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Pro-tartes ou anti-tartes ???

Mardi à la cantine, les collègues ont parlé du prof qu’a donné une claque à un élève et qu’a eu des ennuis pour ça. Donc gros débat sur les tartes, les coups de pied au cul, l’efficacité pédagogique, le non-dit, les différentes techniques, etc.

Et c’est Corinne qui nous a interpellés avec Cricri pendant qu’on essayait d’écrire nos noms avec la purée.
— Et ces messieurs, pro-tartes ou anti-tartes ???

Bon moi les tartes c’est pas trop mon truc, c’est vrai, j’ai pas le réflexe. C’est con vous me direz, mais c’est comme ça. Non, par contre, moi, j’ai plutôt le réflexe coup de pied au cul. À chacun sa spécialité. Mais j’en donne pas pour autant.

Alors vous me direz, pourquoi un coup de pied au cul plutôt qu’une tarte ???
Et bien parce que j’ai reçu une formation intensive étant jeune, une formation essentiellement pratique d’ailleurs, je le regrette, un peu de théorie ça fait jamais de mal, en tout cas moins que la pratique, donc j’aurais préféré, et ensuite, pasque pédagogiquement c’est aussi très efficace, ça fonctionne un peu sur le principe du réflexe conditionné de Pavlov. Ainsi, moi qui vous parle (qui vous écrit, ouais ça va), bien des années après, et bien chaque fois que je vois un carreau cassé, je mets mes mains aux fesses et je pars en courant vers l’infini. Pasque lorsque j’étais moufiot, j’étais un spécialiste du bris de vitre et du coup de pied au cul associé. Et donc dans mon esprit, y’a comme une association d’idées : carreau cassé, fesses serrés. Comme une sorte de madeleine de Proust en fait, mais une sans sucre, et qu’on aurait trop cuite, avec un p’tit arrière goût de salsifi voyez, sympa quoi.

Et pis bon, je cassais pas des petites vitres, ça j’peux vous dire. Bon, à l’occasion, je faisais aussi le soupirail, la lucarne, mais quand même, mon truc, c’était plutôt les vitres genre verrières voyez, les baies aussi, enfin, tout ce qui est à base de verre et qui coûte un max à changer.

Un jour, mon petit parachutiste était resté coincé dans des branches, alors en faisant les cons avec les copains, on lançait des cailloux pour le décrocher. Pis j’ai lancé un méga caillou en direction de la branche, et je sais pas, il a tourné dans l’air, comme un virage quoi, et il a fini sa course sur une méga vitre de deux mètres de haut qu’était à l’entrée du porche. Alors évidemment, une fois passé l’effet de surprise, avec les copains, on s’est bien gardé d’aller le chanter sur les toits et on a continué à vaquer à nos occupations de l’époque, à savoir, faire tourner à fond le tourniquet pour faire tomber les petits, ou selon l’humeur, les pousser du haut du toboggan.

Alors les pères du quartier ont fait une enquête, assez rapide d’ailleurs, pour pas dire bâclée, pasque comme par hasard, l’enquête est tombée sur nous. Bon, c’est vrai que j’aurais pu me dénoncer, mais j’ai pas eu le réflexe, c’est vrai, j’ai pas pensé en fait, mais c’était pas grave, vu que d’après les conclusions de l’enquête, on était tous coupables, et qu’on a tous pris un bon coup de pied au cul. Et les pères ils ont dit qu’en plus, c’est nous qui paierions la vitre, mais en fait, on n’a jamais payé, mais ça, chut.

Pis mon père il avait une super technique pour le coup de pied au cul.
Y disait rien, et y se postait juste entre moi et la porte. C’était assez bien vu de sa part, vu que pour rentrer à la maison je passais rarement par la fenêtre, et il attendait que je passe devant lui, avec un petit air narquois, limite goguenard même.
Alors y disait :
— Ben vas-y rentre…
— Oui j’arrive… je dis au revoir aux copains… et j’arrive…
Bon, c’est sûr que je faisais traîner un peu le truc, pas de précipitation inutile c’est clair, puis j’avançais, mais lentement, modeste quoi, un poil timide, limite maniéré même, mais c’était normal, c’était de bonne guerre, pis bon, trop d’empressement dans la vie, et tu passes à coté des belles choses. Mais bon, y’a un moment, faut bien avancer aussi dans la vie, alors tu te lances, allez hop, au casse-pipes !!

Alors je passais devant lui, y me regardait, je le regardais, presque complices d’ailleurs, comme de vieux potes en fait, sans dèc, y’a des moments précieux dans la relation père-fils, et là, on était en plein dedans, c’était presque touchant cette osmose. Et je prenais un petit air angélique tout à fait craquant, mais macache, quand j’avais un peu dépassé, mais pas trop, juste un peu quoi, bingo, un méga coup de savate, et du coup, ça me faisait gagner un bon mètre, et je finissais en courant pour aller me plaindre à ma mère qui l’engueulait pasque j’étais pas un ballon de foot.

En parlant de foot, pareil, à l’école, l’instit avait organisé un match dans la cour. Je choppe le ballon, je drible, hop, un crochet à gauche, zou, je repique au centre, et là, un méga super shoot juste pile poil entre les piles de manteaux qui servaient de poteaux pasqu’on avait pas de cage. Et pis je sais pas, le ballon, au lieu de s’arrêter simplement après les cages, ce con, ben il a continué tout droit, à fond, et il a fini sa course dans un carreau d’une salle de classe qu’était juste derrière, et je suis resté comme un rond de flan. Alors évidemment, une fois passé l’effet de surprise, l’instit, qui avait un fort accent du sud ouest, tellement accentué que je me demande toujours comment j’ai pu apprendre à lire et à écrire avec ce type, ben il m’a botté le train arrière, en disant que vraiment c’était pas croyable de voir un gamin aussi peu dégourdi des pieds.
Je me souviens, ça m’a vexé. Pas dégourdi des mains, je le savais, mais des pieds, c’te honte. Et je me suis pensé, tu peux toujours causer toi, tu m’as pas l’air d’être bien dégourdi de la langue.
Et toc.

Alors bien sûr aujourd’hui en classe, les gamins cassent pas les carreaux, cassent pas des briques non plus, par contre, ça leur arrive de me casser les breloques.
Alors quand ils retournent à leur table, j’ai comme des fourmillements au niveau du pied droit (oui, je suis droitier des pieds), mais bon, je maîtrise la pulsion, et je me contente d’un bon coup de pied au cul virtuel, ça leur fait pas de mal, et moi, ça me fait un bien fou.

Mes chers petits sapiens

Lorsque j’observe nos jeunes élèves pratiquer l’écriture, je suis saisi par les différences de traitement faites aux cahiers selon le sexe de l’auteur.

Première observation : l’homme était un chasseur-cueilleur, je confirme la tendance chasseur.
Un peu rude au contact, un peu bourrin dans l’échange, mais brave, et finalement pas mauvais bougre, le petit sapiens est pour le moins peu respectueux de son cahier de techno. Ce dernier, bien qu’étant parfaitement disposé au sacrifice, aurait sans doute préféré se faire styloter par l’élève femelle, dont le coup de stylo est nettement plus stylé, le coup de feutre plus feutré, et le coup de gomme, presque effacé.

Mais pourquoi l’élève femelle est-elle si soignée dans la tenue de son cahier de
techno ?
On peut supposer que des millénaires passés à faire le ménage et à repasser ça vous donne le goût de la chose bien faite, de la p’tite finition au chiffon doux, du p’tit coup de serpillière dans les coins et que cela altère insidieusement votre ADN. Ainsi vous paradez brandissant votre cahier de techno joliment tenu alors que vous n’avez aucun mérite, car il s’agit d’une simple mutation génétique, qui vous permet par ailleurs de faire le ménage avec une facilité et une désinvolture déconcertantes.
Aaaaah !! L’injustice de l’évolution !!!!

(NDA : quoique ayant visité les domiciles de certaines à l’âge adulte, il semblerait que la mutation soit réversible)

Alors que nos jeunes garçons, descendants directs et sans escale de nos chasseurs-cueilleurs d’autrefois, vous manient le crayon comme leurs aïeux la sagaie, et vous affûtent une mine HB comme on taille un silex. Le cahier fait office de mammouth, son agonie est lente, douloureuse, et il sera dépecé à même la table.
Ah !! L’exquise trivialité de nos chers petits sapiens ! Ah ! La douce persistance de cette poignante tribalité.

L’élève mâle est belliqueux dans la graphie, querelleur dans le soulignement, mais est-ce vraiment une surprise ? Car enfin, quelle était sa tâche au temps d’avant, si ce n’est ravitailler en mammouths frais la joyeuse ribambelle de la famille Crado dont la plupart étaient analphabètes ? Oui, la piètre prestation graphique de nos petits sapiens n’est que la lourde conséquence de cet atavisme guerrier.

Leur écriture ne doit pas se lire, au sens littéral, mais s’apprécier, dans ses couleurs, ses formes, ses volutes qui, tels des pétroglyphes balbutiants, dessinent une émouvante fresque au lyrisme pataud, dédiée à leur quête du rectiligne, à leur quête éperdue de la ligne droite.
L’utilisation de la gomme est rudimentaire, vengeresse, sa fonction initiale pervertie, car ici, à la notion d’effacement est astucieusement substituée celle de l’étalement, qui officie tel un masque opaque.
Et l’effacement de l’incongruité produit immanquablement une soupe infâme, métaphore attendrissante de leur quête nourricière.
Le visiteur averti de la caverne où j’exerce, ma salle de techno, saura discerner en observant leur cahier, l’esquisse de Lascaux, les prémices de Chauvet.
Émouvant n’est-ce pas ?

Précis dans l’approximation et empirique dans la finition, ainsi donc se présente notre ratureur-scribouilleur. Charge m’est donnée, modeste chamane-pédagogue que je suis, de modérer leur rupestre créativité et de canaliser leurs instincts guerriers.

Au chasseur-cueilleur d’autrefois s’est substitué le ratureur-scribouilleur d’aujourd’hui.
Mais ne nous y trompons pas, la démarche est identique, assurer la survie de l’espèce, quitte à en découdre à tout prix.

Le nid à rumeurs

Un collège est un nid à rumeurs, tout se sait, s’est su, se saura, c’est sûr.

Au début ça surprend, car vous imaginez bêtement que tout ce qui se dit et se passe dans votre salle n’en sort pas. Mais ne rêvez pas, si vous vous faites bordéliser, tout le monde le sait, même les agents d’entretien, et vous passez pour un gros nul.

Mais comment est-ce possible ?
C’est très simple.
Pour la diffusion de tout type d’info, ou signal, nous disposons d’environ six cents émetteurs-récepteurs mobiles et autonomes que l’on reconnaît aisément à leurs baskets.
Pour l’amplification du signal, une cour de récré est mise à disposition des émetteurs-récepteurs qui peuvent ainsi échanger les signaux sans interférences ou parasites nuisibles.
La vitesse de propagation du signal est proportionnelle à la densité des émetteurs-récepteurs ainsi qu’à la force des précipitations. En effet, lors de fortes intempéries, les émetteurs-récepteurs ont tendance à former des entités compactes sous le préau, densifiant le maillage de diffusion, ce qui permet une couverture optimale de la zone de récré.
Lorsque l’émetteur-récepteur reçoit un signal, un accusé de réception est délivré sous la forme :
— Tin !!! C’est monsieur Le Prof qu’a dit ça ?!?!
Dès cet instant, le message est mémorisé sur une unité de stockage vacante de l’encéphale de l’émetteur-récepteur dont, dieu merci, à cet âge, il dispose un grand nombre. Pour éviter les fuites d’information, l’étanchéité est assurée pas des écouteurs de lecteur mp3 judicieusement répartis au niveau des oreilles.
À ce stade, la réaction en chaîne qui s’ensuit n’est plus contrôlable, le signal d’origine gravement altéré, seul le déclenchement de la sonnerie peut à tout moment interrompre ce cycle infernal.

Mais si les rumeurs se répandent vite, les infos bien sourcées aussi, et cela présente bien des avantages.
En effet, et c’est une chose très sympa avec les gamins, ils savent plein de choses sur les profs.
Ainsi, si vous souhaitez vous renseigner sur la nouvelle petite prof d’anglais, qu’est bien gisquette, plutôt que de mener une enquête compliquée, utilisez plutôt leurs connaissances.
C’est ainsi que je procède avec mes 6e4, qui détiennent sans le savoir des informations précieuses.
Évidemment, il ne s’agit pas de poser des questions directes et indiscrètes, c’est pas votre genre, mais vous pouvez utiliser des petites ruses, avec votre air de ne pas y toucher, un peu comme ceci :
— Vous avez anglais ce matin ???
— Non, madame Schtronk elle a la grippe…
Mine de rien, en effaçant le tableau, vous glissez ceci :
— Ah, je pensais que c’était son fils qui était malade…
Évidemment, un élève ne manquera pas de vous reprendre :
— Meuh non !!!! Elle a pas d’enfants madame Schtronk !!!!
Remarque à laquelle un second apportera la précision suivante :
— Ben non !!! Elle est pas mariée !!!

Banco !!!!!

Voilà, vous venez de récolter deux informations précieuses, célibataire, sans enfants, l’autoroute du bonheur s’ouvre devant vous, restent à préciser certains points de détails.
— Il me semblait pourtant l’avoir doublée ce matin en voiture, en venant de Saint-Just…
— Meuh non !!! Elle habite Gensac !!!!
Gensac ??? Merde, ça fait de la route ça depuis chez moi. Mais bon, une fois par semaine, c’est jouable.
Et là, en rejoignant votre bureau, vous constatez que vous ne savez pas son âge à la prof d’anglais, alors avec votre air bien faux-cul, en faisant mine de fouiller dans votre cartable, vous faites :
— En tout cas, elle a l’air bien gentille madame Schtronk, et bien jeune en plus…
— Meuh non !!! Elle a 29 ans !!!

Le super banco !!!!!

Voilà de la bonne info pas chère, pas besoin de s’emmerder sur Meetic, j’ai le cv complet, reste plus qu’à aller faire mes courses à Gensac, et zou, une prof d’anglais !! Une !!!!
Enfin, peut-être. Mais dans un premier temps, vous pouvez renseigner sa petite fiche à la maison et la classer dans la pochette « prospects », avant qu’elle ne rejoigne peut-être la boite à archives, ultime étape avant micro-filmage ou gravure sur support pérenne, pour consultation ultérieure, avec les potes, avachis et en chemise de nuit, à la maison de retraite.

Autre chose, lorsque vous souhaitez diffuser une info, lâchez-là en cours, c’est diablement efficace.
Ou mieux, lancer une rumeur, pour, entre autres, régler des comptes avec certains collègues. Par exemple avec M. Skwrtngkz, prof d’EPS, qui peut pas vous blairer, la réciproque étant par ailleurs aisément vérifiable. Évidemment, on fait rarement ce genre de chose de gaieté de cœur, mais bon, en même temps, c’est jamais bien de rester dans le non-dit, ça peut faire des maladies, et ce serait dommage, vous êtes en parfaite santé.
Mais voyons plutôt comment procéder :
— Vous avez EPS cet aprèm ? Vous avez bien de la chance d’avoir M. Skwrtngkz, un si bon prof…
Puis, prenant l’air très affecté, en secouant la tête, faisant mine de chercher une craie, vous ajoutez ceci :
— Quel dommage qu’il ait ce problème avec l’alcool… enfin, c’est comme ça… mais c’est bien triste quand même…

Voilà, normalement, si les émetteurs-récepteurs font bien leur boulot, il devrait être convoqué par le chef dans les 48 heures, pour expliquer pourquoi il a descendu une bouteille de whisky pendant le lancer de javelot.

Caftons en toute amitié

Et si on disait un peu de mal des collègues ?
— Oh vi !!! Oh vi !!!!!

Bon dac.
Mais pas trop hein ?
— Allez allez !!! Dis-y dis-y !!!

Bon, aujourd’hui : les profs d’EPS (Éducation Physique et Sportive)

— Salut les collègues d’EPS !!! Dites, y’a pas des douches dans l’gymnase ?

Parce que putain.
Ben ouais.

Tin, j’ai une collègue d’EPS, mignonne d’ailleurs, un peu ronde, mais bien carrée quand même, qui vient me voir c’matin :
— Dis Charly, j’ai vu les parents de…
Pouaaaaah ! T’as vu les parents ? Si tu savais c’que j’m’en pète ! Pasque là, j’suis en recherche d’oxygène !!!
— Vous avez couru ce matin ?
— Ben oui, comment tu le sais ?
Comment j’le sais ? Parce que je suis voyant ! Hé bécasse !!!

Alors je lance une vaste campagne nationale pour que les profs d’EPS passent à la douche avant d’venir bouffer.
J’vais mettre en ligne une pétition, voici son titre :
« Offrez une douche à un prof d’EPS !! »
C’est un geste simple, à la portée de tous, et déductible en plus !!!
Avec un euro, c’est près d’une centaine de profs qu’on peut doucher !!!

Ben ouais, c’est une véritable infection.
En plus y z’ont des survêts bien étanches, alors la sueur qu’elle est dedans, et ben elle ressort pas.
Et donc quand y z’ouvrent, VINGT DIEUX !!!!!!!!!!!!!
Ben moi j’préfèrerais encore qu’y pètent.
Pasqu’un pet ça se dissipe, et ça fait pas les conseils de classe !!!
Hé ! Z’avez vu leurs baskets ? Putain mais y chaussent du combien ?!

J’suis en train de me d’mander, et si on les foutait dans le local fumeur ?

Et vous savez pas ? DES FOIS Y VIVENT EN COUPLE !!!!!
— T’es rentré chéri ?
— Ben comment tu l’sais ?
— J’ai senti une présence…

Deuxième pétition :
« Profs d’EPS !!! Adoptez une douche !!!! »
Ou parrainez la !! Mais faites quelque chose !!!

Si vous avez un pote prof d’EPS, pour son anniversaire, amenez-le à la mer, et là, l’air de rien, foutez-le à la baille !!!!
Ou sinon, quand vous lavez votre bagnole, sans faire exprès, hop, un coup d’Kärcher !!!!

Ah ! On a tous le tendre souvenir d’un prof d’EPS qui nous gueulait dessus comme un veau alors qu’on tentait vainement de grimper à la corde à nœuds, suspendu à trois mètres du sol, les bras tendus, tanguant allègrement, et cherchant désespérément avec les pieds cette foutue corde qui prenait un malin plaisir à nous échapper, et nos petits bras faiblissaient, faiblissaient, tandis que l’on commençait imperceptiblement à redescendre, sans l’avoir vraiment voulu, malgré nos mains qui serraient, serraient, brûlantes et exsangues, bien que l’on ait consciencieusement craché dedans, et que l’on atteignait tout doucement le sol, penaud, sous les rires des copains et la soufflante du prof, les yeux rougis par l’effort et l’émotion d’avoir vu nos petits biceps s’éveiller à la vie.
La honte.

Et l’autre là, qui nous faisait courir comme des malades alors qu’il nous suivait en mobylette.
BANDE D’ ENFOIRÉS !!!!!!!
M’ont dégoûté du sport.
VENGEANCE !!!!!!!!!

Ah putain, si on pouvait leur casser la gueule, mais on peut pas !!! Y sont tous baraqués !!!!!!
Même les filles !!!!!!

Troisième pétition :
« Rejoignez-nous à Douches Sans Frontières !! »
Ou envoyez un don : une douchette, un flexible de bain, ou mieux, de la javel !!

Ou de l’argent, mais pas de chèque s’il vous plaît, DU LIQUIDE !!!!
Même de l’argent volé on prend.

Car comme le dit le proverbe : si l’argent n’a pas d’odeur, les profs d’EPS si.

PS : demain, les profs d’arts plastiques.

Charly a un gros cartable

Oui, j’en ai un gros.

D’ailleurs, j’ai le plus gros de toute la salle des profs. Et ça me vaut bien des compliments.
C’est vrai qu’il n »est plus tout jeune, le cuir est bien tanné, plus vraiment étanche, mais il n’a pas perdu sa rigidité.
Il a même un aspect satiné qui n’est pas sans charme et séduit les amateurs de vieilles selles.
Pourtant, et c’est vrai, je fais un minimum d’entretien, j’vais pas passer non plus mon temps à l’astiquer.
Le seul problème, c’est son poids. J’ai donc souvent des problèmes avec la poignée et je suis obligé de le porter sous le bras.
Je le mets toujours au même endroit en salle des profs parce qu’il ne rentre pas dans mon casier.
Il rentrerait sans problème dans le casier d’Isabelle mais elle veut jamais que je l’y mette.
Soi disant qu’elle peut pas dépanner tout le monde.
Maryse a accepté une fois mais à condition de ne pas salir sa serviette.
Nelly a essayé de le soulever l’autre jour et elle comprenait pas que je trimbale un truc pareil.
De toute façon, ça peut pas lui convenir, vu qu’elle fait toujours la fine bouche.
Et puis on ne peux pas non plus satisfaire tout le monde.

Tati me dit toujours de ne pas le laisser traîner, qu’on va finir pas se prendre les pieds dedans.
D’ailleurs elle m’a souvent proposé de le mettre dans son armoire, qu’il y avait de la place au fond.
Elle est bien gentille tati mais si chaque fois je dois aller dans son bureau, ça en fait des va-et-vient.
D’une façon générale, j’aime pas trop qu’on y touche, en tout cas sans mon accord, ç’a tendance à me hérisser.
En tout cas, moi, je le vide tous les soirs en rentrant. Comme je suis un peu bordélique j’en fous partout mais je m’y retrouve toujours avec mon petit bazar, et pour finir, je le charge pour le lendemain.
En tout cas, il rempli parfaitement son usage et j’en suis pleinement satisfait.

Autant j’ai un gros cartable, autant ma trousse est petite.
Oui, j’en ai une petite.
Certains préfèrent les grosses, mais l’avantage de la petite, c’est que je peux la ranger partout.
Et puis, petite ou grosse, comme dit tati, le tout, c’est qu’elle rentre dans le cartable.
La mienne est toujours bien pleine, car j’aime bien avoir tout sous la main.
Tati dit que je devrais la remplacer par une neuve.
C’est vrai que je la jetterai bien la vieille, mais elle peut toujours dépanner.

je la mets toujours bien droite dans le cartable, et je la cale bien avec mes mandarines.
Quand je travaille en salle des profs, je la pose sur la table, comme ça si les collègues ont besoin, ils viennent se servir.
Le tout c’est qu’ils la remettent à sa place, j’aime pas la retrouver à l’autre bout de la table.
Régulièrement je la vide et je la secoue au dessus de la poubelle.
Ensuite je la frotte avec un spongex et je la fais sécher sur le balcon.
En tout cas, elle rempli parfaitement son usage et j’en suis pleinement satisfait.

PS : ce texte n’est pas très fin, je vous l’accorde, mais si vous trouvez que c’est un peu gros mon truc, je le retire.

Avertissement !

Demain, sur ce blog, sera publié un texte d’une vulgarité inouïe, d’une grossièreté rare, d’une trivialité répugnante, d’une indécence inacceptable.
Donc, tout commentaire qui en fera le constat sera supprimé.
Vous êtes prévenus, alors venez pas pleurnicher et faire vos chochottes ou autres effarouchées..
Charly (qui est sûr de battre demain ses records d’audience)

PS : suite à la question de Cathy, je précise que la publication aura lieu vers 16 heures car le lundi je finis à 15 heures (ça fait tôt et j’ai un peu honte mais bon, et encore, je me garde bien de vous dire que le lundi je commence à 10 heures car pour vous ce serait insupportable).

Parents, faites des profs !

(Ou comment insuffler une vocation d’enseignant).

Et oui, comment fabriquer un prof ?
La question m’est souvent posée.
Je souhaiterai que mon enfant soit enseignant, mais comment faire ?
Un certain nombre d’ingrédients sont requis ainsi qu’une approche pédagogique pragmatique.
Car si vous souhaitez que votre enfant soit enseignant, il faut s’y prendre très tôt.

D’abord, vous prenez une famille de prolos, famille nombreuse si possible, avec des gamins qui dorment à trois par piaule, et des parents qu’ont pas fait d’études, comme ça, c’est encore mieux.
En général, ça va ensemble.

Ensuite vous repérez celui des enfants qu’est bien sage, un peu rêveur quoi, le moins con de tous, et vous investissez à fond sur lui.
Comment ? C’est facile.
Chaque fois qu’il a une note en dessous de quinze, vous lui mettez une bonne rouste, des tartes bien tout partout sur la figure, qu’y soit bien rouge quoi.
Ensuite vous le pendez à la fenêtre du 43e étage par les oreilles une nuit sur deux pour bien qu’y comprenne que l’école c’est une chance, et qu’il doit la saisir.
Y devrait s’en souvenir ce feignant, et vous faites ça jusqu’au brevet, qu’il aura haut la main (haut les mains serait plus juste).

Au lycée, il a grandi, donc on arrête provisoirement les roustes.
On passe à des trucs plus soft, plus vicieux quoi, le chantage à l’argent de poche, aux sorties, avec un peu d’humiliation au passage, si c’est possible, mais pas trop, mais quand même, et de temps en temps, une bonne tarte devant ses copines, ç’a toujours son petit effet.
A l’occasion aussi, l’air de rien, comme ça, distraitement, poussez le dans les escaliers, en le traitant de pas dégourdi, vous verrez, il aura bien confiance en lui.
Si avec ça il a pas son bac avec mention, c’est que vous êtes vraiment des manches.

Après son bac, il viendra sûrement vous voir pour vous dire qu’il sait enfin ce qu’il veut faire et qu’il aimerait bien être musicien, par exemple.
Alors vous le choppez, et vous le traînez jusque dans le garage et vous lui foutez une bonne tannée, quelque chose de joli, n’hésitez pas, lâchez vous et vous allez voir, il va faire des études d’ingénieur brillantes.

Et un jour, son diplôme en poche, ayant fait tout seul les études que vous n’avez pas faites ainsi que celles des trente générations précédentes, il va débarquer chez vous et vous dire que son métier le branche pas des masses, qu’il aimerait bien pendant un an ou deux voyager, parcourir le monde, pourquoi pas dans l’humanitaire, par exemple.
A ce moment la, vous le tirez par les pieds jusqu’au garage, et vous le passez à tabac, faites vous aider éventuellement, et faites les choses en grand, si vous avez une vieille friteuse dans le coin, ébouillantez le.
Et vous verrez qu’il va s’inscrire assez rapidement à un concours d’entrée dans la fonction publique.

Voilà.
En fait c’est assez simple, faut juste être motivé.
C’est tout.

Classe ramequin

Un prof peut-il être beau ? ou belle ?

Évidemment non.
Ça se saurait.
Et d’ailleurs je soupçonne l’administration de procéder à une discrimination positive mais discrète envers les PEF : les Physiques Exclusivement Fonctionnels.
Dont je suis.
Avant j’étais PAF (Physique Avantageux Fichtre), mais il a fallu faire un choix.

Mais illustrons par l’exemple l’hypothèse sus-citée.

Que se passe t-il lorsqu’une jolie prof exerce dans un collège.
N’oublions pas que nous opérons sur une population pubère particulièrement réceptive et prompte à un débit hormonal et salivaire intense.
In fine, une jolie prof ne manquerai pas de semer le trouble.
Et qui sème le trouble récolte la tempête.
Qui accepterait de voir des élèves tempêter ?
Aussi qualifierais-je l’exposition d’une plastique aboutie au sein d’un établissement scolaire, de manquement grave au devoir de réserve.
Mais fort heureusement, de réserve, nous ne manquons pas.

La susdite régle admet quelques exceptions.
Mais elles sont si rares et si peu représentatives que je vous propose de les sauter et de passer directement à la suite.

Vous serez d’accord avec moi, la vraie beauté est intérieure. C’est un lieu commun.
il faut savoir la découvrir, la dénicher.
Alors, dénichons.
Mais pour cela, il est vrai, et je n’en disconviens pas, mais en conviendrez-vous, que dans certains cas, une solide formation en spéléologie s’avère être un atoût précieux.

Et le sexe me direz vous.
Il est ici complètement absent.
Si l’on tient bien sûr pour négligable le fait que les élèves passent toute leur puberté au collège et que naissent ici des libidos dont la somme, même pondérée par celle des profs, équivaut à environ deux fois Hiroshima.
À peu près.
Mais gardez vous bien de paniquer.
Dans un collège, tout est sous contrôle.

Non, croyez moi, la beauté n’est pas de mise dans notre entreprise.

Trop ingérer n’intègre pas

J’ai jamais entendu d’élèves tenir des propos racistes.
Non pas qu’ils soient particulièrement respectueux et dépourvus de préjugés, mais ils ont parfaitement intégré, comme les adultes, que de tels propos les exposaient à des sanctions sévères.
Ou alors, c’est sous la forme :
— M’sieur, j’crois qu’j’ai fait du travail d’arabe.
— ?…
Je relève ce type de remarque. Ce qui ne manque pas d’étonner les élèves.
Mais j’évite de sanctionner, j’explique.
Non, vous pouvez être de n’importe quelle confession ou origine, au collège, vous ne risquez rien. Les seules ethnies auxquelles je déconseillerai vivement d’appartenir, c’est celles des gros et des moches.
Pour ceux la, j’peux vous dire, c’est terrible.
Je suis amené à intervenir souvent.
Et la que faire ? Un voile, on peut toujours le laisser à la maison, une kippa pareil,
mais 30 kg de surcharge ? ou une tête de tueur ? des oreilles paraboliques ? une taille d’1,10 m ?
Là, j’voudrais m’adresser aux parents :
Si vos gosses sont gros et/ou moches, ne les envoyez pas au collège !!
Pitié, bon sang, soyez responsables ! Y vont s’faire massacrer.
Mettez les au régime, tentez le relooking, la chirurgie, ou placez les dans des sectes.
Car les ados sont cruels.

Hier encore, Adeline (pas gâtée celle la) me demande en début de cours, si elle peut se mettre à coté de sa meilleure amie (pas mieux). J’dis OK.
La dessus, Grégoire s’empresse de commenter :
— M’sieur, les mettez pas ensemble, ça va faire thon sur thon !
J’lui ai demandé de s’excuser.
Mais c’était un peu vrai, quand même.

Pour certains, le collège, c’est l’école du râteau.
Et parmi eux, certains s’les font livrer par cartons entiers.

Pour être franc, j’ai laissé dire un truc raciste, une fois, lors d’une sortie scolaire.
On était dans un bus, et des élèves au fond ont repéré qu’on était suivi par une voiture immatriculée 75.
Ils ont commencé à chanter :
— Parigots, têtes de veaux, parigots, têtes de veaux…
Propos hautement discriminatoire s’il en est.
J’ai rien dit. Mais j’assume, quitte à devoir m’en expliquer avec ma hiérarchie.
J’étais même ému et en parfaite osmose avec mes élèves.
Car faut vous dire, que par chez nous, on l’aime pas trop l’parigot.
Et qu’nous autres, quand on voit un 75, on a envie de prendre une fourche et d’lui carrer dans le cul !
Vingt dieu d’vingt dieu !
Excusez moi, c’est l’émotion.
Ah, que j’aime mes élèves dans ces moments la.
Ils ont chanté ça pendant un quart d’heure.
J’en avais les larmes aux yeux de voir la relève ainsi assurée.
Puis ils ont enchainé sur des airs de pubs.
Très drôle.

Mais bien sur, ça a dérapé. J’ai du intervenir.
Ils chantaient la pub du PMU. Vous savez : Péééééééé, Mmmmmm, Uuuuuuu, etc…
Enfin, leur version.
— Péééééééé, Mmmmmm, Uuuuuuu… on l’a tous dans l’c…

T’as les boules ?

Une des activités préférées de certains élèves, lors des séances informatique, consiste à enlever et à piquer les boules des souris.
Et ça, c’est super marrant.
C’est toujours sympa de commencer une séance avec cinq élèves qui font remarquer qu’il n’y a plus de boule dans leur souris.
Ce qui aurait tendance à me rendre un poil irritable.
À la fin de chaque séance informatique, je demande donc aux élèves de retourner les souris afin de constater la présence de la boule.
Ce qui donne des dialogues de ce type :
— Avant de sortir, montrez moi vos boules, s’il vous plait !
— M’sieur, la mienne est là !
— Très bien. Inès, contrôle si Kévin a sa boule.
Mais pour palier aux disparitions, avec un collègue, on a constitué un stock de boules, récupérées sur du vieux matériel.
On est bien content de nous.

L’élève de base, mettra un point d’honneur à changer les paramètres du bureau de Windows.
Me demandez pas pourquoi, j’en sais rien.
Ce sera tantôt l’écran de veille, tantôt le fond d’écran, voire le bouton démarrer, qui nous rend songeur lorsque qu’on le découvre rivé en haut à droite. Ce qui évidemment, est beaucoup plus pratique.
C’est toujours sympa de commencer une séance et qu’un élève de 6e, démarrant son PC, vous annonce qu’il a une nana à poil en fond d’écran.
Allons bon.
— T’as pas eu peur ?
— Ben non…
— T’es pas choqué ?
— Ben un peu quand même…
— Tu veux qu’on t’accompagne à l’infirmerie ?
— Oh ben non… quand même…
— Bon. Qui était sur ce poste…
À chaque séance, il faut indiquer sur un plan de salle, le nom de chaque élève et le poste utilisé. Dans ce genre de situation, ça permet de retrouver le coupable.
Mais évidemment, celui-ci niera farouchement.
— J’ai rien fait m’sieur, c’est arrivé comme ça ! j’vous jure !
Prends moi pour un con.
Comme si les images pornos, et seulement celles-ci, avaient une tendance à se télécharger et à s’installer automatiquement en fond d’écran.
J’savais pas.
Donc faut l’savoir, et faire attention.

Lors de certaines activités, je demande aux élèves d’effectuer une recherche sur le web. Ils travaillent en groupe de 10 à 15 élèves.
Et là, y’a intêret à être vigilant.
C’est une lutte à mort qui s’engage.
Leur mission : voir du cul.
La mienne : les en empêcher.
Leurs atoûts : bonne connaissance du milieu, rapidité, réactivité, solidarité, libido agressive.
Les miens : léger strabisme divergent assurant une vision à 180°, détecteur intuitif d’embrouille, puissance vocale approchant les 110 décibels, disjoncteur électrique (le seau d’eau virtuel).

Mais bon, c’est insuffisant, ils sont le plus souvent vainqueurs.