Les enfants du Che

Au collège, avec mon pote Christophe, on rigole bien.
D’ailleurs, dès qu’on s’voit, on rigole.
Lui, rien qu’sa tête, ça m’fait rire.
Je suppose que d’voir la mienne, ça lui fait pareil.
Pourtant, on est toujours très sérieux, très austères.
C’est ça qui nous fait marrer, parce qu’on l’est pas trop en fait.
Avec Christophe, on a des âmes de révolutionnaires.
On est comme qui dirait, des subversifs, des rebelles.

En salle des profs, y’a quatre collègues, des nanas, qui mangent à midi. Elles ont aménagé une table, et elles mangent là, tout en corrigeant des copies.
C’est des quinquas encore très alertes, mais pas à Malibu, c’est tout. Elles ont leur micro-ondes, leur frigo. Le frigo qu’appartient à tous les profs mais qu’elles squattent avec leurs p’tits yaourts, leurs p’tites salades, leurs p’tites badoits et surtout leurs gros tupperwares. C’est bien simple, un jour j’ai voulu mettre un coca, y’avait pas la place.
Et puis j’peux vous dire qu’c’est pas des rigolotes. Nous on les appelle les bigotes. Et des fois, quand elles arrivent, Christophe y rajoute : attention, alerte à la bombe.
Mais pas moi.

Alors un jour avec Christophe, on a acheté deux packs de bière, on a viré tous les tupperwares, et on a aligné les canettes bien comme il faut, sur toutes les grilles.
Je sais, c’est subversif.
Mais ce fut fait.

À midi, plutôt que d’aller à la cantoche, on s’est pointé en salle des profs et on a regardé le panneau consacré aux infos du collège en faisant mine d’en débattre.
Et les bigotes sont arrivées.

J’vous raconte pas l’bordel.
De la bière dans un collège ! Elles ont failli tomber à la renverse. Et ça rigolait pas.
Elles nous ont interpellé, on s’est retourné avec nos p’tits airs cons et on a abondé dans leur sens.
Et pis on a dit qu’c’était peut-être pas de la vraie bière alors on a ouvert deux canettes pour goûter.
Mais non, c’était d’la vraie.
Elles se demandaient si on déconnait ou pas mais c’était pas possible puisqu’on est sérieux et austères.
Elles ont viré les canettes, ont affiché une note au feutre rouge pour rappeler que l’alcool est interdit au collège et une est partie chercher le principal pour cafter.
Pour nous, y’avait plus qu’à récupérer les canettes, sans s’faire gauler.
Et ce fut fait.
C’est Christophe qu’a amené le sac poubelle qui fait gling-gling jusqu’à sa voiture.

Et hier, Christophe a eu une idée géniale, une sorte de pari quoi, que j’y avais même pas pensé.
C’est de dire « bite » et « couille » pendant qu’elles mangeaient.

Je sais, c’est subversif.
Mais ce fut fait.

21 réflexions sur "Les enfants du Che"

  1. Punaise !

    J’ai la même version en masculin !!! Moi je suis plutôt la joviale dans la salle des profs… en plus, avec mon accent, ici en Sarthe … ça fait tout de suite « marseillaise » … Et donc, dans mon collège, beaucoup de collègues … disons wè, d’un âge certain quoi … Pff mais j’ose pas raconter … non j’ose pas.

  2. Et maintenant : IRREVERENCIEUX !! ON REVE !!!!

    Euh… Bounty dans le subversif ? AH JE VEUX LIRE CA AVANT DE ME COUCHER MOI !!!!!
    Regardeuse ;-)
    ps: continuez de vous payer la tête des quinqua, sexa et octogénaires et vous allez perdre 80 % de votre public jeune homme (c’est vrai quoi !)

  3. ET MENTEUR EN PLUS

    Parce qu’il n’a rien modifié du tout !
    Fripées-ridées flapies-raidies de tous les horizons unissons-nous !
    ps : alors Bounty ? c’est si « irracontable » que ça ? noooooooooooon ?!

  4. A la lecture du début de ton post, j’ai pensé : « tiens, il connait notre pièce coin-café/coin-repas »

    Mais bon, on est loin de nous appeler les bigotes !
    car s’il n’y a pas de bière dans notre frigo (pouah on aime pas) on peut y trouver du cidre et même du rhum arrangé ! lol

    Et nos Tupper, on les ouvre avec plaisir et on fait partager …

    :-)

    La quinca de service !

  5. coucou charlie!

    j’aime bien le ton caustique sur lequel tu racontes notre vie de profaillons. Dis-moi, si j’amène un ‘ti sandwich et un gros pack de bières, on peut partager, non? parce que chez nous c’est comme çà, moi c’est les hystéros qui jettent leurs clés sur leurs tables et ceux qui claquent les portes des casiers parce qu’ils sont énervés qui m’énervent…

  6. Bienvenue

    C’est dac tidoigts.
    Pense au calendos.
    Et j’amène ma guitare et on improvise sur « My Favorite Things » (version Coltrane).

  7. hi! hi! hi!

    J’ai bien ri en lisant ta petite hitoire de ce soir! Je lis ton blog depuis quelques jours, et là, j’ai trouvé l’idée vraiment impeccable!!!!!Vous avez bien fait avec ton collègue de semer un peu la zone! Continue comme ça!!! Je t’encourage à fond, c’est trop bonde bousculer un peu ce traintrain de l’E.N!!!
    A+ Ink

  8. MDR !!!
    et le coup de « b… » et « c……. », je connaissais.
    Un ami dit « c..c…….b… » à toute vitesse quand il rencontre des gens un peu coincés, un peu bigots…

  9. non n’ajoute rien…ah si: tes bigotes elles mangent des trucs bio à base de soja???? si oui, charly sors de MA salle des profs et dis-moi qui tu es!!!!

  10. yé souis zorifiée…ces manœuvres au-cul-tes (nan, c’est zoo-cul-tes, tss!!) sont indignes de beaux jeunes hommes comme vous…au fait, bite et couille, c’est soft, quand même, vous êtes mignons (après 18 ans passés à marseille, même pas mal…)bon, j’ai rien dit.

  11. message subversif

    bite poils couilles brie cul pet rot déclaration d’impôt.
    Attention, un inconnu s’est glissé dans ce message. Sauras-tu le reconnaître (et gagner du même coup un morceau du fémur du mahatma Gandhi)?

  12. Elles ont pas le droit de bouffer leur trucs au bahut, c’est pas HACCP. Si la cantoche leur plait pas, elles ont qu’à aller grailler dehors.
    Faut cracher dans leur tupperware. Des gros molards bien verts. C’est une mesure d’hygiène publique.

  13. Du calme !

    Skoobeedoo, vous perdez votre sang froid.
    Sachons nous amuser en toute circonstance.
    C’est la devise de ce blog.

  14. Je ne connais pas tes bigotes, et certaines sont « sévères » mais …

    Moi qui pratique le tupper à longueur d’année, j’estime que cet élément à lui seul n’est pas répréhensible.
    Par contre s’il y a cumul (et là, cela semble le cas) alors oui … faut de la subversion !

    Je vous signalerais chers amis, que mes tupper renferment de délicieux plats concoctés par moi ou mon cher et tendre et que c’est 10 fois meilleur que la cantoche ; que je partage avec mes cops qui parfois, renoncent au dernier moment à la cantine justement pour piocher dans mes tupper.

    Et qu’en plus souvent il y en a des tupper qui renferment des gâteaux ou autres douceurs pour accompagner le café matinal (c’est à dire de 8 à 9, plus la pause de 11 h et celui d’après repas à 14 h et enfin celui de 16 h avant de débaucher !)
    Et quand ce n’est pas le café que cela accompagne, c’est le cidre, le champagne, le rhum ramené de Martinique, les liqueurs faites maison (terrrrribles celles-ci) …

    Qu’on vienne cracher dans mes tupper … là c’est la révolution à coup sur !

    Mdrrrr

  15. Fin

    Personne ne se permettra une pareille chose.
    Et je serais le premier à me damner pour honorer leur contenu. Et puis la nourriture est bien trop précieuse, pour que l’on veuille l’offenser.
    En parlant de bouffe, Gloria, y’en a plein d’autres des quinquas, qui sont des crèmes de profs.
    Bisous.

  16. ça c drôle… ;-)
    j’aurais aimé voir la gueule des profs en question! (surtout q moi ds tous mes bahuts ya tjs une bouteille à table le midi als.. faut pas deconner…)

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