La mayonnaise ne prend pas

Y’a pas plus réfractaire à la mixité qu’un élève de collège.
Ils ont le plus souvent des tendances à la coagulation par affinité.
L’affinité est variable.

C’est le quartier d’origine, le pays, la classe sociale, le travail, la glandouille, l’humour, la religion, le sport, la musique, l’âge, le sexe. La liste est longue.
En ce sens, ils ne sont pas différents des adultes.
Ainsi, en début d’année, si vous avez trois supporters de l’OM dispersés dans la salle, vous pouvez être sur qu’au bout de quelques séances, la tribune ouest du stade vélodrome sera reconstituée.
Et toute l’année il faudra se justifier de préférer Lyon.
De la même façon, vous ne trouverez jamais des glandeurs disséminés dans une classe.
Les glandeurs ont la particularité de former des grumeaux compacts.
Et comme les grumeaux d’ ailleurs, ils sont assez lourds et on les trouve plutôt au fond.
Devant sont placés les fayots, formant de petites poches, juste sous les yeux.
Sur la droite un nid. Ça pépie, ça jacasse, ça roucoule. C’est le fan-club de Matt Pokora.
Sur la gauche, les vindicatifs, les récalcitrants, ceux qui veulent en découdre, qui niquent la police.
Une classe est un ensemble de zones de fortes concentrations typées et juxtaposées. Mais qui choisir comme copain ? Ou copine ?
En effet, un glandeur qui aime le foot, choisira t’il le groupe glandeur ou le groupe foot ?
C’est à ce stade que se fait, ce que j’appelle, le choix de l’option.
Regardons de plus près la constitution des groupes à option.
Vous trouverez, par exemple, un groupe foot option glandouille, ou bien, un groupe foot option algérie. Qui peut glandouiller aussi à l’occasion.
L’option est-elle obligatoire ? Oui et non. Un footeux-glandeur intégrant un groupe foot-travail n’est en aucune façon tenu de travailler. Mais il en résulte que son appartenance au groupe lui sera disputée.
Il doit mieux définir son objectif et plutôt s’orienter vers un groupe glandouille à option quelconque.
Rappelons à ce stade, qu’un groupe se constitue autour d’un cœur de cible.
Il peut aussi, éventuellement, négocier avec le groupe rugby, assez proche, si celui-ci dispose de l’ option glandouille, mais passera, de toute façon, sûrement pour une tapette. Un groupe travail-fayotage peut-il glander ? Bien sur. Il s’agit là d’une dérogation temporaire tout à fait habituelle. A l’opposé, un groupe glandouille-branlette peut tout à fait se mettre au boulot. Mais ceci reste exceptionnel car le groupe n’y survivrait pas. Un glandeur souhaitant travailler, donc trahir, s’expose à de graves difficultés et se retrouve tout bonnement bannis.
En même temps, il l’a bien cherché.
Chaque élève fait donc preuve, dans ce domaine, d’une certaine prudence. Au dessus des groupes, on trouve bien évidemment l’ensemble classe, mais, juste en dessous, des sous-classes génériques et largement consensuelles.
Ainsi, la sous-classe Clara Morgane est commune à tous les garçons. De même que la sous-classe Star Academy est commune à toutes les filles.
Il est important de bien les connaître car elles peuvent dépanner à l’occasion, pour recréer, par une simple remarque, l’unité de l’ensemble.

Une réflexion sur "La mayonnaise ne prend pas"

  1. J’adore!!!!

    tout, le style, l’humour, l’analyse…
    C’est un régal !!

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