Le printemps

Aaaaaaah le printemps !!! Féerie d’une renaissance mille fois célébrée, magie de notre majestueuse nature, auguste bienveillance de nos latitudes, qui fait verdoyer nos forêts, rosir les visages, bleuir nos prés, jaunir les champs, sans oublier le linge, qui sèche tellement plus vite.

Que de bontés.

C’est ça la magie du printemps, tout s’échauffe, les cœurs s’enflamment, les corps tisonnent, et Dame Nature exhale son renouveau, exposant nos pâleurs à son doux rayonnement, tandis qu’au loin là-bas, les vrombissements des tondeuses à gazon saluent à leur façon le retour de la belle saison.

Enfoirés de voisins va.

Ah !!! Souviens-toi lecteur !!! De cette époque bénie, bien après J.-C, mais juste avant SMS, où dans une sorte de rituel printanier, apparaissait une flore d’un genre particulier : de petits bouts de papier porteurs d’amoureuses requêtes et autre invite au bisou, se répandant d’un bout à l’autre de la classe, en direction de l’être cher.

Aaaaaaaaaah !!! Que de souvenirs !!!! Les doux souvenirs de l’adolescence !!!!

Souviens-toi lecteur, lorsque nos ferventes déclarations se déclinaient en de minuscules formats, que nous faisions circuler par de complexes trajets clandestins en direction de l’être aimée, avec l’aide bienveillante de toute la classe. Souviens-toi lecteur, lorsque la missive prenait le chemin du retour, son petit bonhomme de chemin, empruntant mille détours, faisant battre nos cœurs, pour enfin l’avoir entre nos mains. Où là, le cœur serré, nous dépliions la dépêche pour enfin découvrir la réponse de la belle, écrite de sa main même, de cette main si délicate : « Tu peux te brosser ».

Alors nous arborions ce petit sourire benêt si caractéristique de ces instants précieux où l’on se sent si con, et que l’on dévisage le tableau, subitement intéressé par les troubles équations, exposant notre acné purulent aux doux rayons des néons, mais enfin initié à cet aspect incontournable de la vie amoureuse : le râteau.

Alors par dépit, nous rédigions un deuxième message à destination cette fois d’une moins jolie, ce qui augmentait sérieusement nos chances. Une malgré tout fort bien nantie, et de corps et d’esprit, et qui en pinçait grave pour nous, avec laquelle nous allions négocier des heures durant pour lui tripoter les lolos, ce qu’elle finissait par accepter, afin d’avoir enfin la paix, et à bout. Des lolos soigneusement enveloppés dans un soutif, puis un chemisier, puis un gilet, puis un manteau, mais le palpage de la matière noble de ce dernier seul, suffisait amplement à notre bonheur, et faisait notre gloire pendant la récré, où nous prétendions avec une mauvaise foi absolue, qu’on lui avait vu le téton.

Une que l’on larguerait sans autre façon.

Mais une que l’on retrouvera bien des années plus tard, car de passage dans le coin, et qui avec un petit sourire aux lèvres et un brin moqueuse vous glissera « Et toi ?? Toujours aussi galant avec les femmes ??? »

Alors nous arborerons ce petit sourire benêt si caractéristique de ces instants précieux où l’on se sent si con, et que l’on dévisage le parcmètre le plus proche, subitement intéressé par ces métronomes de l’immobile, et bredouillant un convaincant « Oui oh tu sais, j’étais jeune… et toi ?? T’as quoi comme voiture ??? ». Espérant secrètement qu’au vu de la date des faits, il y aurait prescription.

Et oui, c’est aussi ça le printemps, tandis que les doryphores prolifèrent, que les patates abhorrent, des nuées de coléoptères s’apprêtent à butiner la flore.

Héhé.

20 réflexions sur "Le printemps"

  1. Et voilà, au début on s’imagine notre Charly touché par la gràce… Un pur morceau de poésie nous sera-t-il offert en ce premier mai?

    Ben non, très vite on parle de boutons purulents (beurk)et de jarguage de nanas!

    Enfin du Charly tout craché, quoi!

  2. Pfff… Tu parles d’un petit mot…

    Le dernier que j’ai intercepté, en 4è, et ce, la semaine dernière, disait « I want fuck you. OK? »
    Je suppose que j’aurais dû me sentir flatée que l’auteur ait tenté d’utiliser l’anglais, approche actionnelle tout ça machin, mais comme il n’a pas été foutu d’appliquer les règles élémentaires de grammaire shakespearienne, j’ai seulement eu envie de vomir.

  3. Oups! j’savais pas qu’on habitait aussi près!
    ça y est on a fini avec la tondeuse! promis!
    signé: les Enfoirés de voisins

    Mais t’as vu, ça valait le coup maintenant ont voit mieux le muguet (qui commence à fleurir!!!)….
    Bizzzzzzzzzzz et bon 1er Mai !

  4. Amis de la poésie bonsoir

    Le printemps masque ta mufflerie passagère en te donnant les attributs d’un poète avec la bière dans la main droite et la télécommande dans la gauche.

    Ceci est mon brin de muguet virtuel pour toi.

  5. Printanier et poète, joli mois de mai et retour des clochettes, tu m’as fais revivre certains grands moments de solitude qui me conduisirent naturellement vers un cynisme certain et un célibat tenace, à rêver des lolos de la prof de français, vu que tant qu’à rêver, autant taper plus haut…

  6. Hi hi … ant JC et après SMS, il faut que je le replace ! Je te citerai …

    Je t’adore ! Toujours aussi savoureux …

    Mais … tu bosses toâ un premier mai ?

  7. Votre absence de ce matin

    Monsieur Charly,

    Je connais l’habitude que vous avez prise de recourir systématiquement à des certificats médicaux de complaisance, à chaque journée de cours entre deux jours non ouvrés, mais j’ai eu vent de votre retard dans le programme de technologie de 6e. Aussi, je suis surpris, et les 6e4 avec moi, de ne pas vous trouver à 9h00 ce matin au collège.
    J’espère qu’il ne s’agit que d’un simple retard, et vais, de ce pas, vous attendre dans la cour, à l’entrée.

  8. MERCI AUX VOISINS A CHARLY

    je te l’avais dis Charly que je ne t’oublierai pas. Tes voisins c’est des potes à moi. Eh oui le monde est petit et ils ont bien suivi mes consignes et ils ont ton emploi du temps scotché sur le frigo et dès qu’ils te savent couché , bingo c’est parti avec la tondeuse, la musique ou la batterie du petit dernier et puis pour le week end quand tu recevras tes copines ce sera sardines grillées. Dans la main tu vas me manger, dans la main…

  9. Passons aux TP et exemples concrets:comment se portent les amours de la 6e4?Et Fanny?Et Bourzig?

  10. LE PRINTEMPS EN SLAM

     » J’ai vu les arbres avoir des feuilles et les filles changer de godasses. J’ai vu les bistrots ouvrir plus tard avec des tables en terrasse. Y’ avait plein de couples qui s’embrassaient, c’est les hormones, ça réagit. C’est la saison des amours et la saison des allergies » un autre poête…. alors tu sais qui ?

  11. J’ ai connu « camarade » de classe encore bien plus galant.
    J’ avais aimablement dépanné un élève mâle avec qui je n’ entretenais pas de relation de voisinage ni de tondeuse à gazon, bref, il m’ avait demandé de lui prêter mon Lagarde et Michard qu’ il avait oublié chez lui. N’ écoutant que mon bon cœur j’ ai accepté de m’ en défaire pour l’ heure de cours de français alors que j’ en avais tout autant besoin que lui. Quand il me l’ a rendu à la fin de l’ heure, sans un merci mais le regard fourbe et un rictus en coin, j’ ai aussitôt ouvert le livre, il avait écrit en gros sur la première page chiffonnée: « Tu b…? » (en vrai pasqu’ ici je n’ ose pas).
    J’ ai beaucoup apprécié la délicatesse, le respect et le trait d’ humour bien sûr…
    Mon regard noir en retour ne l’ a pas découragé il m’ a enquiquiné tout le reste de l’ année. Mais je n’ ai jamais cédé même de fatigue pas comme toi dans ton histoire, il ne m’ a jamais pelotée, ai rien voulu savoir nonmého! J’ ai bataillé ferme, Oh le s….d!

    Moralité, j’ ai trouvé encore plus « mufle » que toi!

    Eh ben voui, pour une fois Charly, t’ es pas le plus fort!!!
    Au fait, j’ ai bien ri sur le jeu de mots « corps tisonnent » hi hi hi!!! Quel effet bœuf!!!

    Bisous et bon ouikinde.

  12. Ah mais les p’tits mots ça circule toujours !!! Certes, ils sont écrits en SMS, avec une foultitude de couleurs pailletées quand ils sont émis par des files, mais ils circulent toujours !!! T’as la vue qui baisse, Charly ou quoi ??? ;)
    bizzz

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