Potins et Popotins (bilans amoureux en 6e4) 2/4

Je ne cache pas cher lecteur que ce divorce annoncé me marrit. Amina confirma s’agacer des jalousies incessantes de Trapugne, pour un oui ou pour un nom, et ses tendances à la disputer.

Sa manie du mano à mano la mina,
Culmina quand nous vîmes Amina ruminer.
Le mano à mano lamina Amina,
Plus de menues manies du minois n’émanaient,
Car nous vîmes à sa mine une Amina minée.

D’autant que nous étions sur le point de fêter leur noce de caramel, quelle tristesse.

J’avoue cher lecteur que pour moi c’est incompréhensible, car Amina, avec ses nouvelles tongs, est à tomber par terre. Ah le printemps !!!!!!! De plus, la Miss resplendissait dans une sublime jupe à volants très larges d’où dépassaient ses deux minuscules gambettes telles deux aiguilles à tricoter émergeant d’une pelote, c’est-y pas mimi ça ????
— Allons Trapugne, tout de même, tu pourrais rester avec elle, t’as vu ses tongs ???
— ?!?!

Trapugne pencha la tête et observa au loin le pied de la belle.

Ce pied au galbe délicatement souligné par la semelle faisant office de calice, et qui par la magie de l’élasticité du précieux élastomère assure les fonctions d’amortisseur, car vous marchez comme en suspension. En effet, la démarche devient rebondie, la foulée plus ample, le déhanchement lascif, à la limite de la lubricité, et l’illusion de voler est proche. Ainsi, une banale et besogneuse randonnée peut tout à fait se comparer à un surf ébouriffant sur les ondes émeraudes d’une mer australe exécuté sous l’œil admiratif d’une bande de requins déconcertés quoique un brin goguenard, mais quand on creuse un peu, plutôt bon enfant. D’autres évoqueront la capacité de la tong à absorber les aspérités mesquines d’un macadam grossier, car bien souvent réalisé par des ouvriers désinvoltes, et à donner cette illusion de déambuler sur le grand tapis brun du festival de Cannes, certaines précisant alors, cette sensation délectable bien qu’assez subtile d’être une star. Les derniers vous expliqueront que la tong largement ajourée, a cet étonnant pouvoir de muer chaque flaque assassine en un pédiluve tonifiant aux vertus gommantes grâce à l’ajout parcimonieux d’un peu de terre du pays. Et que dire de l’ingéniosité de cette lanière en Y qui sépare nos amis les orteils — car l’orteil est ton ami — entre le gros et les petits, mais pour mieux unir la semelle à la plante, en un saisissant paradoxe. Et qui parfois se casse, ne nous rendant même pas ridicules, et que l’on rafistole entre amis tout en riant à gorges déployées, en ne jurant quasiment pas. Ah !!! Quel plaisir pour chacun de voir ces pieds débonnaires et rieurs, ou benêts diront les moqueurs, enfin libérés, s’exposer aux grands espaces, où le talon se prélasse, où la voûte se délasse, et où l’orteil se déploie. Tong Ô ma Tong, lorsque à chaque pas tu sais nous enivrer par la chanson de ta talonnette, clip-clap clip-clap, mon Dieu quel bonheur, résonnant telle la marche du printemps. J’en pleure tiens.

— Ben quoi ses tongs ????

Ok. C’est même pas la peine d’essayer, ce gamin est un rustre, un indécrottable rustre, étanche à toute forme de poésie : j’abandonne. Heureusement pour Amina, le temps fit son ouvrage, et c’est ainsi que dix minutes après, son deuil fut achevé. C’est donc petit Benjie qu’elle entreprenait.

À suivre

10 réflexions sur "Potins et Popotins (bilans amoureux en 6e4) 2/4"

  1. Terrible la tirade de la tongue !!… dommage que Trapugne ne s’arrête pas qu’aux tongues.

  2. aaah

    là, je frise l’extase !!
    toutes ces allitérations….Et que dire de la tirade sur la tong …

    Vraiment, Charlie, quel talent !

  3. Et la tirade de la tong dans l’histoire du blog entra !!!

    (sinon — souci pragmatique typiquement féminin mais nobody’s perfect hmm — ça se répare encore les tongs ??? paske pour moi oui — souvenir des années 70, le premier qui rigole je le mouche, mais dans les années 2010 le montage de la chose fait que quand ça casse… ça casse ! foutue société de consommation…)

  4. Ahh l’ode à la tong !! un vrai bonheur !! je ne regarderai plus les miennes de la même manière ! j’agiterai mes petits (oui ils sont petits et alors ? ;) orteils, les regardant se déployer avec délectation !!

    à quand la suite ? ;) et que nous réserve-t’elle surtout ??

  5. Délicieuse cette Ode à la tong Et le p’tit poème ….et tout et tout… !;D
    J’aime bien quand tu racontes le printemps Charly!
    Merci tout plein!

  6. quel dommage

    que dans mon école, les tongs soient interdites! On brime certainement des poètes en herbe, à te lire…

  7. Finalement

    comme disait Shar Li :
    « La tong est le string du pied ! »

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