Un prof peut-il être démago ?

Manquerait plus qu’ça !
Utiliser de si viles méthodes pour assurer le calme dans ses classes, ça me révulse tiens.
Quel est le pleutre qui se livre à de tels forfaits ? Hein ? Qui ? Qui ? Riquiqui ?
Non mais… c’est vrai quoi…

Bien.
Voilà voilà.

Bien qu’il me semble, maintenant qu’j’y pense, avoir par mégarde…

J’ai le souvenir d’un vif échange qui m’opposa jadis à un charmant bambin d’1,80 m et à peu près large comme un fuseau horaire.
Mais doté d’une cervelle d’un modèle ancien dont la fabrication fut abandonnée en raison de nombreuses malfaçons et dysfonctionnements, semblant dus à des connexions électriques fantaisistes à l’origine d’intempestifs courts-circuits.
Ceux-ci provoquaient immanquablement un ralentissement des flux d’informations formant d’inévitables caillots empêchant de dépasser le simple stade du rap.
Malheureusement, se développa un marché de l’occasion particulièrement florissant ou certains de ces modèles se virent soumis à des opérations de tuning sauvage, ou ces jeunes cervelles, mêmes poussées à plein régime, semblaient produire si peu de chaleur, que nombre de ces malheureux se virent contraints au port d’une casquette, voire d’une capuche, pour éviter qu’elles caillassent et donc calassent.

Mais cessons là cette digression et revenons à l’objet de ce billet.

Je proposai à ce chenapan casquetté de bien vouloir retirer son capuchon.
Il m’invita à venir le retirer moi-même.
Bien que touché par sa gentillesse, je déclinai l’invitation et réitérai ma proposition.
Le voyant refuser vertement mon offre, je lançai une OPA (Offre de Punitions Assorties). Ce qui le fit bien rire. Ce fut peu flatteur pour mon ego et j’en vins même à douter de mon charisme.
Un brin désemparé, je vis là l’occasion de tester cette vieille pratique qu’est la démago-pédagogie.
Je lui fis part de mon total respect pour sa personne et pour ses attributs, dis que le respect de la règle n’était pas punition et que je respectais les siennes et je glissai subtilement le mot « rap » dans le flux de mon propos.

Bingo !

Pardon.
Je touchai là le cœur de sa construction et j’anéantis d’un coup ses velléités. Son visage devint comme illuminé par quelque grâce divine car il releva céans le sésame prononcé.
S’ensuivit un débat sur d’illustres rappeurs ou il fut saisi par mon abondante culture sur le sujet.
Il fit sauter son capuchon et s’assis, radieux, limite benêt, et reconnu (merci Françoise Dolto).
Il me prêta quelques CDs pour m’en faire copies et nous passâmes une année merveilleuse.

Je fus gêné tout de même lors du conseil de classe, ou mes collègues, excédés par son comportement, proposèrent une commission de discipline, ultime étape avant le conseil du même nom.
N’ayant plus, et pour cause, de problèmes avec lui, je restai discret, me sentant vaguement coupable et donc complètement absorbé par l’observation attentive de ma chaussure gauche.
Mais je fus repéré par une jeune collègue qui, étonnée par mon silence, demanda ce qu’il en était dans mes cours.
— Ben… heu… ça va… ça va bien même… qu’est-ce qui fait chaud… voilà…
Ils me fixèrent tous, interloqués, mais éblouis par tant de compétences.
Bien qu’embarrassé par leur reconnaissance, je me gardai bien de révéler mon terrible secret.

Mais cet épisode changea mon enseignement car je compris que pour être entendu, il fallait écouter. (Putain la vache ! comme j’me la pète !)

21 réflexions sur "Un prof peut-il être démago ?"

  1. Quelle belle expérience ! Et quel beau récit ! J’aime quand ça se passe comme ça ! Je travaille dans un foyer avec des adolescentes un peu beaucoup difficiles quand même… et quand on y met du sien et que l’on prend le temps, tout de suite (enfin pas tout à fait mais presque…), ça va mieux !

  2. Joli!

    Ce qu’ils appellent démagogie, c’est juste un regard un peu plus sincère, oui, pour avoir la paix, et alors? On gagne à s’intéresser à ceux qui ont un comportement de caïra, comme dit le nabot hystérique, là…mes élèves écoutent du rap alternatif (bonjour l’ambiance) qui parle de la pauvreté, des incendies de foyer (nous avons perdu 6 élèves l’an dernier et avons accueilli quelques héros qui en ont sauvé…vive la play station et le rap, alors!) j’aime pas du tout mais j’écoute, je conseille, et surtout je marchande…je suis une épicière de l’enseignement,je troque contre le slam, le trip hop, les citations et les reprises dans le rap, mais bon, chanson préférée l’an dernier: « jésus » de Voulzy(!?!) rien compris. Bravo pour ton post, c’est un régal pour moi de te lire.

  3. Coucou

    LAUDY je vois qu’on se comprends. Mais j’pensais pas avoir écrit un conte moral mais juste une bêtise.
    REGARDEUSE oui oui oui oui oui oui oui, mais vous êtes tellement inaccessible ;-)
    TIDOIGT épicière de l’enseignement, bien vu, moi pareil, ou échange équitable, enseignement durable. Bisou dièse

  4. Moi, j’appelle pas ça de la démagogie, j’appelle ça du bon sens.
    Et le principal n’est-il pas que l’élève se calme, te respecte et soit sympa pendant tes cours ??!!!
    Alors, ben je dis que c’est toi qui a raison Charly.
    Bisous.

  5. Quand j’avais 15 ans, je voulais être prof (de maths en plus).
    Cela ne s’est pas fait.
    Aurais-je été à la hauteur. Certaines fois j’ai des doutes …
    Mais toi, tu l’es ;-)

  6. est-ce de la démagogie ou juste une démonstration du précepte « pour être respecté et écouté recpecte et écoute les autres »…????
    chaque année ne troisième je fais un chapitre sur la poésie engagée et je demande aux élèves des textes de leurs chansons préférées, dans la mesure où ce sont des textes engagées. Chaque année je découvre des merveilles insoupçonnées et chaque année les élèves élisent comme chanson préférée Lily de pierre perret…Comme quoi les échanges culturels ont du bon…pas de quoi avoir honte en conseil ;)

  7. Trois petits points encore … car j’ai eu aussi ce « genre d’élèves » … et quand en plus tu es une nana, prof de français, le truc qui leur donne des boutons … rien que d’annoncer la couleur (orthographe,dictée, lire des livres, parler de sentiments forts parfois … devant les autres … écrire des poèmes … ) moi aussi je « deale » avec eux. Obligée. Sinon ils te foutent le cours en l’air, ça tourne au vinaigre dans l’œil … et moi, il m’arrive bien souvent de ne pas dormir pour certains trucs, de petits mots, deux mots parfois échangés avec certains élèves. Mais les élèves ils s’en fichent, nous ne sommes que des profs … ils ne se doutent pas parfois que … ben moi c’est viscéral ce métier … je le vis dans mes tripes … et comme avait dit Madonna une fois (dsl pour la référence mais je trouve ça tellement juste ) … au sujet de ses concerts à 10 000 personnes, « quand je fais un concert, s’il y a une seule personne qui en ressort déçue, ben c’est celle-là que je vais retenir et qui va me bouffer le moral pendant des jours. » Punaise en entendant ça … Moi c’est pareil .. mes cours, je mets bcp de temps à les préparer, je suis du genre lente et perfectionniste quand bien même je fais vraiment « la con » parfois en classe lol pour mettre un peu de légèreté … dans les règles pointues que j’enseigne … mais si j’en vois un ou une qui s’ennuie, qui me regarde d’un air de pitié ou qui va faire son souk, ça peut me bouffer pendant tout un we moi aussi. Mais en général je le prends … quelques minutes après un cours … et je lui demande de tout me dire, avec ses mots. Je deale … ouais démago si on veut. C’est aussi ce qui me permet d’aller travailler les jours suivants. Y’a aussi des gosses super cabossés de la vie et je pense … que les cours, ça doit les gonfler à mort.
    Sorry d’avoir été si longue … tu peux supprimer si tu veux … P’tit coup de blues là …

  8. Et si je me taisais plutôt ? Bon, après je me tais. PROMIS

    Je peux me tromper (et puis je ne suis pas prof) mais imaginer La Madonna en train de se bouffer les sangs parce qu’un seul pignouf aura été déçu par son show (en play-back pour certaines chansons), moi, Bounty, j’ai du mal à le croire. Et j’ai ENCORE PLUS DE MAL A CROIRE que toi, prof de français, adulte, structurée, rsponsable et responsabilisée, tu aies pu une seule seconde croire que ce que tu venais de lire dans un journal people de seconde zone (pléonasme) ait pu être vrai…
    Bounty : ressaisis-toi ! vite ! là ! maintenant ! y’a urgence !! Un élève qui zappera un des tes cours, y’en a eu, y’en aura (t’as jamais zappé toi ? moi si) De là à te ficher en l’air ne serait-ce qu’une heure de sommeil réparateur : NON !! Ca va là !! Bounty, tu es UN PROF ADORABLE ET BOURREE D’ENVIE ET D’IMAGINATION pas une mater dolorosa.
    Allez, on fait com’ça ? On reprend le blog de charly pour ce qu’il est : un espace d’humour et d’auto-dérision, pas un miroir à angoisses ? Parce que, perso, je le soupçonne, notre Charly de se détendre en écrivant son blog et de se payer notre tête en buvant une bière quand il voit qu’on l’a pris au pied de la lettre.
    Bounty, je te jure, je te trouve adorable mais reste sensible ; ne verse jamais dans la sensiblerie, parce que t’es comme l’Oréal : TU LE MERITES ;-))
    Clin d’œil gentil

  9. Elle a le droit d’être plus que sensible, Bounty, même si Charly rigole et ironise. Mater dolorosa et puis humanité, elle se donne sans compter, même que ses élèves la croient pas toujours. Elle me plaît cette fille avec son vrai coup de blues. Tu te souviens regardeuse, d’une photo d’une piéta, femme ayant perdu ses enfants lors d’une guerre (au Liban ? )il y a plusieurs années déjà. Son visage est dans ma tête.

  10. oh… Michèle…

    Loin de moi l’envie de fouler aux pieds la détresse (non, le terme est trop fort… bon : le coup de blues) d’une Bounty dont je n’arrête par ailleurs de louer la sincérité.
    Mais de là à passer carrément à cette femme ayant perdu ses enfants pendant la guerre… euh… y’a comme un décalage que je ne me sens pas en mesure (ni ce soir ni un autre) de franchir.

  11. oh… Michèle…

    Loin de moi l’envie de fouler aux pieds la détresse (non, le terme est trop fort… bon : le coup de blues) d’une Bounty dont je n’arrête par ailleurs de louer la sincérité.
    Mais de là à passer carrément à cette femme ayant perdu ses enfants pendant la guerre… euh… y’a comme un décalage que je ne me sens pas en mesure (ni ce soir ni un autre) de franchir.

  12. Alors ça !

    Je viens d’arriver (par inadvertance) et j’ai trouvé votre billet très drôle (j’ai fait de petits hoquets bruyants pendant ma lecture). Alors franchement, ça n’est pas une menace MAIS…je reviendrai. :)

  13. Bienvenue Posuto. Les hoquets j’avais entendu mais ici on entend bien d’autres choses ;-)
    Bounty je te fais un gros bisou.
    Je comprends le coup de blues, c’est pour ça que j’ai créé cet espace détente. Ouais et j’suis en de voir pour des massages, on sait jamais, avec l’ADSL tout est possible ;-)

  14. LOL

    En relisant mon mess de ce matin je m’aperçois combien je devrais plutôt faire des grass’mat le dimanche ! Nooon pas de pb Regardeuse, merci pour tes mots tu as tout à fait raison sur plein de points … et j’apprécie tous tes mots toujours envers moi … sache juste que je ne plaisante pas … quand je dis que je ne dors pas bien à cause d’UN ou d’UNE élève .. je ferai sûrement un billet là dessus … les élèves parfois ils croient qu’on est insensibles … Pfff Puis je te prie de ne pas critiquer Medownaa, je suis fan de sa carrière ! Respect ! Même si je n’aime pas trop là, sa fin en quelque sorte mais cette nana est une perfectionniste … je pense qu’elle disait vrai … enfin qu’elle a toujours été attentive à ce que l’on pensait de ses lives. Bref, là n’est pas le sujet.
    Je prends bien un rabe de bisous de Charly. Besoin.
    Merci. Vous êtes choux.
    J’tadore Regardeuse !
    Bounty

  15. La regardeuse: c’était juste une référence à une mater dolorosa belle. Sans plus. Ne franchis pas.
    J’aime la naïveté de cette Bounty et sa fraîcheur d’âme, à mille lieues de Madonna que je ne critiquerai quand même pas, malgré leurs différences de salaire, pour des prestations relativement semblables, au spectacle et l’une et l’autre…Clin d’œil gentil, et il s’agit d’une grass’mat le samedi non, car on n’est pas encore dimanche ? Allez cool.

  16. La regardeuse: c’était juste une référence à une mater dolorosa belle. Sans plus. Ne franchis pas.
    J’aime la naïveté de cette Bounty et sa fraîcheur d’âme, à mille lieues de Madonna que je ne critiquerai quand même pas, malgré leurs différences de salaire, pour des prestations relativement semblables, au spectacle et l’une et l’autre…Clin d’œil gentil, et il s’agit d’une grass’mat le samedi non, car on n’est pas encore dimanche ? Allez cool.

  17. LOL

    Ouii zut c’était ce matin samedi ! Punaise fait que j’arrête de picoler !
    Bon ben on est d’accord ! Vous m’aimez bien toutes les deux ! Alors on trinque à notre amitié … No souci einh ?
    Bon we les nénettes !
    Bises Bounty

  18. Ouais Bounty, je t’aime bien, c’est tout nouveau et la Regardeuse çà fait un bon moment que je la regarde et je l’aime beaucoup aussi. Donc bonne grass’ce dimanche et bon we aussi Bounty.

  19. ouais, je sais pas si c’était de la démagogie vu que c’était dans un face à face avec 1 élève. C’est, je crois, si tu lui avais dis qu’en fait il avait raison de pas vouloir enlever sa casquette, et si en plus tu t’étais mis à déblatérer contre le réglement intérieur…

    j’avais un collègue qui fonctionnait à 100 % pur démagogie, il faisait des « cours » sur Bob Marley à des élèves qui avaient un examen à la fin de l’année, il cassait du sucre en classe sur des prof plus traditionnels, et avat une telle trouille des élèves qu’il n’hésitait pas à parler de foot ou de faire copain-copain avec les fortes têtes.

    Je l’appelais Jœ le Démago. au LP de Nantua.

    C’est le degré ZERO de la relation prof-élève. Ce sont ces bâtards qui ont de tout temps donné une image effroyable du métier, et quelque par, les IUFM n’ont pas arrangé le trucs.

  20. euh… le but c de les faire progresser, et de leur enseigner quelques trucs, non, quelque soit la manière, la fin justifie les moyens… dc bon, pourquoi pas?

Les commentaires sont fermés.