— Le prochain que je choppe…
Voilà.
Les données du problème sont clairement établies, les enjeux explicites, il s’agit là d’une pédagogie de haut niveau, on peut même parler de « must » en la matière. Mais tu n’es point étonné cher lecteur car telle est ta quête en visitant ce blog, t’enivrer de ma science et te parer des oripeaux de mon alter-pédagogie pour enfin parader coiffé du béret de la certitude en agitant les moufles de la félicité.
(Ce qui te donne l’air plutôt con, mais c’est ton choix, je le respecte.)
Mais dans quel contexte particulièrement sordide est-on contraint à une telle parade ??
Une minute je te prie cher lecteur, je viens de rentrer, le temps d’une petite bière, et je suis à toi, y’a pas le feu au lac non plus, et tu connais ma devise : « doucement le matin, et l’après midi pour récupérer ».
Ce matin-là, Bourzig arborait fièrement son tee-shirt de l’OM, et comment ne pas être saisi d’une bouffée de vanité entiché d’un tel accessoire, tee-shirt dont le rêve secret était de rencontrer une machine à laver, comme ça, un soir, dans un bar, Bourzig donc, fit part à ma cohorte de 6e4 d’une trouvaille particulièrement hilarante dont voici le détail.
Bourzig, et vous reconnaîtrez là sa propension à la discrétion tapageuse et roborative, se livrait à un exercice hautement poilant qui consiste à se glisser une main sous l’aisselle, puis à lever l’épaule et ensuite la rabattre brusquement, provoquant une fuite brutale d’air accompagnée d’un bruit assez proche de celui du pet. Je précise que c’est le bruit qui rend l’exercice charmant, la fuite d’air étant généralement ignorée sauf par les passionnés de mécanique des fluides dont je suis. Tu imagines bien cher lecteur que devant l’Extraordinaire la fête battait son plein en 6e4. Et chacun de se congratuler et deviser bruyamment du comment du pourquoi Bourzig pouvait réaliser un tel miracle : imiter le bruit d’un pet avec un simple bras et une vague épaule.
Mais Bourzig, non content d’exalter l’effectif par ses prouesses, se fit honneur d’en enseigner les rudiments aux nombreux volontaires qui se manifestèrent, sans doute poussés par le souffle de l’aventure. Et de voir ainsi Bourzig dans le rôle d’un enseignant, je dois à la vérité de le dire, mon cœur en battit la chamade. Seules quelques joliesses haussèrent les épaules, mais pas pour les mêmes raisons, devant l’obscénité. Mais ne purent s’empêcher d’émietter quelques sourires, car comment résister à la puissance humoristique d’un pet, même imité de façon trivial ??
Pour pimenter la chose, les compères crurent bon d’ambiancer ma séance du jour par quelques déflagrations du plus bel effet qui ne manquèrent pas d’esclaffer l’auditoire. Ainsi chacun s’adonnait, y allant de sa note, les plus graves étant clairement, pour l’effectif, les plus amusantes.
Personnellement, je n’ai pas d’avis sur la question.
Mais que faire ??
Une fois ça va, me dis-je, ce n’est pas bien méchant. Telle est notre jeunesse qui fut aussi la notre. Car je fus jeune moi aussi, bien que cela n’apparaisse pas à première vue.
La première fois donc, dis-je, ma bienveillance l’emporta sur la stricte règle de la bienséance.
Mais curieusement, allez savoir pourquoi, à la vingtième fois je changeais soudain d’avis, et fus à deux doigts de m’emporter avec tout ce que cela induit d’effets visuels spectaculaires, yeux exorbités, teint cramoisi-vert, regard gravement divergent, etc. Mais sans doute que tous ces vents firent trop plier le roseau qui est en moi, d’autant que les bourrasques se produisaient lorsque j’étais de dos, et je trouvais particulièrement hypocrite qu’ils émissent leur pet par derrière.
(Je suis parfaitement conscient à ce stade du récit de la parfaite vacuité de mon propos, de sa vulgarité mitoyenne ainsi que de l’avilissement qui en résulte pour toi lecteur. Aussi je te mets en lien le site du Monde afin que tu puisses t’y réfugier et retrouver un minimum de dignité.)
D’où la phrase d’introduction :
— Le prochain que je choppe…
Effet miraculeux de mon alter-pédagogie, les pets s’envolèrent comme par magie (phrase hautement improbable). D’autant que j’éjectai mon trait suite à un demi tour sur moi-même exécuté à une vitesse tout bonnement ahurissante qui ne fut pas sans rappeler Michael Jackson lorsqu’il était vivant (mort y’a tout de suite moins d’analogies possibles).
Les émetteurs ne pouvaient contester le délit, ni nier. Bien sûr, quelques mains traînaient ci et là sous les tee-shirts béants, les yeux hagards dérivaient du sol au plafond, leur petit air pas futé du tout me réjouit et mon cœur s’envola telle l’hirondelle au printemps.
— M’sieur !! Si vous le choppez le prochain vous lui faites quoi ??
— Bonne question mon enfant.
Mais petite astuce alter-pédagogiste : surtout ne pas répondre.
Entretenir le doute, diffuser subtilement l’angoisse, exhaler le pire, transpirer le mal, mais ne rien dire. Laissez phosphorer leur imagination afin que surgissent dans leur vils esprits les pires craintes : colles en série, contrôles surprise et surprenants, retour dans le pays d’origine, défenestrations massives, ou pire, que je leur narre mon week-end à Perpignan où pour obtenir les faveurs d’une brune et ardente défenseuse des animaux, je dus accepter d’adopter quatre chats non vaccinés, non tatoués, ce qui va me coûter un bras.
Et là ils sont à vous, à point.
Alors la vie peut reprendre son flux, et l’on doit œuvrer maintenant, immerger chacun dans la connaissance, telles des asperges immaculées dans la vinaigrette du savoir.
Ah ouais donc faut qu’on se farcisse la partie la plus noble de l’enseignement, la discipline?
GENRE!
Le prochain que je chope, je le mets au défi de péter avec son cul.
Excellent MDR,
Le prochain que je choppe je vérifie devant tout le monde si il a une trace dans le pantalon !
Té où ?
hahaha on dirait un épisode de la rubrique-à-brac !
Merci. en cette semaine de rentrée, tomber sur un blog aussi plein de légèreté et de dérision, face à la réalité ennuyeuse de tous ceux qui se prennent au sérieux, fait un bien fou !