Bardons d'une énième tranche de lard notre rôti de pédagogue

(Attention, ce texte est particulièrement long, et je m’en excuse cher lecteur, aussi pense à te restaurer très régulièrement pendant la lecture, et tant pis pour ton embonpoint, mais bon, en même temps, tu n’es plus à dix kilos près)

Je te propose aujourd’hui cher lecteur d’observer le contenu de nos classes, et de porter notre attention sur le glandeur, qui en est une des composantes essentielles (avec les néons bien sûr).

Préambule
Tous les types de glandeurs abordés ici sont des glandeurs de type laïc.
Avatar du pacte républicain, le glandeur laïc observe avec la plus stricte neutralité toutes les activités proposées, et comme il se doit, ne prendra en aucun cas parti pour l’une ou l’autre, respectant en cela l’impartialité exigée par son rang de glandeur. C’est tout à son honneur.
Fin du préambule

Le glandeur ne peut s’évaluer que par rapport à un étalon de référence : le bosseur. Dieu merci, nous disposons d’un certain nombre de ces spécimens dans nos classes. En 6e4, j’en ai quelques exemplaires, de vrais bosseurs, en général fils et filles de bonne famille (c’est pas un hasard, les pauvres c’est rien que de la feignasse), et bien que de temps en temps je les vois s’amuser peu, mais c’est vraiment rare, le travail est toujours fait et bien fait (vive les riches !!!).

Le glandeur peut se décliner au féminin (la glandeuse), rendons grâce à Sainte Parité, d’avoir semer dans son immense bonté et dans nos classes, un quota tout à fait honorable de glandeuses (perso je trouve même qu’elles glandent plus que les garçons, je n’en ai pas la preuve, mais j’en suis sûr).

Alors évidemment, lors de certains travaux en groupe, j’essaie de mélanger les bosseurs avec mon équipe de bras cassés (j’ai nommé : les mousquetaires !!!), en vertu de la Sainte Loi Républicaine qui veut que tout mauvais élève devient comme par enchantement meilleur au contact des bons. Alors que je dois te confier cher lecteur, que c’est à peu près tout l’inverse qui se produit, mais ça, tu serais gentil de ne pas trop l’ébruiter (sans vouloir être trop directif, mais bon, si tu pouvais te rendre utile, pour une fois).

Règles générales relatives au glandeur

Postulat de Charly n°1
« La glandouille ne vaut que si elle est partagée par tous ».
Car les trois mousquetaires, non contents d’en ramer un minimum, font preuve d’un prosélytisme déloyal, et affichent des signes clairement ostentatoires de glandage. Ils tenteront de convertir sans états d’âme les brebis égarées loin de l’échec scolaire, et ces dernières sont si fragiles, si influençables.
Car enfin, comment travailler sérieusement lorsqu’à coté de vous, Bourzig assène hilare, les dernières blagues de Toto de la semaine, vous pliant en deux de rire (et y’a de quoi, c’est vrai, je vous en raconterai une un d’ces jours), et qu’en plus, n’ayant jamais ses affaires, vous lui prêtez votre stylo, puis votre règle à Trapugne, puis votre gomme à Brizouille, et du coup, vous n’avez plus rien pour bosser, et vous vous retrouvez bien souvent à ne rien faire. Et c’est donc vous que le prof surprendra à bailler aux corneilles, et qui hésiterez à cafter la raison de cette situation, ce qui vous priverait d’une amitié naissante avec la crème de la crème, du contact chaleureux avec ceux qui seront plus tard vos subordonnés, et de l’actualité récente de Toto.

Postulat de Charly n°2
« Tout glandeur ne faisant rien au moins deux fois de suite, est considéré comme étant sujet à un TOC »
Voilà, il est important de poser d’entrée le diagnostic, la glandouille est une pathologie, et doit être traitée comme telle, alors ne ricanez pas bêtement quand vous parlez d’eux en salle des profs, car il s’agit là non pas d’élèves, mais de patients.

Postulat de Charly n°3
« Tout glandeur qui respire tout en maintenant les yeux ouverts est considéré comme surbooké ».
Tenez en compte au moment des activités, évitez de lui mettre la pression, on ne peut pas tout faire à la fois, hé ho, on n’est pas des bêtes non plus.

Postulat de Charly n°4
« Tout glandeur contraint à agir produit immanquablement un acte manqué ».
Évidemment.

Postulat de Charly n°5
« Un cossard extraverti peut ressembler à s’y méprendre à un bosseur inhibé ».
Ce qui peut entraîner de graves erreurs de jugement. Je dois avouer que j’ai personnellement beaucoup de mal à les reconnaître, d’autant que pour compliquer les choses, il existe aussi des cas de cossards inhibés. Toutefois, je précise que le cossard inhibé étant chimiquement peu réactif, il est considéré par l’ensemble de la communauté éducative comme cliniquement mort.

Postulat de Charly n°6
« Tout glandeur qui se voit signifier son état, peut se trouver en situation de blocage »
Le glandeur est très susceptible, alors ne vous avisez surtout pas d’en faire le constat devant lui, car il pourrait très mal le vivre, et cela entraverait son inertie.
Aussi, au mot « glandeur » nous préférons substituer des termes moins agressifs, tel que AEG (actif en gestation), dont la période d’incubation peut être variable (mais en général de l’ordre d’une petite centaine d’années), ou encore l’AC (actif contrarié), dont il faudra surnoter la moindre petite merde afin qu’il veuille bien nous en pondre une autre. Nous préconisons aussi la GA (graine d’actif), actif à l’état d’embryon disposant potentiellement des qualités requises pour remplacer avantageusement une plante d’appartement (de type ficus, peut produire le cas échéant un excellent compost). Mais aussi l’AR (actif refoulé) qui n’assume pas son attirance pour le travail, et dont nous attendons fébrilement qu’il fasse son coming-out. Pour finir, l’ATH (actif transcendant hyperventilé) qui a su dépasser le simple stade de l’action, et sublimer sa respiration en un véritable art de vivre. Je ne m’arrêterai pas sur l’IC (inactif contondant) à tendances agressives, qu’il conviendra de laisser en paix, afin de conserver une vision binoculaire.

Postulat de Charly n°7
« Toute asperge vit aux dépens de celui qui l’égoutte »
Non, çui-là, c’était juste pour rigoler.

Voilà, j’aurais pu évidemment vous parlez du cossard actif/passif ET libidineux et de bien d’autres encore, mais bon, on s’en fout, j’en ai déjà tartiné deux pages, suis tranquille jusqu’à la semaine prochaine, alors bye.

25 réflexions sur "Bardons d'une énième tranche de lard notre rôti de pédagogue"

  1. Ha nan, Ha nan, on va pas tenir une pleine semaine sans une nouvelle note aussi pwalante que ses consœurs (en un seul mot siouplé).
    Ou alors il faut créer la catégorie: AC (Actif Contrariant)

  2. Une ancienne — et actuelle — victime d’AEG témoigne: la gestation se poursuit parfois jusqu’à l’entrée dans la vie active. Et même après.

  3. ouais mais

    faut quand même pas oublier que la plupart du temps il (le glandeur)est tombé dedans (la glandouille) quand il était petit, j’le sais, j’les vois quand y sont tout p’tits !

  4. Bonne semaine alors ….

    Repose-toi bien car là, vraiement, tu as fait un véritable effort … glandeur contrarié Charly ?

    (heureusement il y a grève jeudi pour souffler un peu)

  5. age ou ouille ?

    remarque 1: J’ai eu peur quand j’ai lu ‘glandage’car si tu es expert es langue française, moi je suis experte en … ‘glandouille’. Je trouve plus poétique et ça rime avec des mots sympas. Etymologiquement tu y vois une différence ?
    remarque 2 : depuis 2 ans que j’observe mon glandeur n°one en classe, tu viens de lui donner un nom ‘le cossard inhibé’ merci Charlie.

  6. Une semaine sans écrire… C’est qui les glandeurs dans tout ça ?? Les 6èmes 4… J’en doute. A te relire.

  7. Charly

    J’ai beau venir lire tes délires assez régulièrement, je n’avais jamais laissé de com et pourtant tes post le mérite !!!
    J’imagine avec quel plaisir tu nous relates tes aventures auprès de Bourzig and Co.
    Vraiment c’est du grand Art, et je passe un bon moment lorsque je te lis !
    Bravo et Bonne Continuation :)

  8. Glandeur professionnel

    C’est vrai que comme glandeur tu te poses Charly! Et tu sûrement le mieux placé pour les répérer dans tes classes. C’est quoi ton grade déjà? Ha oui agrégé de glandage!

  9. C’est sainte Parité qui sème des fôtes !!
    … celle là depuis qu’elle a fait Mai 68, elle se croit tout permis !

  10. Pathologique, mais si mais si.

    Alors là, je dis Môssieur Charly et m’en vais de ce pas revoir ma classification.
    Je mettrais cependant un bémol à mon admiration par ailleurs sans borne car je considère comme risqué de révéler au public sur un blog un des secrets les mieux gardés de la fonction publique éducative.
    Et même si vous prenez les précautions d’usage mieux vaut ne pas ébruiter ce que vous ébruitez avec bien de la légèreté.

  11. Waouh, c’ est un article hyper spécialisé, une étude sociologique à partir de cas cliniques recensés, ben ça alors, l’ école à évolué ces dernières années.
    J’ en suite toute surprite.

    De mon temps une classe typique c’ était, un tiers de bons élèves, un tiers moyen, un tiers mauvais. Poil au nez. Un seul très bon et deux très mauvais. Poil aux pieds.
    Les tiers n’ étant pas cloisonnés hermétiquement en sens descensionnel et presqu’ étanches en ascensionnel, encore plus rarissime surtout à cette période de l’ année de monter d’ un cran, en fait du sens unique, les troupes au printemps comme tu le fais très justement remarquer allaient à vélo, voui d’ accord, à vau-l’ eau quoi.

    L’ essentiel de ma perversion perso en tant que preque bonne élève pour gruger les 2 glandeurs de la classe liés comme cul et chemise qui se faisaient un malin plaisir d’ essayer de baisser le niveau de la classe, et ils y arrivaient à l’ occasion, c’ était de leur apporter un peu d’ attention et de rire plaisamment de leurs intelligentes niaiseries qu’ eux seuls comprenaient, bref, et quand le résultat des notes tombait, eh ben, je n’ avais point perdu de mon statut de bonne ou moyennement bonne tandis qu’ eux glandaient toujours en dessous de 5 de moyenne. Et toc! Glandez bien qui glandera le bon dernier!!!

    T’ es un vrai bonheur à lire Charly.

  12. M’sieur! J’ai une questiooonnn!

    Juste une question…
    … Mais où vas-tu chercher tout ca ?!

  13. …pi si tu voulais bien me lâcher les rondeurs ,hein!?!c’te manie!

  14. Encore un bon moment ! Merci !

    Euh… en tant que féministe convaincue, persiste et signe : les garçons sont BEAUCOUP plus glandeurs que les filles… non mais…

  15. Révélation

    En fait, contrairement à ce que voudrait faire croire l’adage scolaire ‘Tu finiras chomiste ou RMeur’, j’ai le plaisir d’annoncer aux glandeurs de tout poil qu’ils finiront par trouver une bonne planque Oh pardon, du travail…

    J’ai toute une brochette de raisons foireuses pour rien f… à proposer :
    — Celui qui boîte parce qu’il a mal à l’épaule (aurait-il une tête de fesse ?)
    — Celui à qui je « n’ai rien à reprocher à son travail » (Effectivement, je ne l’ai jamais vu !)
    — Celle qui a mal au dos uniquement pendant les vacances scolaires,
    — Celui sur lequel « la dépression est -encore— tombée hier matin » (subitement quand le réveil a sonné!!)

    Il y a donc un avenir pour les Mousquetaires!!!

  16. Et les bons glandeurs, ils deviennent prof de techno après ???
    ;)
    bizzz

  17. J’en connaissais un glandeur à l’école à 3/4 de temps…un fumiste d’après ses profs.
    L’un d’eux avait conseillé d’aller sur le champ l’inscrire à L’ANPE, ce qui quand on est parent, donne une haute idée de sa progéniture !
    Mais ce que le prof ignorait c’est que le 1/4 qui restait, le fumiste en question était à 200% dans les matières à fort cœfficient et obtint son bac avec mention quelques années plus tard .
    Les glandeurs sont parfois de sacrés lascars non dépourvus d’intelligence, sélective certes, mais néanmoins efficace … si motivation.
    Alors moi les étiquettes, je trouve que ça colle un peu à la peau et que ça gratte alors j’aime bien les découdre.

  18. Tout à fait d’accord mme glandeur’s mother, je propose donc à Charly de rajouter à ses catégories le Glandeur Intelligent : celui qui ne fait que le miniumum mais pour qui, au final, ça passe toujours. Mon homme a eu comme ça l’immense plaisir d’être avant-dernier de sa promotion à l’entrée en médecine… et pas loin de ça à la sortie aussi… traçant son bout de chemin en donnant aux profs le minimum syndical — non mais y’a beaucoup plus intéressant dans la vie que des maladies qu’on ne verra jamais, y’a la tiviii, et l’ordiiii, et les bééédééés…
    En plus, GI, ça a un petit coté « classe amerloque » sympa, non ?

    Merci Charly pour cet article fort sympathique encore :-)

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