Archives de catégorie : Les 6e4

Les 6e4 visitent Alphonse (11/x)

moulin2_75— M’sieur, on fera du cerf-volant ??

Lui c’est Bourzig.

Comment je le sais ?? Ben quand y’a une remarque comme ça, pile dans l’actu, c’est du Bourzig.

— Du cerf-volant ?? Ben pourquoi du cerf-volant ??
— Ben c’est bien le cerf-volant, j’en ai vu à la télé.
— Oui ben moi j’ai vu des conneries à la télé on va pas en faire pour autant non ??
— Oui mais m’sieur c’est bien le cerf-volant, y suffit juste d’avoir du vent…
— C’est ça, et un cerf-volant aussi. T’en as un toi ??
— Heu… non.
— Ok. Donc l’épisode « cerf-volant » est clos.

Mon Dieu que j’aime ces échanges bon enfant, où la parole est d’argent tandis que le silence se fait attendre, tel un salut inespéré. Mon Dieu que j’aime ces échanges bon enfant où l’inutile le dispute à la vacuité, où l’art balbutiant de l’à-propos de mon Bourzig suspendu à 10000 au bout d’une corde avec son cerf-volant, vous donne juste envie d’en faire autant, mais dans l’autre sens. Mon Dieu que j’aime ces échanges bon enfant où… (heu… bon ben ça ira pour les échanges bon enfant, je vais pas y passer le réveillon non plus, d’autant que normalement, cher lecteur, tu as dû comprendre l’idée générale du truc, enfin, grosso modo quoi, mais bon, je ne t’en demande pas plus, je sais tes journées surchargées (mon œil oui), car ton souci de ne pas lire ce blog pendant tes heures de bureau (alors là je me marre) non seulement t’honore mais t’oblige à veiller tard pour me lire, et je te félicite pour cette conscience professionnelle (qui dénote toutefois avec la réticence que tu as à passer le balai au moins une fois par mois dans ta cuisine malgré les chutes répétées de Mamie Tartine.))

— Charly !! On sort de l’autoroute, tu nous rejoins s’il te plaît !!
— Mais m’sieur on peut en faire un cerf-volant, suffit d’avoir une vieille chemise et…
— Charly, tu as les cartes ??
— … une corde à linge, mais sans les pinces bien sûr…
— OOOOOOOOOOOOOOOH !!! PARLEZ BIEN TOUS EN MÊME TEMPS SURTOUT !! QUE RIEN NE M’ÉCHAPPE !!!
— Charly, ça va pas bien de crier comme ça ?? Bon tu as les cartes ??
— Hé m’sieur, pour le cerf-volant vous y penserez ??

Inspiration… expiration… inspiration… expiration…

— Bon, alors voilà. Bourzig ?? Tu vois là, je suis calme. Tu vois ma main là ?? Elle est super calme. Je suis une bonne nature dans l’ensemble et je n’ai jamais été condamné par la justice. Mais si tu insistes Bourzig, ça peut changer. Parce que tu vois Bourzig, tes histoires de cerf-volant…
— Ou une vieille chemise m’sieur…
— Oui, ou une vieille chemise, tu fais bien de m’interrompre Bourzig, c’est vrai, ça m’apaise en fait, si si je t’assure. Donc tes histoires de cerf-volant, que j’aurais parfaitement respectées en d’autres circonstances, et dieu qu’il y en aurait des choses à dire sur les cerfs-volants, et bien là, pour être franc, et tu m’en voudras pas de l’être, tes histoires de cerf-volant et bien… JE M’EN TAM…
— CHARLYYYYYYYYYYYYYY !!!! Tu as les cartes ??

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (10/x)

velo_75Est-ce bien le moment Fanny de t’intéresser à la vie trépidante de ton enseignant préféré ?? Sais-tu que nous sommes sur le point de perdre corps et biens trois palettes entières de 6e4 ?? Et par ailleurs, ignores-tu que j’ai droit moi aussi au respect de ma vie privée ?? À mon jardin secret ?? Un jardin en friche je te l’accorde, mais quoi, un peu de terreau et hop ça repart non ?? Mais ne soyons point tatillon, je vais accéder à ta requête.
— Oui alors heu… marié marié… soyons prudents Fanny, les mots sont importants. Alors, du strict point de vue de la loi, nous ne l’étions pas, c’est vrai. Mais, car en amour il y a toujours un mai (chouette non ?? Le « mai » là, chouette hein ??), il est clair que vu de l’extérieur, nous en avions tous les atours : mauvaise humeur chronique, caddies remplis, dispute acharnée autour de la télécommande, repas chez les parents, etc. Enfin bref, y nous manquait que le papier. Et nous avons commis il est vrai, des actes extrêmement connotés que d’ordinaire la religion recommande de réserver à la stricte reproduction. Il est clair de ce point de vue, qu’au Moyen Âge, par exemple, ce à quoi Madame Deschamps s’est livrée en matière de coquinade lui aurait valu au mieux, de passer illico sur un beau bûcher flambant neuf, au pire, de m’épouser sur le champ afin d’éviter un déshonneur funeste à son alcoolique famille. Hélas, les temps modernes interdisent ces pratiques louables me laissant désoeuvré tel le poisson rouge regardant ses maîtres accueillir un nouveau chat. Ah les enfants !!! Que me suis-je battu pour grimper quatre à quatre les escaliers de l’amour !! Et dévaler au même rythme ceux de la mairie !! Au bras de ma belle !!
— On peut savoir ce que tu leur racontes ??
— Et bien ma chère Isabelle, je leur parlais de l’amour, de la vie…
— Pas la tienne j’espère…

Qu’est-ce qu’elle est drôle parfois Isabelle, c’est vrai, ces petites piques l’air de rien, qu’est-ce que c’est drôle !! (Tant qu’on s’énerve pas en tout cas.)

— Ben quoi ma vie, elle est pas passionnante ma vie ?? Et notre amour ?? N’était-il pas merveilleux ?? N’avait-il pas atteint des sommets ?? N’était-ce pas le Mont Lozère de l’amour ??
— Bah, j’aurais préféré l’Himalaya mais bon…
— Car je t’ai aimée Isabelle, et même je dois le dire, peut-être plus que mon premier vélo. Enfin, j’exagère bien sûr, c’est une image, mais quand même, quasiment autant.
— Ben écoute Charly j’en suis flattée… ton premier vélo tu veux dire, celui avec lequel tu prenais un max de gamelles ??
— Oui celui-là même…
— Ben j’ai des points communs avec lui alors…
— Heu non, lui il avait des roulettes…
— Ah ça j’ai pas c’est vrai…

Tout en sous-entendu l’Isabelle, quel talent !!

Et tandis que nous échangions quelques galanteries de bonne facture, le voyage s’écoulait paisiblement vers le péage le plus proche sous le double signe de la culture et de la mécanique (défaillante) réunies. Pour le meilleur et peut-être le pire.
Les veinards.

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (9/x)

ane2_75— Alors ?? Quelle sortie ??
— Ayant pris connaissance des impératifs de sécurité liés à notre chargement, et en fonction des éléments dont nous disposons à cette heure, je préconise de sortir au péage qui parait le plus en adéquation avec les données du problème.
— Ah ouais ?? Quelle sortie donc ?
— La plus proche.
— Et vite fait.

Ça c’est Isabelle qu’a rajouté. Oh, elle veut nous faire la panique ou quoi ??

— Charly, tu vas informer les gamins ?? J’pense pas qu’ils s’inquiètent mais on sait jamais.

Ok chef.

— Bon les enfants, on va sortir de l’autoroute pour tenter de réparer le bus. Ce qui sera il faut bien le dire, l’ultime recours avant de prendre la décision fatale que vous craignez tous : retrouver vos parents. Donc pour vous ça ne change rien, sinon que la pause pipi aura lieu dans la nature, et ça c’est super chouette. Par contre si vous pouviez M’ACCORDER UN PEU D’ATTENTION QUAND JE VOUS PARLE MERCI !!!!!! Et cesser de manger vos cochonneries, ENCORE MERCI !!! Non mais c’est pas vrai de se goinfrer comme ça… Quand on pense qu’il y a des millions d’enfants qui meurent de faim et pas vous, ben ça me désole. Enfin, j’me comprends…
— Mais on va voir Alphonse quand même ??
— Pas d’inquiétude les enfants, si on le voit pas, on lui téléphonera. Isabelle !! C’est bon !! J’fais quoi maintenant ??
— Charly, une question comme ça, on se disait avec les collègues, tu as lu les « Lettres de mon moulin » ??
— Les lettres de qui ?? Ben avant de les lire, faudrait déjà les avoir reçues…
— ??… Comment ça les avoir reçues ?? Ah… Mon dieu… Mes chères collègues, je vous informe que Charly n’a pas lu les « Lettres de mon moulin » car il ne les a pas reçues.
— Comment ça pas reçues Charly ??
— Ben c’est vrai, et je regarde mon courrier tous les jours.
— Ah mais c’est encore La Poste qui déconne, y s’moquent du monde quand même…
— Ça dépend remarque, il les a envoyées quand ces lettres ??
— Ben y’a un moment quand même…
— En même temps il aurait envoyé ses trucs par mail…
— Par mail Charly ?? Les « Mails de mon moulin » tu veux dire ??
— D’autant que si ça se trouve, je les ai balancées avec les prospectus.
— Mon pauvre Charly, je me sens envahie de compassion…
— Peut-être, mais dès rentré, je fonce à La Poste et j’peux te dire qu’ils vont voir de quelle nitro j’me glycérine !!
— Non Charly, à ta place je ne ferai pas ça.
— Ah ouais ?? Et pourquoi ??
— Ben si tu te pointes à La Poste en disant que t’as pas reçu les « Lettres de mon moulin », tu risques au mieux, d’être mal perçu, au pire, une hospitalisation d’office. Va plutôt voir Fanny, ils te réclament dans le fond.

Et ben si c’est comme ça qu’on traite les clients à La Poste, dorénavant je porterai mes lettres moi-même !!

— Mamzelle Fanny que puis-je pour vous ??
— M’sieur !! Hein c’est vrai que vous étiez marié avec Madame Deschamps ?? Amina elle veut pas me croire…

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (8/x)

pain2_75— Chauffeur, ne me regardez pas dans les yeux, regardez la route s’il vous plait…
— Mais c’est vous qui m’avez dit de vous regarder dans les…
— Ne soyez pas insolent s’il vous plait, je vous respecte moi, comme je respecte les petites gens de façon générale…
— Petites gens, petites gens, vous êtes professeur de techno en même temps…
— Ce qui veut dire ??
— Ben… c’est quand même pas la crème des enseignants…
— Ah ouais ?? Et chauffeur de bus ?? C’est la crème de quoi ?? Sans vouloir vous vexer, chauffeur-routier c’est quand même autre chose…
— Ah mais j’aurais pu, j’ai été mal orienté c’est tout. Mais moi mon rêve, c’était pépiniériste, c’est vous dire l’échec que je vis au quotidien, le drame de ma vie…
— Et pourquoi pas pépiniériste ??
— J’suis allergique à la chlorophylle.
— Ah oui c’est ballot. Et même aux chewing-gum ??
— Oui. Une enfance brisée. Mais je peux vous le dire aujourd’hui, les gaz d’échappement m’ont sauvé.
— Ben j’en suis ravi pour vous.

Bon en même temps, l’allergie à la chlorophylle, c’est pas top, y’en a quand même un peu partout. Mais y’a pire, le degré au-dessus, l’allergie à l’oxygène, là t’es vraiment mal.

— Donc les balades en forêt, tintin ??
— Ben oui, ou à petite dose quoi. Et si c’est pas être trop loin d’un carrefour, comme ça si j’ai un malaise, ça me fait comme un refuge, ça m’aère, pis ça me requinque, ça me tonifie même.
— Ben ça alors. Donc un bouchon dans un tunnel routier, c’est une cure de jouvence pour vous ??
— Oui, ça c’est le top, mais ça devient de plus en plus rare avec leurs trucs de sécurité routière.
— Ah les cons. Et toi Isabelle, t’as des allergies ??
— Non. Enfin si, une surtout, au Charly.
— Ah bon, c’est une plante ??
— Pas vraiment. Dites messieurs, je pensais, les gens de chez Renault, ils ont pas une hotline ??
— Un pollen alors ??
— Ah mais ça madame les hotline c’est pour les ordinateurs, pour nous les gars de la route ça s’appelle des garagistes.
— Un acarien peut-être ??
— Tu brûles. Non mais chauffeur je sais bien ce qu’est un garagiste mais y’a pas moyen d’être renseigné par téléphone ?
— Si, pour avoir l’adresse d’un garage mais c’est tout. Mais déjà, faut qu’on sorte de l’autoroute.
— Alors c’est pas une plante, pas un pollen, pas un acarien, alors là j’avoue, je sèche…
— On sort à quelle sortie ??

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (7/x)

sac_pain_75— Bon Charly tu calmes les élèves… J’appelle le collège…

Ah mais moi je veux bien calmer les élèves, mais y sont pas affolés les 6e4, d’ici que ça les fasse marrer, y’a pas loin même.
— BON !! ON SE CAAAAAALME !!!!!

Voilà qui est fait.

D’ailleurs c’est le genre de truc qui a tendance à énerver les injonctions à se calmer. C’est vrai, t’es peinard en train de suçoter un Car en Sac, et d’un coup t’entends brailler au fond : « ET SURTOUT PAS D’AFFOLEMEEEEEEENT !!!! ». Ben du coup tu t’affoles un peu quoi. Ben oui, déjà tu te réveilles en sursaut, et c’est jamais bon ça, et t’apprends par la délicatesse d’une corne de brume qu’y se passe un truc suffisamment grave pour justifier un affolement, mais qu’on te déconseille vivement de le mettre à profit pour t’affoler, pasque ça vaut pas le coup peut-être, ou que ça aggraverait. Alors tu vis dans l’expectative alors que jusque-là, tu vivais où tu voulais.

— Hé m’sieur y s’passe quelque chose ??

Non ?? Sans blague ??

— Une pécadille les enfants. Un moteur sur le point d’exploser, Alphonse qui s’impatiente, le froid qui nous attend, pas de secours possible… Mais dieu merci, nos vies furent bien remplies, donc c’est sans regret que nous allons quitter cette terre de misère… Alors chantons ensemble un petit Te Deum
— Charlyyyyyyyyyyyy !! Le chauffeur veut te parler…

En pleine prière, y’en a qui manque pas de toupet.

— C’est vous le prof de technologie ??
— Tel qu’en lui-même. Je vous salue brave homme.
— Vous y connaissez en mécanique ??
— Mécanique ?? Quelle mécanique ?? Celle des fluides ? La quantique ?? La céleste ?? L’orange ??
— L’orange ??
— Ben oui, Orange Mécanique…
— Ah non, toutes les autres me disaient quelque chose, mais pas celle-là.

« Toutes les autres me disaient quelque chose », quel vantard çui-là.

— Quel est le problème ??
— Non c’est juste le moteur qui semble pas tourner rond.
— Ça tourne pas rond ?? C’est ma spécialité.

Enfin, façon de parler quoi.

— Reprenons au début. Chauffeur, regardez-moi dans les yeux, est-ce qu’on a toujours un moteur ?? Répondez franchement.
— Ben justement j’en sais rien.
— Comment ça vous en savez rien ?? C’est des réponses ça ?? Passez-moi votre carnet de liais… heu oui non heu… Dites, on a une cargaison de 6e4 à livrer nous !! Faudrait voir à pas pousser mémé dans les pétunias !!
— Mais je plaisantais Monsieur…

Non mais si les chauffeurs se mettent à plaisanter maintenant, où on va là ??

(Chez Alphonse)

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (6/x)

pain_75— Hé m’sieur on arrive bientôt ??

Ah !! La lancinante question !! Mille fois posée par les marmailles de France mais qui fait tout le charme des voyages en famille. Mais qui est aussi la tienne cher lecteur. Hé oui, que tu penses, depuis le temps qu’il nous balade le Charly, on apprécierait d’y arriver au moulin car on n’a pas que ça à foutre, en même temps. Et tu as tant de choses à vivre.
Oui toi cher lecteur, qui te prélasses devant ma prose alors que le bac à linge déborde par la fenêtre de la cuisine, toi dont la vie est amère et la mère en vie, ne feins pas l’indifférence, car si c’est le cadet de tes soucis, sache que c’est le souci de ton cadet. Et je te sens malgré tout fébrile à l’approche du moulin. Peut-être ressens-tu au fond de ton petit cœur de radin immonde, que tout peut basculer très vite. Et tu n’as pas tort.

Car à 11h23 ce jour-là, précisément, il arriva ceci :
— Hé m’sieur, il fait pas un drôle de bruit le bus ??

Un bus ça fait du bruit, des bruits, beaucoup des bruits. Rarement drôles toutefois. Alors quand un mioche trouve un bruit de bus « drôle », il convient de le reprendre comme suit :
— Drôle ?? Ne voulais-tu pas plutôt dire surprenant ?? Inattendu ?? Peu conforme à ce que l’on est en droit d’attendre d’un bus ??
— Oui mais c’est pas un bruit normal quoi…
— Qui es-tu petit Être pour décider ainsi de la normalité ??

Oui enfin bref, le bus faisait un drôle de bruit.

(Ce petit coté tatillon que j’ai parfois m’exaspère au plus haut point. Quoique « m’irrite au plus haut point » serait plus juste, bien qu’un chouïa en dessous quand même, donc « exaspère » c’est pas mal en fait.)

Et de mémoire de 6e4, jamais bruit aussi drôle ne nous fit si peu rire.

— Dites chauffeur, y’a pas un drôle de bruit là ??
— Oui je sais, j’ai averti la base qu’on avait un problème moteur…

Ah bon, y téléphone au volant lui ?

— J’pense qu’on va devoir quitter l’autoroute…
— Un problème moteur de quelle nature ??
— Ben j’suis chauffeur pas mécano…

Et gracieux en plus.

— Et vous avez un bus de secours ??

Un bus de secours.

Elle est top mon Isabelle des fois.

Mais je la comprends en même temps. Ben oui, il existe bien des roues de secours, alors pourquoi pas des bus ?? C’est logique en fait. Dans le coffre peut-être le bus de secours, ou peut-être qu’y nous suit à 200 mètres au cas où.
— Ah ben non M’dame, y’a pas de bus de secours…

Qu’est-ce que je vous disais.

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (5/x)

ane_75— Le moulin à vent.

Grand un petit a, le but d’un moulin : produire de la farine.
Grand un petit b, le fonctionnement du moulin.
Il s’agit d’utiliser une force naturelle, le vent, pour produire un effet mécanique ; Cette énergie naturelle fait tourner les ailes du moulin, et non les pales Monsieur Le Prof, qui elles-mêmes font tourner un arbre, qui va transmettre par un système d’engrenage cette énergie à une meule. Celle-ci par un mouvement de va et vient, et du fait de sa masse, et non de son poids Monsieur Le Prof, va moudre les grains de blé produisant ainsi de la farine.
Grand un petit c, le moulin à travers les âges…

— Ben dis-donc… pas mal !! J’ai tout compris !! Hé, pourquoi t’as pas fait techno ??
— Ben t’aurais fait quoi toi du coup ?

T’as vu lecteur ?

C’est pas du bon gros amour ça ?? Franchement ça finit par me gêner tout cet amour c’est vrai, un peu de discrétion serait bienvenu, elle veut nous faire de la pub ou quoi ??

— Oui Amina ??
— Non mais elle explique bien madame Deschamps, moi j’ai mieux compris qu’avec vous…

Toi ma cocotte, tu perds rien pour attendre.
J’ai tes coordonnées complètes, l’adresse de tes parents, ton CV détaillé depuis ta première tétine, je m’en vais te pourrir la vie moi, tu vas en perdre tes socquettes ma jolie, tu vas la bouffer par les trous de nez ta purée !! Laisse-moi te le dire !!
(Bon je le dirai pas, pasque c’est pas bien de dire tout bas ce qu’on pense tout haut, mais j’en pense pas moins !! (Pas plus non plus d’ailleurs.))

Quand je pense à tout ce que j’ai fait pour ces gosses, c’est vrai quoi. Quand je pense au mal que je me donne pour leur enseigner une technologie ludique et pratique. Ainsi, la plupart d’entre eux sait parfaitement neutraliser n’importe quel type d’alarme, anti-intrusion de préférence, avec les moyens du bord. Quel prof de techno peut se prévaloir d’un tel enseignement ?? Mais encore, chacun de mes élèves se voit doté d’une sorte de petite boîte à outils technologique qui lui permet entre autres, de télécharger à volonté les films récents sur le WiFi du voisin sans éveiller le moindre soupçon. Faut-il encore des preuves ?? L’informatique par exemple, c’est le cœur de mon enseignement. Savez-vous que je veille à ce que chacun de mes élèves sache craquer les mots de passe des parents afin d’accéder aux comptes bancaires dans le seul but de s’assurer que ceux-ci sont approvisionnés et ne pas s’inquiéter exagérément ?? (Mais aussi pour ouvrir franchement le débat sur les cadeaux de Noël qu’étaient pas terribles alors qu’y a plein de blé sur les comptes !!) Et la plupart, les plus motivés — ils sont ma fierté — savent démarrer une voiture ou mieux, un Airbus A380, rien qu’en bidouillant un peu l’électronique. Combien de pères et de mères ont apprécié ces menus services rendus ?? Qu’ai-je eu en remerciement ??

(Peut-être une garde à vue bientôt)

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (4/x)

tartarin_75— Bon les enfants vous écoutez s’il vous plait !!

Ça c’est Isabelle qui cause aux moufiots.

— On va arrêter les bonbons un moment, Monsieur Le Prof va vous parler du moulin, d’accord ??
— OUAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS !!!!!!!!!!!!

Quelle bande de faux-culs.

— Voilà, à toi Charly…
— Attend je révise un peu… voilà… attend… encore un peu… ayé !!
— Très bien, on croise les doigts quand même…
— Ouais donc en fait heu… alors voilà, le moulin il a des pales, comme un hélicoptère quoi, mais qui serait couché, enfin droit plutôt, pis elles tournent beaucoup et en rond surtout, et dans le sens des aiguilles d’une montre, enfin, si tu regardes par devant, pasque par-derrière, ça tourne à l’inverse, et ça tourne pourquoi ? Because le vent !! Et ici y’en a du vent vingt dieux !! Qui faut toujours qu’on se recoiffe dis-donc !! Le mistral qu’on l’appelle, qui vient du nord à cause de l’air du sud qu’est chaud, et du coup y’a tout qui tourne et les graines sont toutes écrasées par le poids d’un gros gadin et tellement écrasées petit petit, mais alors tout petit, qu’on dirait de la farine. Et avec la farine on fait des béchamels et de la pâte brisée pour les tartes aux pommes. Voilà, des questions ??

Ben pas de questions.

Ben ça, c’est la preuve qu’on a fait mouche, on le sait bien nous les profs, quand t’as pas de questions c’est que t’as bon.

Ou qu’ils s’en foutent.

Mais les 6e4 s’en foutent jamais, s’en moquent éventuellement, s’en amusent, s’en tamponnent le coquillard, s’en catapultent le béret, s’en déboîtent les ménisques, s’en décrochent les mandibules, s’en cousent le nombril, s’en tartinent les adducteurs, mais ne s’en foutent jamais. Et c’est ce que j’aime le plus chez eux.
(Avec l’argenterie bien sûr.)

— Ça y est Isabelle c’est fait, le p’tit cours sur les trucs qui tournent, les gosses sont des pros du moulin maintenant !!
— Oui j’ai entendu ça. Y’a quoi dans ton thermos ??
— Un truc qui faut garder frais.
— Ouais… je ne sais quoi te dire, ou plutôt comment te le dire, en respectant la loi…
— Quoi, tu trouves à redire ?? Ah mais là tu m’étonnes, c’est ma spécialité pourtant, l’improvisation…
— Ben heureusement que t’es pas jazzman, tu finirais par prendre des coups de grosse caisse…

Te bile pas lecteur, c’est un code entre nous, en fait c’est juste un clin d’œil amoureux, mais bien appuyé quoi.

— Bon, les enfants, monsieur Le Prof faisait de l’humour, je vais reprendre là où il s’est arrêté, c’est-à-dire au début.

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (3/x)

chevre_75Ce que j’aime bien avec les 6e4 c’est qu’y sont vachement au courant des derniers bonbons à la mode. C’est vrai, moi j’en suis toujours aux Chamallow, ou les trucs à la menthe que tu suçotes tranquille en pensant à rien. Ou même des fois des caramels qui collent bien aux dents, et que d’ailleurs si tu sers bien fort, ben tu peux plus ouvrir la bouche, trop drôle le truc.
Ben en fait, c’est juste ringard.
Mais ils ont aucun mérite les gamins, c’est pasqu’ils regardent les pubs et que dans les commerces, les bonbons sont juste à leur hauteur, alors que nous à notre hauteur, y nous mettent juste les nouilles, alors c’est sûr, on peut pas lutter.

— Oh !! Vous allez pas commencer avec tous ces bonbons !! Sinon c’est bien simple, je vous les confikse !! (c’est pas de bol, mais quand je m’énerve, j’inverse systématiquement les qu et les s, j’vous dis pas le choc que c’est à chaque fois, la perte de la plus élémentaire des dignités, l’autorité qui part à vau l’eau, comme si d’un coup on te virait tous tes galons dans la cour de la caserne devant tout le monde et même le général aussi, et t’es plus qu’une loque quoi. Mais y s’moquent pas les mioches, pasqu’ils ont bon fond, et qu’y sentent bien qu’au fond, ça pourrait être assez grave pour eux.

— C’est vrai quoi !! Je vous rappelle que c’est une sortie culturelle pas alimentaire, c’est le conseil général… pourquoi tu pouffes toi ?? Oui, le conseil général qui paye non ?? C’est pas Haribo ?? Ni Dragibus ?? Bon alors…

Dragibus j’adore. Après l’amour surtout. Hop, un dragibus, ben ça remplace avantageusement la cigarette, c’est vrai, et même des fois, Isabelle elle disait que c’était le meilleur moment, mais elle me charrie tout le temps. Bon, faut juste retourner se laver les dents, mais c’est tout.

— Hé m’sieur !! Les bonbons, vous nous les confiksez ?!?!

????

!!!!

?!?!

Y s’moque là ??

Ben non c’est pas possible, y zont bon fond.

— J’espère que tu t’moques pas de moi Bourzig, pasque tu prends un gros rikse !!!

Hé merde.

— Bon ok, lâchez-vous un bon coup, c’est vrai que c’est drôle, et puis bon, rire un peu ne fait pas de mal… voilà… allez-y… voilà… Ooooooh !! Un peu j’ai dit !!

— Alors tu t’en sors bien avec les gamins à c’que j’vois…
— Oui oh tu sais Isabelle, c’est de la pédagogie de base, un peu d’humour pour égayer le voyage tout en assurant la sécurité de chacun…
— Notre assurance tout rikse en fait…
— Voilà… oh non Isabelle, pas toi…

À suivre…

Les 6e4 visitent Alphonse (2/x)

moulin_75Ce coup-ci, c’est le moulin d’Alphonse Daudet, si t’as lu l’introduction cher lecteur. Il est bien gentil Alphonse mais son moulin, je l’ai visité une centaine de fois depuis l’âge de cinq ans, alors je sais surtout que le moulin il y dormait pas trop, vu que sa copine habitait dans le château d’à coté, et que visiblement madame avait froid aux pieds le soir, et que le père Alphonse faisait office de bouillotte pour sa seigneurie.
Sacré Alphonse. Quand je pense qu’on est des milliers à visiter sa cambuse, alors que monsieur ne faisait qu’y reprendre des forces après des nuits de baltringue.

Bien sûr les 6e4 sont de la partie, et je dois dire que lorsqu’ils ont su que j’en étais aussi, ils étaient tout contents.

Moi moyen.

— Hé m’sieur j’pourrais m’asseoir à coté de vous ????

Compte là-dessus gamin.

— Au fait, j’ai oublié de t’en parler mais si tu pouvais leur expliquer ce qu’est un moulin, comment ça fonctionne…
— Ben qu’est-ce que j’en sais moi, comment ça fonctionne un moulin…
— Ben c’est pas toi le technologue ???
— Si, mais pas spécialisé dans le moyen âge si tu veux savoir…
— Tu parles d’un truc du moyen âge !! Ça fonctionnait encore y’a cent ans !!

C’est dingue cet amour qui diffuse entre moi et Isabelle. C’est vrai, à chaque fois ça m’émeut. Alors évidemment, à première vue ça ne saute pas aux yeux, mais pour un psychanalyste expérimenté qui a fait de la psychiatrie lourde en soins intensifs, c’est une évidence. Ça fait chaud au cœur en tout cas.

— Bon, t’as compté tes 6e4 ??
— Faut les compter ??
— Ben oui, ça se compte des 6e4, deux fois au moins, au départ et à l’arrivée. L’objectif étant qu’on en ait le même nombre à l’arrivée qu’au départ, mais je te rassure, ça reste un objectif, y’a forcément des aléas.
— …

Elle a un drôle d’humour des fois Isabelle.

Bon, pour compter les 6e4, y’a deux techniques en fait.
Soit tu comptes le nombre de papiers de bonbon par terre et tu divises par 3, à deux ou trois près t’as bon, soit tu mesures le niveau du son, avec un sonomètre, si t’as 130 dB, c’est qu’ils sont tous là.

— Isabelle, j’me mets où dans le bus ??
— Tu vois ça ?? C’est mon siège. Hé bien à partir de là, tu comptes dix pas vers le fond du bus et c’est ta place.

Ben oui, l’amour parfois fait des détours, ben pour moi, c’est tout droit au fond.

À suivre…