Trop ingérer n’intègre pas

J’ai jamais entendu d’élèves tenir des propos racistes.
Non pas qu’ils soient particulièrement respectueux et dépourvus de préjugés, mais ils ont parfaitement intégré, comme les adultes, que de tels propos les exposaient à des sanctions sévères.
Ou alors, c’est sous la forme :
— M’sieur, j’crois qu’j’ai fait du travail d’arabe.
— ?…
Je relève ce type de remarque. Ce qui ne manque pas d’étonner les élèves.
Mais j’évite de sanctionner, j’explique.
Non, vous pouvez être de n’importe quelle confession ou origine, au collège, vous ne risquez rien. Les seules ethnies auxquelles je déconseillerai vivement d’appartenir, c’est celles des gros et des moches.
Pour ceux la, j’peux vous dire, c’est terrible.
Je suis amené à intervenir souvent.
Et la que faire ? Un voile, on peut toujours le laisser à la maison, une kippa pareil,
mais 30 kg de surcharge ? ou une tête de tueur ? des oreilles paraboliques ? une taille d’1,10 m ?
Là, j’voudrais m’adresser aux parents :
Si vos gosses sont gros et/ou moches, ne les envoyez pas au collège !!
Pitié, bon sang, soyez responsables ! Y vont s’faire massacrer.
Mettez les au régime, tentez le relooking, la chirurgie, ou placez les dans des sectes.
Car les ados sont cruels.

Hier encore, Adeline (pas gâtée celle la) me demande en début de cours, si elle peut se mettre à coté de sa meilleure amie (pas mieux). J’dis OK.
La dessus, Grégoire s’empresse de commenter :
— M’sieur, les mettez pas ensemble, ça va faire thon sur thon !
J’lui ai demandé de s’excuser.
Mais c’était un peu vrai, quand même.

Pour certains, le collège, c’est l’école du râteau.
Et parmi eux, certains s’les font livrer par cartons entiers.

Pour être franc, j’ai laissé dire un truc raciste, une fois, lors d’une sortie scolaire.
On était dans un bus, et des élèves au fond ont repéré qu’on était suivi par une voiture immatriculée 75.
Ils ont commencé à chanter :
— Parigots, têtes de veaux, parigots, têtes de veaux…
Propos hautement discriminatoire s’il en est.
J’ai rien dit. Mais j’assume, quitte à devoir m’en expliquer avec ma hiérarchie.
J’étais même ému et en parfaite osmose avec mes élèves.
Car faut vous dire, que par chez nous, on l’aime pas trop l’parigot.
Et qu’nous autres, quand on voit un 75, on a envie de prendre une fourche et d’lui carrer dans le cul !
Vingt dieu d’vingt dieu !
Excusez moi, c’est l’émotion.
Ah, que j’aime mes élèves dans ces moments la.
Ils ont chanté ça pendant un quart d’heure.
J’en avais les larmes aux yeux de voir la relève ainsi assurée.
Puis ils ont enchainé sur des airs de pubs.
Très drôle.

Mais bien sur, ça a dérapé. J’ai du intervenir.
Ils chantaient la pub du PMU. Vous savez : Péééééééé, Mmmmmm, Uuuuuuu, etc…
Enfin, leur version.
— Péééééééé, Mmmmmm, Uuuuuuu… on l’a tous dans l’c…