Les dents de la mer

La généralisation des appareils dentaires est un véritable fléau national.
Le but de ces dispositifs n’est pas tant de traiter un problème de santé publique que d’améliorer l’esthétique. Mais la technique utilisée produit un effet provisoirement inverse.
Ainsi, même la plus jolie des élèves verra son capital beauté largement entamé.
Et que dire de la moins jolie…

Les orthodontistes semblent s’en donner à cœur joie.
Tout cet arsenal metallurgique me laisse songeur.
Vous imaginez l’effet que pourrait produire un aimant puissant au milieu d’une salle de classe ? Certains appareils sont véritablement impressionnants.
Âmes sensibles s’abstenir.
Ensembles mécano-soudés, tringlerie, visserie, écarteurs, ressorts et tendeurs.
Certains de ces dispositifs ne dépareraient pas dans une cabane de trappeur.
Ils permettraient à coup sur de piéger un ours.
Dieu merci, je n’ai jamais été mordu. Évidemment, le sourire s’en trouve altéré.
Il perd sa fonction première.
Il devient vaguement inquiétant, un brin pervers, voire franchement répugnant.
Face à une classe qui sourit, il convient de rester zen.
Une attaque groupée serait fatale. Tous les interstices créés par ces structures métalliques sont autant de réservoirs bactériens propices à l’épanouissement d’une flore indigène particulièrement odorante.
Mais comment leur dire ? Et doit-on leur dire ?
Si l’envie vous prend d’approcher l’un d’entre eux, de face, à bonne hauteur, vous saurez soudain ce que ressent le marin exposé aux vents violents du cap Horn.
Et c’est vrai qu’ça fouette.
Le visage.
Que dis-je, ça lacère.
Car entendons-nous bien, on n’est plus ici dans le registre de la simple brumisation, ou même de la vaporisation parfumée, mais bel et bien dans celui de l’attaque acide.
Mais ça dynamise aussi.
Ça tonifie.
À la manière de ces senteurs du large qui sont autant d’appels à le prendre. Bien sur, on ne peut échapper à un léger mouvement de recul.
Comme une rebuffade.
Un ultime appel à la vie.
À la recherche désespérée de l’oxygène vital.
Mais une fois le recul trouvé, la bonne distance, une décision s’impose.
Dorénavant, dans mes classes, le chewing-gum est autorisé.

3 réflexions sur "Les dents de la mer"

  1. Ah d’accord… par un chewing-gum entremêlé, entortillé, effiloché entre 32 crochets, vous, ça vous soulève pas le cœur ? J’ai vu ça une fois. Dans le bus. J’étais partagée entre l’écœurement et le fou-rire. Le second l’a emporté (comme les trois « gentilles » copines qui glapissaient de bonheur)

  2. Mouais, ça fait très complot cette histoire. Je suis sûr que les orthodontistes sont d’anciens élèves à qui ont a interdit de mâcher du chewing-gum, du coup ils ont fomenté un diabolique coup d’Etat.

  3. moi j’me suis toujours demandé ce qui se passerait si deux pauvres petits bagués s’embrassaient… et qu’ils restaient accrochés ! huhu^^

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