui lui même avait voulu repêché sa malheureuse petite fille. Depuis cette macabre histoire le maire rendu responsable de ce site a dû employer des moyens drastiques pour réprimer les ardeurs des curieux, donc cela te fera une bonne nouvelle, il ne te reste plus que le Pont du Gard a assumer en partie éducative technologique, franchement t’ as de quoi faire!
Bisous
Didier Six
J’ai loupé les 6 parties, je vais tout lire d’un coup. Je suis un fou, moi…
Dis-donc c’est pas mal comme sortie, le pont du Gard ! Ce n’est pas vraiment mon coin ( au moins 900 bornes de chez moi ), nous c’était la journée en Angleterre . Le problème, c’est qu’on parlait presque mieux que nos profs & nous étions déjà assez mauvais… :-))) Ah chers profs, on les préfère toujours quand on ne les voit plus !