Charly et ses drôles de drames

Après les vacances de Noël, je retrouve une de mes classe de 6e. Je présente mes vœux aux élèves et leur demande s’ils ont été gâtés à Noël :
— Vous avez eu quoi commme cadeaux ?
Et j’ai droit à une réponse collective et des listes complètes.
Puis, si les vacances se sont bien passées :
— Pas trop longues ces vacances ?
— Noooooooooooooon !!!!!!!!!
Et bien sûr, ils m’interrogent à leur tour :
— Et vous m’sieur, vous avez eu quoi à Noël ?
Rien de spécial mais pensant faire de l’humour, j’invente un truc idiot du genre :
— Ben… heu… j’ai passé une semaine merveilleuse sur une ile déserte, au milieu des palmiers, allongé sur le sable, au soleil, mangeant des glaces, avec à mes cotés, une super jolie fille. Sympa non ?
Silence.
ils me regardent, interloqués.
— …
J’insiste.
— C’est pas sympa ?
— …
J’comprends pas ce qui se passe, mais j’vais comprendre.

Au milieu de la classe une petite voix, c’est Myriam, 11 ans.
MYRIAM — Monsieur, c’est pas bien de tromper sa femme.
MOI — ?!!?!… mais Myriam, heu… j’ai trompé personne, j’ai pas de femme…
MYRIAM (sûre d’elle) — C’est même pas vrai…
MOI (un peu con) — Ben… mais dis donc Myriam, mais si c’est vrai… je n’ai pas de femme, j’suis pas marié.
MYRIAM (haussant les épaules d’évidence) — Ben si, vous avez des enfants !
MOI (rassuré) — Ah, mais Myriam, tu sais… heu…
SOFIA (interpellant Myriam) — Mais t’es bête ou quoi, on peut avoir des enfants sans être marié…
MYRIAM (sur le ton de « nananèreeeeheu ») — Oui mais c’est mieux pour les enfants…
SOFIA (effarée) — Mais tu dis n’importe quoi !
MANON (sur le ton « epidabor ») — Et pis l’prof il a jamais dit qu’il était marié !
MYRIAM (tempêtant) — Si, y l’a dit
SOFIA, MANON (en chœur) — Noooon, il a jamais dit ça !
MYRIAM (boudant, à voix basse) — Si, y l’a dit.
Avant qu’elles en viennent aux mains, et que Myriam se mette à pleurer, j’tente une médiation :
— Oh oh, les minettes, on se calme.
J’explique brièvement ma situation de famille.
Voila.
— Ça va aller Myriam ?
Non, visiblement ça coince, ça sanglote.
Je m »approche d’elle et lui parle à voix basse :
— Qu’est-ce qui se passe Myriam ?
— Ben, y sont ou vos enfants ?
— Ben… heu… ça dépend…
— Moi j’voulais que vous soyez marié.
— Ah bon ? Et ben écoute, j’vais m’en occuper. Ne t’inquiète pas.
— C’est vrai ?
— Si j’te l’dis. Ça va aller maintenant ?
— Ouichhhh.

Voilà, ça m’apprendra à dire des conneries.
Du coup, faut que j’me marie.
Non j’déconne.

8 réflexions sur "Charly et ses drôles de drames"

  1. muse

    Comment avec un tel débit ne pas trouver une muse qui s’amuse de ces mots qui s’usent au pied s de l’humour mais qui jamais n’abusent de maux usurpés.

  2. Oui, mais…

    s’il se marie notre Charly… et que l’élue ne nous convient pas ? Hein ? quelqu’un y a pensé à ça ? Une pas marrante qui exige l’exclusivité de son temps ? On devient quoi nous, sans nouvelle de ses journées au collège ?
    Ah non… moi, j’pense qu’il faut qu’il reste tout seul. C’est bien plus marrant.
    Epidabor, c’est lui qui a commencé ! (enfin… la cuiller en bois plutôt ; parce que sans elle, on n’aurait peut-être jamais trouvé cette pépite).

  3. Ils sont d’un conventionnel, ces marmots. Et depuis quand on peut plus batifoler, sous prétexte qu’on est marié /concubiné / pacsé /collé ou enchaîné?
    (non, pas moi, que des emmerdes à l’arrivée, mais j’ai l’esprit large)

  4. Qui eût cru que la petite Myriam voie ses convictions heurtées aussi précocement? Pas de bol, tu as fait une malheureuse! Pour le coup, tu aurais dû ajouter « …ue jolie fille avec laquelle j’ai fait un crochet par Vegas où nous nous sommes mariés en exprès. Elle est pas belle mon alliance en plastoc? »

Les commentaires sont fermés.