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Tati, l'amour et tout ça

Ce matin avec Christophe, on a décidé de s’faire payer un p’tit café par Tati.

— Coucou Tati !!!! Alors ??? Comment qu’elle va not’Tati ??? Elle paye son café not’Tati ????
— Non.
— Heu… bon ben merci.

Ben not’Tati, elle faisait la gueule.

Mais on sait pourquoi avec Cricri. C’est pasqu’elle cherche l’homme de sa vie, donc elle en teste pas mal, et elle tombe toujours sur les mauvais.
Moi ça m’fait pareil avec les melons.

Et des fois ça l’énerve avant d’être triste.

Alors on lui a posé des questions pour s’intéresser, pasque nous avec Cricri, les problèmes de couple on connaît bien, pasqu’on en a eu plein.

Et là elle nous fait :
— De toute façon vous les mecs vous êtes tous les mêmes, y’a qu’une chose qui vous intéresse, et quand vous l’avez eue, zou, y’a plus personne !!!
Ben ça avec Christophe ça nous a vachement étonnés, pasque nous y’a plein de choses qui nous intéressent chez les filles. Moi, c’est plutôt les conversations, et Christophe, l’argent. Mais nous, on part pas après, enfin, pas toute de suite après.

Alors j’ai demandé des détails :
— Ah bon… Et c’est quoi qui nous intéresse chez les filles pour qu’après on s’en va ????
— !?!? Non mais vous êtes vraiment bêtes ou quoi ??? Vous vous foutez de moi ??? Mais le gigot-flageolets pardi !!! Bande d’imbéciles !!!
— Le gigot-flageolets ?!?!?!?

Ben ça avec Christophe ça nous a vachement étonnés, pasque nous y’a plein de choses qui nous intéressent chez les filles mais le gigot-flageolets, on n’avait pas pensé.
Alors j’ai dit à Cricri :
— Ah bon. Et toi Cricri, si une fille te fait un gigot-flageolets, tu restes avec elle ???
— Un gigot-flageolets, non, ça me ferait pas rester, par contre, un poulet-frites, j’dis pas…
— …

Alors Tati elle a fait :
— Bon ben déjà, elle aura pas besoin de charcuterie, avec toi elle a déjà l’andouille…
Et Cricri y s’est un peu énervé :
— Ben quoi !! J’ouvre mon cœur et toi tu m’insultes !!! Ben ça alors, ça m’apprendra à me confier…

Qu’il a dit Cricri.

D’autant que moi, si une fille me fait un gigot-flageolets, j’aurais plutôt tendance à rester. C’est p’t’être pour ça qu’elles m’en font pas. Mais des filles qui font du gigot-flageolets, ça se trouve plus trop d’nos jours. Et cuit bien comme on aime, c’est introuvable. De toute façon aujourd’hui avec les nanas, vaut mieux venir avec son manger.
D’ailleurs moi, une fois, ben la nana, j’y avais proposé de faire des coquineries dans la cuisine, c’est le seul moyen que j’avais trouvé pour qu’elle y entre.

— Dis Tati, ben les gars que tu reçois, faut plus leur faire du gigot-flageolets.
— Oui mais les gars, s’ils ont pas leur gigot-flageolets, on les intéresse plus !!!!
— !?!?… Mais c’est qui les hommes que tu rencontres, c’est des dingos ma parole…
— Non, c’est des gars tout c’qui a de plus ordinaire, un peu vot’genre quoi…

Alors avec Cricri on s’est regardés, pasque bon, on n’est peut-être pas des gars extraordinaires, mais de là à nous l’dire, faut quand même pas déconner.

Mais c’est vrai aussi qu’avec les nanas avec Cricri on sait plus trop quoi faire des fois. L’autre jour, je taquinais une fille de l’Internet, avec des préliminaires aux petits oignons, comme on sait faire nous les artistes, et là elle me fait :
— Dis, t’es bien sympa avec tes préliminaires, mais on va pas y passer trois plombes non plus ?? Hein ?? Qu’est-ce que t’en penses ??

Ça m’a jeté un froid.

Hé, c’est vrai quoi, on n’est pas des monstres quand même.

Alors pour rattraper elle a dit :
— Hé, j’t’ai pas vexé au moins ???
— Ah ben non, pile poil le contraire, ça m’a même surmotivé. Mais bon scuse, mais c’est de la déformation professionnelle en fait, pasqu’en techno, on apprend à toujours bien préparer un chantier…
— Ah oui ??? Un artiste tu disais ??? Un poète tu veux dire… tu dois faire des ravages chez les nanas toi… Non mais tes prélis c’est sympa, on sent la bonne volonté, y’a de l’abnégation, c’est sûr, mais tu sais qu’on est à l’air post-industrielle là, hein mon coco ??? L’artisanat c’est fini, aujourd’hui c’est la production en série, les délocalisations massives, c’est qu’on a les chinois aux fesses !! Alors faudrait voir à se bouger le cul mon canard !!!!

Mon canard, ça m’a bien virilisé comme surnom, c’est vrai.

Alors j’ai fait tout bien à madame, comme elle voulait quoi, et après j’ai mangé un Magnum Double Caramel, pasque nous les hommes, on aime bien le Magnum Double Caramel après l’amour.
C’est vrai, ça fait deux plaisirs d’affilée comme j’dis souvent.
— Ouais, en tout cas, ça en fait un de sûr quoi…
Ça c’est la fille de l’Internet qui a rajouté.

Enfin en tout cas avec Cricri, toutes ces histoires de gigot-flageolets, ça nous a fait réfléchir sur la vie, mais pas longtemps, pasque Tati nous a foutus dehors pasqu’elle avait pas qu’ça à foutre.

Alors Christophe il a dit :
— Mais bon, quand même, un gigot-flageolets, c’est bien sympa dans la vie.
— Ça c’est sûr, j’y ai fait.

Des fois avec Cricri, on s’dit qu’on aurait dû s’faire profs de philo.

Tati sur Meetic

Hier soir, avec Christophe, on est passés chez Tati, rapport à c’que madame s’est acheté un ordinateur, pour surfer on the web, et taquiner le senior.

— Les gars, j’ai un de ces peps en ce moment, je sens que j’peux emballer c’que je veux…

Not’ Tati.

Ben ça nous a fait tout drôle avec Cricri, c’est vrai, pasque pour nous Tati, c’est un peu comme la Sainte Vierge, alors de s’imaginer qu’elle puisse faire des choses, ben ça nous a fait comme de l’embarras au niveau des joues.

— Bon alors, c’que j’voudrais, c’est m’inscrire sur Meetic, et que vous m’expliquiez tout bien, pour augmenter mes chances, et enfin trouver le jardinier d’amour, qui saura rempoter la pâquerette qui est en moi…
— Dis Tati, sans vouloir t’offenser, mais c’est bien de ton âge ça ???
— Comment ça de mon âge ??? Non mais vous me prenez pour qui ?? Hé, j’ai été jeune moi aussi, et croyez-moi que pour la galipette, j’étais pas du genre à faire des manières, et à rechigner à la besogne, ah ça non, j’étais pas farouche du popotin, ça j’peux vous dire. Aaaaaaah !!! Vous m’auriez connue à une époque, la terreur des édredons qu’on m’appelait, la désosseuse de sommiers, ah pis faut dire que j’étais sacrément choupette, le quintal du Cantal qu’on m’avait baptisée au pays, et comment que j’te les malmenais moi les gars du village… enfin… jusqu’au jour où j’ai rencontré Alfredo…
— Alfredo ??
— Oui, un ténor italien, une star internationale, qu’était venu faire un peu de maçonnerie au village, entre deux tournées. Ah Alfredo, mon Alfredo, ah fallait le voir pousser la chansonnette et moi aussi à l’occasion, dans les foins, me secouer comme une gamate de ciment frais, j’en était toute retournée, et quel coup de truelle ce Alfredo… et depuis… je l’attends… trente ans déjà… et ben ça y est… je pleure…
— Oui mais tu sais, les tournées internationales, ça prend du temps…
— Tu as raison, je m’inquiète pour rien…
— Dis Tati, pour le site de rencontre, faudrait un pseudo…
— Oui, j’avais pensé à Lolita, c’est pas trop racoleur ???
— Lolita ?!?!?
— Oui, Lolita-F même…
— F ??? Pourquoi F ???
— Ben c’est ma taille de bonnet, faut bien appâter le chaland…
— Oui mais là tu vas attirer tous les malades du coin… mets C, c’est à la mode…
— Bon, j’vous fais confiance… alors sinon, blonde ou brune… qu’est-ce que je mets, moi c’est gris…
— Ben tu mets brune mitigée alors…
— Toujours aussi drôle Charly. Hé, au fait, j’mets une photo ???
— Ben… je sais pas… y’en a que ça peut bloquer…
— Et celle-là, tu veux pas la bloquer par hasard ???? Hé, je suis comme je suis, et pis c’est tout…
— T’as bien raison Tati.
— Et pis la beauté, la laideur, et ben c’est dans la tête tout ça, c’est une question d’état d’esprit, si tu te sens beau, t’es beau, et si tu te sens laid, t’es laid…
— Ben dis donc, c’est fou le nombre de gens qui se sentent laids alors ahahahahahah…
— C’que vous êtes cons… bon, sinon, parlons peu parlons bien, pour la gaudriole, va me falloir des préservatifs, comment ça marche ??? C’est lui qui amène ou c’est moi qui offre ???
— Ben prévois quand même va, des fois les bonshommes y z’oublient…
— Bon ok, je note… préservatifs… au fait, y faut une ordonnance pour ça ???
— Attends Tati, on va s’en occuper, on ira faire tes courses…
— Ah ben c’est sympa, comme ça, je pourrai me concentrer sur la lingerie… et là je fais quoi ???
— Ben là tu choisis ton profil de mec, des jeunes, des pas jeunes…
— Ah mais moi je prends tout, tous les profils !!!
— Bon ben tu cliques là et c’est bon.
— Alors… fais-y voir… Ooooooooh !!! Qu’y sont mignons tous ces biquets !!!! Seigneur !!! Je suis toute frétillante, je me sens si femme d’un coup, si femme !!!!
— Ben reste assise quand même… voilà, là tu choisis celui que tu veux et s’il est en ligne tu peux causer…
— Mon dieu mon dieu !!! Tous ces fauves !!!! Ben tiens, çui-là, je clique, et hop, à nous deux mon gaillard !!! Ah pis le type méditerranéen, moi, ça m’consume…
— Çui-là ?? Ouais, moi j’dirais plutôt type consanguin, mais ça, c’est chacun ses goûts…
— Mais c’est super !!! Y’a qu’à faire son marché !!! Et y’a même quelques produits frais, regardez, y’en a un là, vingt cinq ans dis donc, pile poil pour moi çui-là… poussez-vous les gars, j’arrive !!!
— Vingt cinq ans ??? Mais tu cherches à adopter ou quoi ???
— Et alors ??? T’es jaloux ??? Pauvre con va, et pourquoi j’aurais pas un jeune moi aussi ??? J’ai une bonne situation, quelques biens hérités de papa…
— T’as raison Tati, mais bon, fous pas trop le bordel hein, laisse-en un peu pour les autres…
— Ah ça je garantie pas, j’me sens toute polissonne !!!

Ben ouais, le printemps, c’est pour tout le monde.

La vengeance du chef

— Ah ben ça alors !! On est punis !!!

C’est Cricri qu’a dit ça quand il a vu le planning des surveillances pour le brevet des collèges.
Ben tous les deux d’habitude on est de surveillance deux heures et pis c’est tout, et ben là, on y est les deux jours, matin et aprèm.
Moi y m’ont mis avec une collègue qu’on peut pas s’voir et Cricri avec une prof qu’elle est même pas d’chez nous.
Une étrangère quoi.
C’est bizarre pasque la principale-adjointe elle nous aime bien, pourquoi elle nous aurait punis comme ça ?
Ouais, à moins qu’ce soit le chef qu’ait mis son nez là-dedans suite au Sanibroyeur qu’on a réparé pour qu’y soit en panne.
Alors on a été gueuler.

Toc toc.
— Bonjour m’sieur Le Chef, heu… on peut vous voir une minute ?
— Tiens !! Monsieur Le Prof et son accessoiriste !! Mais dites-moi messieurs, vous avez l’air bien soucieux ? Les établissements Heineken sont en grève ?
— Ben non mais c’est pour les surveillances, on en a plein…
— Ah oui. Croyez-moi messieurs, je m’associe à votre douleur, mais j’ai pensé que si nous avions des problèmes électroniques, c’était mieux de vous avoir sous la main, n’est-ce pas ?

C’t’ordure. Alors c’est donc ça, une vengeance. Et ben ça nous a tout choqué avec Cricri, c’est vrai quoi, c’est pas des manières ça.
Mais c’est vrai que des fois not’ chef, j’le trouve limite rancunier.
— Et vous m’excuserez, mais je dois passer voir l’intendante.
Et pis il est passé à coté de nous, comme ça, avec un petit air dédaigneux, limite malpoli même, j’dois dire.
Non mais, pour qui y s’prend çui-là…

En plus l’intendante, ouais on veut pas dire mais on a bien repéré leur p’tit manège.
C’est un peu son bras droit, comme la principale-adjointe quoi, sauf que là c’est son deuxième.
À c’qu’on dit, et ben y’a un inspecteur qu’a surpris le chef à genou derrière son deuxième bras droit en train de prendre son pied.
En plus.
Y z’ont failli se faire virer sur c’coup là, ben ouais, y z’en étaient à deux doigts quand même.
Mais bon, l’inspecteur a passé la main.
Ben ouais.

Alors on est passés voir Tati pour qu’elle bidouille le planning, mais elle a pas voulu.
J’sais pas c’qu’y z’ont tous mais dis donc, y’aurait une coalition contre nous qu’ça m’étonnerait pas.
Et pis elle nous a dit pour le sani.
En fait le chef il a reçu un cousin éloigné et c’est le cousin éloigné qu’a testé le sani.
Ben du coup y paraît qu’c’est devenu un cousin très éloigné, et tellement même, qu’y s’voient même plus.
Donc on a brisé sa famille.
Ben avec Christophe, ça nous a fait comme des p’tits regrets, un peu comme des remords quoi, mais en plus p’tit.
Mais bon, trois fois rien.

Alors avec Cricri on a été dans ma salle pour boire un thé glacé, au houblon, et réfléchir.
Pasque dans la vie des fois, c’est bien de prendre du recul, ça permet d’avancer.
Et là on s’est dit qu’on peut pas se venger d’une vengeance.
C’est pas bien.
C’est mal même.

Et pis on a repensé à c’qu’il a dit le chef, que si y’avait un problème électronique on pourrait intervenir.
J’sais pas moi, l’alarme incendie qui s’déclenche par exemple, comme ça, par inadvertance.
C’est vrai ça, qu’est-ce qu’y s’passerait si y’avait un détecteur de fumée qui détectait de la fumée sans faire exprès pendant les épreuves ? Et que ça déclenche involontairement l’aspersion de toutes les salles ?
Vous imaginez le bordel ? Ben ça s’rait un sacré coup de malchance.
Ben ouais. Et ben heureusement qu’on serait là avec Cricri.
Ouais et heureusement qu’il a pensé à ça le chef.

Pasque nous, on n’y avait pas pensé.

Un p’tit tour de vélo ?

Tati, elle vient bosser en vélo.
Un beau vélo d’ailleurs.

Mais elle se plaint toujours pasque les chiens du coin y courent après elle en aboyant.
Donc elle est obligée de mettre la gomme.
Et j’peux vous dire qu’elle vionze avec son biclou.

Surtout dans la descente devant le collège.
Normalement elle devrait tourner pour rejoindre le portail mais non, zou, elle continue tout droit.
Alors on la voit passer à fond avec Cricri, avec les chiens derrière.
C’est marrant.

Son vélo, c’est nous qu’on l’a réglé avec Christophe.
Ben moi j’suis devenu spécialiste avec le nouveau programme de 6e.
Et pour qu’elle gagne en puissance on a monté la selle bien haut.
C’est un truc que j’ai entendu au Tour de France à la télé.
Faut juste qu’y ait un trottoir pour qu’elle monte mais des trottoirs y’en a partout.

— J’sais pas c’qu’ils ont ces clébards à m’courser comme ça… j’suis toute flapie…
— Tu les rends dingues les toutous avec ta jupe retroussée !!!!
— Tu parles… remarque, c’est vrai qu’j’ai ressorti un vieux panty, rose, j’rentre toujours dedans…
— Ouaaaah ! Donc c’est qu’t’as pas grossi depuis ta jeunesse.
— Ben, c’est surtout que j’étais déjà grosse…
— T’es une belle plante comme on dit, c’est tout…
— Ah ! Je t’intéresse ?
— Ben, heu… j’ai pas la main verte…
— C’est ça, débine-toi, pauv’ con. Dites les gars, vous m’avez doublée ce matin ? Pourriez dire bonjour quand même !! Malpolis va !!

C’est vrai que souvent on la double le matin avec Christophe.
Cricri il hésite toujours à klaxonner pour dire bonjour, de peur qu’elle sursaute et qu’elle tombe.
Ben du coup, l’aut’ matin, j’ai pas eu ces états d’âme, j’y ai dit bonjour en mettant un bon coup d’klaxon.
Un peu genre :
— TUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU !!!!!!!!!!!!!!!!!
Et ben elle a un peu sursauté, c’est vrai, mais elle était toute contente et elle a fait coucou.

Ouais.
Ben elle a eu tort.
Parce qu’à son âge, faut pas lâcher l’guidon.

Pasque bon, qu’elle ait sursauté, ça, on pouvait s’y attendre.
Mais en plus, et ça, c’est du Tati tout craché, elle a fait comme des p’tites embardées avec son vélo, un peu comme des p’tites ruades voyez, mais pas trop p’tites quoi.
Au début on croyait qu’elle faisait ça pour rigoler, parce que des fois elle est bien rigolote.
Ben non.

Et pis elle a dit :
— PUTAINNNNNNNNNNNNNNNNNNnnnnnnnnnnnnnnnn !!!!!
Parce que là, son guidon, et ben il a fait comme des p’tites hésitations entre gauche et droite, mais très vite voyez.
Et pis en fin de compte, on sait pas pourquoi, il a choisi droite.
Vers le fossé.

Le bol remarquez, valait mieux ça qu’vers la route.
Et heureusement qu’y avait un fossé parce que Tati sinon, elle se retrouvait dans les clôtures qu’elles sont toutes électriques par chez nous, des fois qu’on voudrait nous piquer nos vaches.
Mais comme ces cons d’la mairie y z’avaient pas fait le débroussaillage, ben c’est Tati qui l’a fait.

Sur dix mètres.
En commençant par un roulé-boulé, puis un triple salto avant sur double lutz, suivi par un back-flip, puis full-flip et dans la foulée, ben ouais, le final : saut de l’ange, triple axel, croix de Jésus, et réception nasale.
Un peu façon Candeloro quoi.
Mais en mieux.

Du coup on a vu le panty.
Tu m’étonnes que les chiens s’affolent, moi, ça m’a fait comme des p’tits frétillements au niveau de la sexualité.

Et ben vous allez pas m’croire, mais elle m’a gueulé après !
— Pourquoi moi ? Tin c’est pas vrai ça !! C’est toujours moi !!!
C’est vrai quoi, j’trouve qu’elle charrie Tati des fois. Nous on arrive sympas, un p’tit coup de klaxon, et pour finir on s’fait traiter. J’vous jure, y’a des fois, j’me demande si elle deviendrait pas un peu acariâtre not’ Tati.
Comme aigrie quoi.
En tout cas, c’est à vous dégoûter de dire bonjour en langage klaxon.
Et en plus, comme elle m’a traité !

Et ben vous savez, elle a dit des choses que j’peux même pas répéter.
Vi.
Comment vous dire, elle a dressé comme un portrait de ma personne, mais en pas bien gentil quoi.
C’est bien simple, ça m’a tout diffamé.

Ben on était pas trop de deux pour la sortir de l’ornière, d’autant qu’on arrivait pas à dégager sa jambe de la roue avant. Mais comme on est malins avec Cricri, on a démonté la roue, et on a abandonné le reste du vélo.
Et avec Tati et la roue, on a fait comme un espèce de paquet et hop, on l’a mise dans le coffre.
Mais bon, elle avait trois fois rien.
Et pis elle a pus rien dit.

Mais c’est vrai que des fois dans la vie, les mots nous manquent.

Et un brushing !! Un !!

Ça m’fait toujours marrer.
Les collègues sont persuadés que les profs de techno sont des bricoleurs, des touche-à-tout. C’est sûrement vrai pour la plupart mais pas pour moi.
J’ai toujours eu une franche aversion et un réel sentiment de supériorité envers tous les types d’outils, que je toise volontiers et dont j’évite la fréquentation.
Nous vivons dans une cohabitation pacifique mais nous évitons soigneusement tout contact.
Quand on ne s’ignore pas totalement.
Et je n’ai pas le réflexe bricolage. Je peux côtoyer deux années durant une ampoule grillée sans avoir l’idée de la changer.
Et d’ailleurs, cela se change-t’il ?

Alors quand Tati s’est pointée avec son sèche-cheveux qui soufflait du froid, et pas très fort en plus, je me suis empressé d’appeler Christophe pour étudier l’affaire. Non pas que ce dernier ait plus de compétences mais à nous deux, mus par une émulation quasi sadique, nous osons le p’tit branchement sournois, la p’tite soudure cocasse, et le remontage mutin.
Et souvent, ça marche presque.

— Vous allez y arriver ?
— T’inquiète pas Tati, on va en faire un réacteur de Bœing de ton truc !!
— Ouais ben moi j’veux pas un réacteur, j’veux mon sèche-cheveux !!
Ben ouais, mais nous avec Cricri, ça, on peut pas l’garantir.
Mais on lui a pas dit parce que dans la vie, y’a des choses qu’on peut pas dire.

Bon, on a tout démonté, tout nettoyé et c’est vrai qu’y avait des fils bizarres.
Alors on les a soudés.
Car comme le dit Cricri: « Un bon fil est un fil soudé !! ».
Ensuite on a tout remonté, clippé le tout, et hop, clic-clac Kodak, une affaire réglée !!
Ben on était bien fiers avec Cricri, et d’ailleurs, on a fait un top-la.

— Bon, j’peux l’essayer ?
— Vas-y Tati, tu veux t’mouiller les cheveux avant ?
— Très drôle, j’le branche où ?
— Attends voir… Voilà, tu peux y aller.

Avec Christophe, on s’est un peu reculés, parce qu’on sait jamais, une mauvaise soudure et zou, court-circuit et bonjour l’électrocution ou des fois même, la matière peut fusionner.
Ça dépend.

— Vous êtes sûrs de vot’ coup les gars ?
Là on était bien embêtés avec Cricri parce qu’on savait pas trop, mais en général, peut-être.
Et elle a mis en marche.

Bon comme vous vous doutez de ce qu’y s’est passé, j’vous raconte pas la suite.
Alors bon week-end.
Non, j’déconne.

— PUTAIN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C’est pas nous qu’on a dit ça, c’est Tati.
— NON MAIS QUELS CONS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
J’crois qu’elle parlait de nous.

Parce que j’sais pas c’qui lui a pris au sèche-cheveux, mais y soufflait à l’envers.
Ben ouais, il aspirait quoi.
Et à fond en plus.
Donc les cheveux de Tati, y se sont précipités dans le sèche-cheveux sans demander leur reste.
— MAIS C’EST QUOI CETTE MERDE !!!!!!!!! DÉBRANCHEZ LE PUTAIN !!! MAIS GROUILLEZ VOUS !!!!!!!!!!!
Elle est marrante elle, et si on prend le jus ?

Alors j’ai dit à Cricri que c’était peut être mieux de disjoncter la salle.
Et Cricri est parti chercher le disjoncteur.
— PUTAIN !!! MES LENTILLES DE CONTACT !!!!!

Et pis là, le sèche-cheveux, y s’est mis à faire comme des petites flammes mais pas bien grandes quoi.
Au début en tout cas.
Alors quand Christophe a disjoncté la salle, je me suis précipité vers l’extincteur et j’ai copieusement arrosé Tati.
J’ai pas lésiné sur la mousse, on y tient à not’ Tati.
C’est marrant, on aurait dit un bonhomme de neige.
Mais en plus gros quoi.

Enfin bref, ouf ! On a sauvé Tati !!

Ben on a bien eu peur quand même, heureusement qu’on a eu le bon réflexe avec…
— Putain c’que vous êtes cons !!!! Mais c’est pas vrai ça !!!!
— Ben quoi ? Tin !!! On t’sauve la vie, et tu nous insultes !!!!
— Et comment j’fais moi ? J’marie ma nièce samedi !!!!!
— Vous pouvez pas reporter la cérémonie ?
— Et celle-là, tu veux que j’te la reporte ?
— Mais dis Tati, fais voir le sèche… mais tu l’as tout niqué !!!!!

Et ben Tati elle a écrasé le sèche avec son pied, et même que quand on a essayé de lui enlever la mousse carbonique, et ben elle nous a repoussés.
Et ben j’l’ai trouvé limite vexante sur ce coup là, ben ça nous apprendra à rendre service avec Cricri.
C’que les gens sont susceptibles quand même.
Et elle est partie très en colère.

Moi c’qui me gênait le plus c’était ses cheveux brûlés, parce que la cérémonie faudra la reporter d’au moins six mois.
Ben avec Christophe on trouvait dommage que ça s’termine comme ça, ça avait si bien commencé.
Alors on a été un peu tristes, mais pas trop, juste un peu quoi.

Et là, la tuile.
Ça frappe à la porte et le chef y passe la tête.
Putain, avec Cricri, on a eu des frissons rien qu’de penser à l’avoinée qu’on allait s’prendre.
Quand on sait l’affection qu’il nous porte çui-là.
— Dites messieurs, c’est qui cette foldingue dans la cour avec d’la mousse à raser sur la tête ?
— Ben, on sait pas…
Ouf !! On a été bien rassurés.
— Bon ok. Au fait, y’a la pompe de mon sanibroyeur à réparer, c’est de l’électronique non ?
— …
— Vous pourriez m’faire ça ?

Alors je regarde Christophe, Christophe me regarde, on regarde le chef, et le chef nous regarde.

Quelle question…
Bien sûr qu’on peut l’faire.

Tati

C’est la secrétaire du boss.
Un des rares personnes à tout savoir sur tout, à le faire savoir, avec savoir-faire, sans se faire valoir, encore que ça, ça reste à voir.
Une crème de femme.
Ou une sauce, un coulis, je sais pas, car elle en impose.
Des mollets de lanceur de poids, une carrure de bison, une poitrine opulente dessinée et maintenue par un partenariat Wonderbra/Otis-Levage-ascenseurs dont on ne saluera jamais assez les prouesses techniques.
Une féminité imposante, à la limite de la virilité, mais aussi des ongles joliment peints, des bagues ornant tous les doigts et un irrésistible jonc sur l’avant bras, faisant office de garrot.
Manque plus que la petite chaînette à la cheville, et j’fais une connerie.

J’adore tati et on s’entend super bien.
Elle est très active et faut l’entendre m’interpeller dans la cour depuis la fenêtre de son bureau, avec ce timbre grave, puissant et sonore, qui propulse les 600 gamins dans la cour contre le grillage du fond, dont il faut les décoller un à un.

Tout événement est célébré par tati : mariage, naissance, mutation, nouvel arrivage ou autre.
C’est l’occasion pour elle de glisser dans nos casiers, un petit mot pour nous informer de l’événement et demander quelque menue monnaie pour le cadeau qu’elle ne manquera pas d’aller acheter.
Mais en salle des profs, autant nous nous réjouissons de tout évènement, autant les contributions en espèce demandées par tati créent un sentiment de malaise, comme une gêne, peut-être de la pudeur en fait.
Car nous sommes une belle bande de pingres, de pingrasses, de ratasses ou de c’que vous voulez que l’écureuil à coté c’est mère Théresa.
Ou sœur Thérésa, j’sais plus, enfin moi, j’connaissais surtout la mère.
Mais tati, avec les cinq euros récoltés, trouvera quand même le petit cadeau qui réjouira l’heureux destinataire. Celui-ci jurera qu’il n’oubliera jamais, ah ça jamais, au grand jamais, et promettra que la couronne mortuaire reçue sera posée à la place qu’elle mérite, sans toutefois préciser laquelle.
Mais bon, ça fait surtout plaisir à tati.

Et puis on a eu plein de conversations sérieuses sur la vie, l’amour…
Mais surtout la vie.
Et pourtant, qui ne craquerait pas pour ce visage rougeaud, ces cheveux gras et cette opulente poitrine derrière laquelle se cache un cœur gros comme ça ?
Non, un peu plus quand même… voilà, comme ça.

Je lui dédie ce billet car son humanité me touche, égoïste et cynique que je suis, et que je sais que mes conneries, ça la fait marrer.
Bisous tati.

PS : vous remarquerez l’habitude prise d’une gentille conclusion, c’est juste pour éviter de me faire caillasser.