
Robert déboule en salle des profs.
Il semble très en colère.
L’émotion est vive. Jugeons-en plutôt.
— Y m’ont collés une heure supplémentaire !
— Non, c’est pas vrai !
— Si, et juste le vendredi, tu vois, de 4 à 5.
Putain, j’suis dégoûté.
Tu t’rends compte, j’viens travailler pour une heure !
Ah les cons !
— Et ça t’fais combien d’heures du coup ?
— 8,5.
— C’est vrai qu’c’est pourri. 8,5 heures. Quand tu penses que dans l’privé, y font ça en une journée, et que les mecs s’révoltent même pas !
— J’vais m’foutre en arrêt maladie, ça va pas trainer. Les gamins, j’vais te les foutre devant l’ordinateur, Ils iront sur internet. Rien à foutre. On n’est pas des chiens quoi !
— Appelle le rectorat.
— Mais non, la première heure sup, tu peux pas la refuser !
— C’est une honte.
Remarque, en même temps, ça te f’ras des ronds en plus.
— Attends, tu crois qu’je bosse pour le fric moi ?
— Ben, tu bosses pour quoi ?
— La transmission du savoir, pourquoi ?
— Et ben tu vois, tu peux transmettre une heure de plus.
— Très drôle. Ça m’amuse pas du tout.
J’vais leur foutre le SNES au cul, tu vas voir.
— Qu’est-ce que tu veux qu’y fasse le SNES ?
— Dis, j’leur paye ma cotisation, peuvent bien s’fendre d’un entretien avec le principal !
— Putain, j’y pense, ma cotisation au SNES. J’l’ai pas payé. Y m’ont envoyé un rappel.
Y paraît qu’à la deuxième injonction, y peuvent te virer du syndicat.
— Tu déconnes ? Non, c’est pas possible ça.
— De fait, dans la fonction publique, y’a que du syndicat qu’on peut t’virer.
— Sans syndicat, qu’est-ce qu’y nous reste ?
— Putain moi, j’prends le maquis !
— Et pour ton heure sup ? Tu vas faire quoi ?
— J’vais en profiter pour nettoyer ma kalachnikov.
Noble cause que le transmission du savoir mais la bonne marche du capitlisme, il en fait quoi?