Aujourd’hui : la torgnole. Aussi nommée taloche, targette, tarte, soufflet, baffe, claque, mornifle, etc.
Connue depuis l’antiquité, et même avant, la torgnole a su traverser les âges, et conserver son caractère rustique et sa concision exemplaire.
La torgnole, un geste simple, pétri de tradition, véritable éloge du travail manuel et persistance d’un artisanat d’antan qui a formé bien des tempéraments et déformé bien des visages.
Il est temps de remettre ce geste à la place qu’il mérite : la joue de nos élèves.
Des études récentes ont démontré que la simple torgnole équivalait à une heure d’exposé pointu, huit pages d’argumentaire détaillé, deux encyclopédies complètes traitant de psychopédagogie et les œuvres complètes de Françoise Dolto.
Édifiant non ?
Mais comme vous le savez déjà, nos jeunes enseignants, encore malhabiles, rejetant la pédagogie d’autrefois, semblent réticents à son usage. Aussi, par quelques rappels simples, je vais tenter de leur donner le goût de la chose, et par définition étant un spécialiste de la leçon, de leur en donner une bonne.
Premièrement, il est hors de question de pratiquer cet acte sans un mobile.
Nos jeunes enseignants sont bien souvent désemparés car quelle est cette frontière vague qui sépare l’échange bon enfant de l’agression verbale caractérisée ? de l’insulte grossière, vulgaire, outrancière, humiliante, dégradante, avilissante, qui vous coûtera cinq ans de psychothérapie, la perte de votre honneur, de votre logement, de votre famille, de vos droits civiques, et j’en passe ?
Illustrons par l’exemple ce pertinent questionnement et imaginons la situation suivante:
Soit un élève x s’adressant à un enseignant y de la façon suivante :
— Monsieur, vous êtes un gros connard.
Voilà, ça c’est un mobile. Ça n’apparaît pas à première vue mais c’est bel et bien un mobile.
Toutefois, vous avez pu mal comprendre, et il est toujours bon de se le faire confirmer comme ceci :
— Tu veux bien répéter ce que tu as dit, s’il te plaît ?
— Monsieur, vous êtes un gros connard.
Voilà.
Les derniers doutes sont levés et il apparaît clairement que l’élève a une piètre opinion de vous et qu’il ne se cache pas d’un certain dédain.
Évidemment vous êtes un peu vexé, car au fond de vous subsiste un vieux fond de susceptibilité, certainement dû à une maltraitance enfantine qui vous a vu pendu par les pieds dans le garage familial pendant des jours par un père cocaïnomane. Ceci a certainement subtilement affecté votre personnalité, expliquant cette sensiblerie exagérée et cette tendance au caprice, mais ressaisissez-vous, ne vous décontenancez pas, faites face, car vous êtes quelqu’un de bien, n’en déplaise à votre père.
Mais comment expliquer à ce galopin que vous êtes en total désaccord, que vous n’êtes pas le personnage qu’il imagine mais une âme sensible, quelqu’un d’attachant, qui aime le macramé, la crème Mont-blanc, que vous avez un poisson rouge, que vous allez voir votre grand-mère pour tous ses anniversaires le 29 février, que vous relevez toujours la lunette avant, et tout ça en un dixième de seconde ?
Impossible dites-vous ?
Et pourtant la solution est là, sous vos yeux : votre main.
Magique non ?
Mais pas d’empressement, un petit échauffement préalable s’impose pour éviter tout accident.
Commencez un léger sautillement en basculant d’un pied à l’autre, comme si vous sautiez à la corde, relâchez bien les épaules et basculez la tête de gauche à droite pour une détente complète des cervicales.
Les élèves vous regardent amusés, et lancent quelques quolibets et autres fournitures de bureau, mais restez concentré, et après quelques minutes cessez le sautillement.
Placez vous face à l’auteur de cette regrettable erreur de jugement, et allongez le bras le long du corps.
Pivotez les épaules autour du bassin, celui-ci restant fixe. Décollez votre bras et levez le vers l’arrière, mais pas trop, coude légèrement plié.
Bloquez sur cette position, respirez profondément.
Et là, d’un coup, pivotez l’ensemble épaules/bras le plus rapidement possible dans l’autre sens, le bras tendu, la main en position d’offrande, et appliquez celle-ci exactement entre la pommette et le bas du menton.
À fond.
Allez-y, lâchez-vous.
Voilà.
C’est un geste simple, donc vous avez toutes les chances de le réussir du premier coup.
Normalement, si le geste est réussi, l’élève ne devrait plus être devant vous, mais légèrement décalé latéralement, de quelques centimètres à quelques mètres, selon son poids.
La mesure exacte du déplacement, à l’aide d’un simple décamètre, pondérée par le poids, donnera une évaluation précise du geste.
Pour ce qui est de la couleur de la joue de l’élève, élément essentiel permettant la validation définitive, je mettrai à votre disposition sur Internet un nuancier à télécharger.
Nota : si l’élève, au moment de la torgnole, se trouve à proximité d’un mur, peut se produire un effet de rebond : attention ! Le rebond ne compte pas.
Ce serait trop facile.
Nous verrons prochainement comment contourner les problèmes posés par les lunettes, les bagues et les conséquences administratives et judiciaires.
Deux remarques pour finir :
Pour une meilleure efficacité, le visage de l’élève doit se situer au niveau de votre épaule soit un élève inférieur à vous de vingt centimètres environ.
N’hésitez pas éventuellement à prendre une marge, soit au total trente centimètres de moins que vous.
Des séquelles neurologiques sont toujours possibles, donc réservez ce geste à des élèves pour lesquels ça ne changera pas grand chose.
D’accord, je le reconnais. Ce qu’il a que les autres n’ont pas s’appelle « un talent fou ».
Good luck ! Avec toute la minutie et la lenteur pour exécuter ton mouvement, j’ai bien peur que la main (ou l’arme blanche ou ….) du jeunot va arriver en premier…
Est-ce que Regardeuse veut dire un talent fou mais…. …. ??? :–)
Magistrale
Je me suis relevée pour lire cette magistrale leçon. Si mon voisin continue à me pourrir la nuit, je passe aux travaux pratiques.
La didactique blogosphérique c’est comme le shampoing 3 en 1 : on apprend en se tenant les côtes et en riant comme des grosses baleines.
Peut-on espérer la leçon de fessée?
Merci d’avance!
ah! Quel plaisir de vous lire!
Je vous adore
Charly comme on l’aime … Méchant, cruel, affreux mais l’air de rien et avec du style !
Tu es trop fort ! Excellent ! Pliée à nouveau devant l’ordi !
Bisous !
M’en vais relire ça tout de suite …
ah! Quel plaisir de vous lire!
Je vous adore
Raymonde,
Lorsque je dis « un talent fou » il n’y a pas de « mais… » en filigrane. Je vous l’assure :-)
Ca veut réellement dire que je m’incline avec bonheur devant l’humour qui a du panache, du brio, de l’intelligence.
D’autre part, s’il y avait eu un « mais… », je l’aurais carrément mis en exergue. Je crois que je sais faire.
Faire ressentir à ses lecteurs les frissons que nous procurait un Desproges n’est pas donné à tout le monde, vous êtes d’accord avec moi Raymonde sur ce billet de la torgnole, je le sens.
A ce propos, pourquoi certains qui en sont à l’évidence dépourvus s’acharnent-ils lourdement à vouloir se persuader du contraire ? :-(
Fantastique, j’adore!
Vive Charly
Du grand Charly !!!
Bisous.
mais heu?
je te croyais parti en vacances, charly et j’ai des pitis probs avec mon ordi, mais voilà je suis reviendu pour la leçon du jour et j’ai mimé en lisant, çà le fait!! sauf que je suis trop petite, il faut que je loue des échasses quand j’ai mes 3èmes OGM. J’suis fichue de leur claquer c’qu’y faut pas, ouarf ouarf!
Contente de te lire à nouveau, çà fait du bien.
Bande de sadiques va.
Si c’est pas une honte ça.
Pas de commentaire de Michèle ?
Ce serait bien qu’elle donne des nouvelles quand même.
TIDOIGTS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Alors, non.
J’arrive doucement, à pas feutrés, comme au chevet d’un grand malade, pensant, chantonnant presque, la voix brisée de sanglots « Charly…C’est fini…Et dire que c’était la ville de mon…enfin, bref. Et là, que vois-je ? Non seulement le bougre est encore debout, mais, pire, il est au mieux de sa forme !
Ses sentiments si contradictoires qui me traversent m’empêchent d’en dire plus.
Enfin, si. je dois avouer que je me suis marré grave (et ça fait mal quand je rigole à cause de ma rhinopharyngite). C’est tout simplement dégueulasse. Je ne vous salue pas, Môssieur.
Ah le coup du rebond !
Tu as raison, ça compte pas ! mdrrr
:-)
posuto, pardon, mais ton message de deuil était si touchant que c’est un vrai plaisir de disparaître.
Évidemment, posuto, tu es peu fâché, car au fond de toi subsiste un vieux fond de susceptibilité, certainement du à une maltraitance enfantine qui t’a vu pendu par les oreilles sur l’étendage à linge pendant semaines par un père psychopathe. Ceci a certainement subtilement affecté ta personnalité, expliquant cette sensiblerie exagérée et cette tendance au suicide, mais ressaisis toi, ne te décontenance pas, fais face, car tu es quelqu’un de bien, reste plus qu’à le prouver.
Gloria, je vais ajouter une annexe pour le rebond parce que c’est vrai pourquoi ça compte pas ?
Ah charly…
…il va me falloir beaucoup d’affection. Mais, grace à ton contact, je peux hisser ma tête hors de l’ieau, heu, de l’eau (il faut excuser cette faute de frappe, mon doigt à glissé à cause d’une larme sur le clavier).
une bouffée de bonheur !
votre blog, c’est comme le soleil qui se lève le matin… Le cri de l’hirondelle en été…. votre enfant qui se blotti dans votre épaule… votre hom qui vous glisse « je t’aime » le matin….
mais, avec en plus :
les crises de rires entre copines…. Les soirées entre amis… La chutte inatendue (mais sans bobo)comme à vidéo gag, la tete que fait un chat surpris au coin d’une rue par un CHIEN.
merci, merci, merci, merci !
De retour de vacances avec une apologie de la gifle. C’était comme toujours très sympa à lire et des passages franchement tordant.
bon week end Charlie
Tout le monde rit, je dois être à part…Pas d’effet boomerang ?
tu trouves pas ça drôle ma belle enseignante (Michèle)?
Belle (bof) enseignante (rebof)..Trop contente de te retrouver Raymonde et sur le blog de Charly en plus yeahhhhhh…How are you, honey Raymonde ?
Salut tonton Charly,
Mais dis-moi, t’es une vrai star, cherie et adoree… Faut dire que tes allegeances, ça me fait aussi bien marrer. Je n’te connaissais pas ces talents, meme si, apres quelques verres (et souvent un peu plus), tu sais laisser courrir ta verve aux reunions familiales.
Pour ce qui de tes autres talents, assez proche de la verve mais plus bas… ce doit etre dans le genes.
C’est encore la mere qu’a cafte…
Ah !!!! p-chan !!! Mon fillou !!
Fils de ma vénérable sœur, toi que j’ai porté sur les fonts baptismaux, à qui je n’ai jamais strictement rien offert par pure radinerie voulant t’enseigner ainsi ma plus grande qualité.
Hormis une canette d’une bière tiédie dont il ne reste que la capsule, goulu que tu es.
Toi, fillou, qui a quitté nos terres de provence pour le verso du monde, lève ton bol de riz à la santé de ton vieil oncle fourbu, et dressons ensemble nos baguettes pour nos mies.
Tonton Charly
Hé ben….
Alors là, comme d’hab, chuis morte de rire…
Mais quand même, pendu par les pieds dans le garage familial par un père cocaïnomane… Et pendant des jours encore !! effectivement, ça peut/doit laisser des séquelles… mdr !!
Non mé où cét’y que vouzallé cherché toussa ???
Merci m’sieur Charly ! :-))
J’appliquerai ce pieux conseil si d’aventure j’échoue au sein d’une quelconque structure scolaire. Cela dit, la ruse du rebond, c’est un truc sponsorisé par les Industries MamanEnRogne, qui s’arrangent toujours pour qu’on s’engueule près d’un mur.
mort de rire mais..
voilà je ne suis pas prof mais, que peut-il se passer si les parents du gamin portent plainte???